L'usage d'engins pyrotechniques est en forte progression en France | OneFootball

Une commission qui inflige des sanctions incomprises par de plus en plus d'acteurs du monde du football, avec un barème très opaque sur les amendes et des fermetures de tribunes qui s'apparentent à un rapport de force entre cette commission et les groupes les plus véhéments à son encontre.

Il y a quelques jours, le Stade Brestois 29 a pris la parole sur le sujet via un communiqué officiel : "À l’heure où la santé financière du football hexagonal est plus que jamais incertaine, le Stade Brestois 29 s’interroge sur le montant des amendes suite à l’utilisation d’engins pyrotechniques à l’intérieur d’une enceinte sportive, mais aussi sur l’opacité de la redistribution de celles-ci. Bien entendu, il n’est nullement question ici de remettre en cause le règlement ainsi qu’une quelconque sanction, mais d’obtenir une clarification. Lors de la saison 2023-24, le Stade Brestois 29 a été sanctionné à hauteur de 100 000 € suite à l’utilisation de fumigènes. Une sanction que le club accepte, mais une question -légitime- peut se poser : ne serait-il pas utile de repenser la manière de sanctionner ?

Pour que le football français puisse continuer à se développer, pourquoi ne pas proposer aux clubs sanctionnés d’utiliser cet argent pour lui permettre de se développer ?

Puisque le nombre d’infractions ne diminue pas en dépit de tous les moyens humains et techniques mis en place par les clubs et que les sanctions augmentent au gré des artifices, ne serait-il pas plus utile de consacrer le montant de ces amendes au développement de ses institutions ? Comme évoqué lors du séminaire du 19-20 mars 2024 réunissant les différents référents supporters des clubs et lors duquel la création d’une ligne budgétaire pour aspect sécuritaire dès la saison prochaine été évoquée. La création d’une enveloppe distribuée par la Ligue de Football Professionnel pourrait également profiter aux clubs Ligue 1 et Ligue 2.

Cela permettrait d’inciter les clubs à développer et pérenniser leur structure plutôt que de subir des sanctions pénalisantes sur le plan financier, mais aussi sportif lors des fermetures des tribunes. Cette question a le mérite d’être posée.

Plutôt que de sanctionner le club et de se priver de ses supporters, indispensables pour la réussite sportive de l’équipe et acteurs majeurs du spectacle, pourquoi ne pas ouvrir le débat sur une redistribution en bonne intelligence des sommes à payer pour, ensemble, faire avancer le football français.

Le Stade Brestois 29 se tient à l’écoute des instances du football français et reste entièrement disponible à toute forme de débat quant aux sujets évoqués."

Du côté de Saint-Étienne, comme depuis de très nombreuses années sur toutes les questions touchant les supporters, c'est un silence assourdissant. Sur la question épineuse des fumigènes, la DNLH (Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme) rapporte que 7 528 engins pyrotechniques ont été utilisés (5 501 en Ligue 1 et 2 027 en Ligue 2) au cours de la saison 2023-2024. L'organisme note que "l’usage des engins pyrotechniques a progressé de 12,45 % au cours de la saison écoulée."

La répression orchestrée par la commission de discipline de la LFP ne produit donc aucun effet. Du côté des autorités, l'identification et l'interpellation des personnes demeurent complexe : "Rapporté au nombre d’engins utilisés, le volume d’interpellations pour ces faits reste faible avec seulement 2,5% de faits élucidés."

L'expérimentation encadrée de l'usage d'engins pyrotechniques ne "produit pas les effets escomptés". Seulement 12 expérimentations ont été réalisées sur la saison dernière. Il faut dire que cette expérimentation est dénoncée par les groupes de supporters qui estiment que cette dernière n'a "pas beaucoup de sens" et qu'il n'y a aucun objectif affiché à court ou moyen terme. Par ailleurs, cette expérimentation dure depuis le 29 mars 2023. La grande majorité des clubs et des groupes ont eu l'occasion de tester le dispositif et souhaitent maintenant effectuer un bilan pour proposer des évolutions législatives et réglementaires. Pour l'heure, l'usage des fumigènes demeure interdit par la loi et la commission de discipline de la LFP se fait un malin plaisir de sanctionner durement les clubs, certains plus que d'autres. De quoi soulever toujours plus le débat sur ce symbole festif des tribunes, utilisé hypocritement dans de nombreux clips pour promouvoir le football français et ses stades.