Olympique-et-Lyonnais
·23. März 2025
Suspension de Paulo Fonseca : un épisode qui pourrait avoir renforcé l'OL

Olympique-et-Lyonnais
·23. März 2025
Et si l'épisode Paulo Fonseca du 2 mars dernier contre Brest (2-1) était finalement un tournant positif dans la saison de l'OL ? Écrite comme cela, la phrase pourrait ressembler à de la provocation, mais il est permis de pousser la réflexion. Bien sûr, à choisir, le club préférerait pouvoir compter sur le technicien de 52 ans. C'est d'ailleurs pour cela qu'il veut au moins lui donner l'opportunité de venir dans le vestiaire avant les rencontres.
Car rappelons qu'aujourd'hui, il est suspendu jusqu'au 30 novembre. Surtout, il ne peut pas être au plus près de ses protégés en avant-match jusqu'au 15 septembre prochain. Face à cette punition, que beaucoup au sein de l'institution juge trop sévère, semble s'être créé un élan de solidarité et un état d'esprit flambant neuf. Le résultat du fameux "nous contre les autres" ? Possible.
Déjà aperçu lors de l'exercice 2023-2024, lorsqu'il a fallu se sauver d'une potentielle relégation, ce sentiment s'inscrit dans un contexte particulier. Il est nourri ici par la suspension du Portugais, les multiples réserves déposées contre Paulo Fonseca et les diverses sanctions touchant l'Olympique lyonnais (DNCG, supporters...). "Le sport de haut niveau est un milieu dans lequel tout est vécu de manière exacerbée et de plus en plus exagérée. D’où l’importance d’un travail mental pour tous. Comme un des instincts de l’Homme est de tout ramener à lui, la pression du résultat peut rapidement produire une fausse impression d’être une victime si plusieurs évènements contraires s’additionnent", explique le préparateur mental rhodanien Patrick Grosperrin.
Son confrère, Adrien Cabon, estime que l'Olympique lyonnais peut jouer de cela pour assouvir ses ambitions sur les derniers mois de compétition. "Ça peut devenir pertinent d'utiliser ces événements paraissant négatifs pour les transformer en force pour le groupe, confirme le coach mental de plusieurs joueurs professionnels et semi-professionnels. C’est peut-être ce qu’il s’est passé. En tout cas, on a vu qu’il y avait beaucoup de soutien derrière Paulo Fonseca. Il y a potentiellement eu un effet positif qui a stimulé le vestiaire afin qu’il soit solidaire dans l’épreuve pour continuer d’avancer en direction des objectifs."
Dans la difficulté, particulièrement en Ligue 1 face à Nice (0-2) puis au Havre (4-2), les Rhodaniens ont trouvé les ressources en fin de partie pour l'emporter. Un supplément d'âme qui n'est pas innocent alors que l'entraîneur observe tout cela depuis la tribune de presse. "Aujourd’hui, on aime taper sur l’OL, lui mettre des bâtons dans les roues. Et ça commence à se voir, sans être complotiste [...] Je pense qu’en réponse à ça, les joueurs sont soudés. Il fallait un objectif commun à ce vestiaire pour devenir une équipe, et c’est un effet déclencheur, notait Nicolas Puydebois dans Tant qu'il y aura des Gones. Ça fait du bien, on les sent unis."
C'est d'ailleurs ce que beaucoup de membres de l'effectif, à commencer par Moussa Niakhaté, ont confirmé ces dernières semaines. "On suit les informations comme tout le monde, mais en tout cas, on est tous avec le coach. On est tous Lyonnais, on gagne ensemble, on perd ensemble, déclarait le défenseur sénégalais. Quand il y a des évènements comme celui-là, on fait tous corps." Il était suivi par son compère de la charnière, Clinton Mata. "On a été touchés par rapport à la sanction de l'entraîneur qui est très lourde. On reste tous des humains. Tout ça nous a renforcé en tant qu’équipe", affirmait l'Angolais.
Rayan Cherki, Malick Fofana... Les membres de l'effectif ont tous eu ce discours de solidarité, encore plus depuis l'annonce de la punition. Mais pour que cela fonctionne, il faut "bien gérer la situation, rappelle Adrien Cabon. A partir du moment où s'est bien fait, que Paulo Fonseca réussit à bien communiquer avec ces joueurs à ce sujet et à utiliser des événements extérieurs pour renforcer la cohésion de groupe, là c’est intéressant."
Dans le cas contraire, attention, car cela peut engendrer des réactions négatives et exacerber les tensions. "Jouer sur le sentiment d’injustice avec son groupe est dangereux. Sur le terrain, une tension malsaine est présente et chaque décision litigieuse peut provoquer des réactions épidermiques", ajoute Patrick Grosperrin.
C'est là que les meneurs ont une mission importante, à savoir transmettre de la sérénité. "Selon moi, il y a un point très important qui a aidé le groupe sur le plan émotionnel, c’est le rôle de Corentin Tolisso depuis que l'entraîneur est arrivé. Il compte beaucoup sur lui, le met en avant. C’est d’ailleurs lui qui vient calmement séparer Fonseca et l’arbitre. C’est représentatif des leaders du vestiaire aujourd’hui, souligne Adrien Cabon. Je pense qu’ils ont acquis une stabilité émotionnelle importante grâce à leur expérience, et ils arrivent à le communiquer aux autres."
Unité, entraide, collectif... des termes qui résonnent positivement lorsqu'on parle de football. "Il y a clairement eu cet élan de solidarité, observe le préparateur mental installé dans la région lyonnaise. Le groupe est aligné sur ce que demande le coach depuis le départ. Et il a transformé ça en force. [...] Je trouve que les joueurs ont bien répondu à ça. Ils ont réussi individuellement à faire la part des choses en se focalisant uniquement sur ce qu’ils pouvaient contrôler, et ce, malgré les circonstances."
Pour l'OL, l'important va être de parvenir à conserver cet état d'esprit le plus longtemps possible. Bien évidemment, les aspects tactique et physique aussi vont compter sur la fin de saison. Mais dans la quête de qualification en Ligue des champions, et alors qu'un défi face à Manchester United approche, le club a besoin de tous les outils possibles pour réaliser ses ambitions.