But Football Club
·13 juin 2021
But Football Club
·13 juin 2021
Natif de Firminy (Loire), Anthony Losilla (35 ans), formé à l'ASSE, vient d'accéder à la Bundesliga avec son club de Bochum, dont il est le capitaine. Le milieu de terrain revient sur son parcours, ses vertes années, et il évoque son avenir. Entretien.
But!: Anthony, cette montée en Bundesliga est-elle le meilleur moment de votre carrière ?
Anthony LOSILLA : Carrément ! Jusqu'ici, je n'ai côtoyé que la L2 allemande. J'ai toujours eu l'objectif de passer ce cap de jouer en Bundesliga et ça arrive à 35 ans, alors que je suis plutôt sur la fin. En plus, c'est avec Bochum, le club où je joue depuis 7 ans. C'est un super moment, une grande fierté.
Vous avez pu partager cette joie avec les supporters ?
Malheureusement non. On a eu un avant goût lors de l'avant dernier match. On se déplaçait et 6 000 supporters sont venus accompagner notre départ en bus. Mais pour le dernier match, celui du titre, la ville a tout quadrillé pour éviter les festivités. C'est un peu dommage mais on a pu fêter ça entre nous, sur le terrain. On espère vite retrouver les supporters au stade la saison prochaine, pour savourer encore plus ce retour en Bundesliga avec eux. Ça faisait 11 ans que Bochum attendait ça.
Vous n'étiez pas favoris...
Pas du tout. On devait avoir le 8 ou 9e budget. Mais on a fait une belle saison. Au début, c'était un peu en dent de scie. Mais sur la fin on a vraiment été réguliers, on a pris les commandes en mars et on n'a plus lâché. Finir champion, c'est la cerise sur le gâteau. Il y avait de grosses équipes : Hambourg, Hanovre, Dusseldorf, Nuremberg. On ne nous attendait pas. Lors de ma deuxième année ici, on n'était pas passés très loin mais on avait flanché sur la fin. Il y avait Fribourg et Leipzig qui s'étaient détachés, on n'avait pas pu suivre le rythme. Et là, ça arrive après une saison 2019-20 assez difficile. Mais c'est mérité. On a vraiment un très bon groupe.
Un groupe dont vous êtes le capitaine...
Oui. Cela fait quelques années que j'ai le brassard. Josuha Guilavogui le porte aussi à Wolfsbourg. C'est rare de voir des Français capitaines en Allemagne mais on est deux, et deux Stéphanois en plus. C'est une fierté. C'est gratifiant. J'ai vite eu la confiance du club à mon arrivée de Dresde. J'ai été assez vite vice-capitaine avec Verbeek notre ancien coach hollandais. Quand Robin Dutt est arrivé il m'a confié le brassard et je l'ai toujours avec Thomas Reis. C'est une chance pour moi d'être dans un club qui me fait entièrement confiance. Chaque année je prolonge d'une saison. Là, j'ai prolongé pendant l'hiver. Et on parle même d'une reconversion.
Vous avez marqué 4 buts et délivré 2 passes décisives cette saison. Vous êtes offensif pour un n°6 !
C'est vrai. On est deux anciens au milieu et tous les deux on aime se projeter, jouer au ballon. On prend un peu de liberté à tour de rôle et cela a permit de débloquer des situations. J'avais mis 5 buts la saison d'avant. Comme quoi il n'est jamais trop tard pour progresser !
Vous allez découvrir la Bundesliga. Y a-t-il des matches que vous avez vraiment hâte de jouer ?
Je suis allé plusieurs fois à Dortmund, c'est notre voisin. J'y étais allé contre le PSG en Ligue des champions. C'est une ambiance magique. En plus, ce sera un derby. Francfort aussi c'est magique. Le Bayern, j'ai déjà joué à l'Allianz Arena contre leur équipe 2, mais là ce sera le grand Bayern. Ça va être top ! En France, honnêtement, à part Saint-Etienne, Marseille et Lens, c'est rare de sentir beaucoup de ferveur. Ici, il y a de super stades partout.
Quelle est l'ambiance dans votre stade, à Bochum ?
J'étais à Dresde et là-bas c'était chaud. J'avais eu la chair de poules mon premier match. Ici, il y a un bel engouement aussi. Le stade fait 27, 28 000 places. Il n'est pas très grand mais il y a une belle ambiance. A Bochum, on est entre Dortmund et Schalke, deux grands rivaux. C'est la Ruhr, un bassin minier, comme la Loire. Les valeurs sont les mêmes qu'à Saint-Etienne. Je m'y reconnais.
Ce que vous vivez, est-ce une revanche par rapport à votre parcours à l'ASSE ?
Une revanche oui et non. J'ai toujours ce regret de ne pas avoir pu jouer en équipe première à Sainté. Elie Baup m'avait fait signer un contrat pro d'un an mais il est parti et j'ai été prêté. C'est comme ça. Chacun sa trajectoire. Moi, j'ai fait mon parcours petit à petit, échelon par échelon. Je suis assez content de ma carrière. Et je suis vraiment ravi de jouer en Allemagne. Je me régale ici. C'est un foot offensif, attrayant. C'est le foot que j'aime. Je n'ai aucune rancoeur envers l'ASSE. Je suis Stéphanois, c'est mon club de cœur. Bien sûr que j'aurais aimé porter le maillot vert chez les pros. Mais ça ne s'est pas fait et ça ne m'empêche pas d'être très heureux aujourd'hui.
Avant Bochum, il y avait eu Cannes, le Paris FC, Laval et Dresde. Quelles expériences avez-vous le plus appréciées ?
Toutes ! Cannes, ça m'a mis le pied à l'étrier. C'était le National mais c'était formateur, il y avait des joueurs costauds en face, des briscards qui avaient connu la L2. Ça m'a forgé. Laval, j'ai adoré. C'est un très bon club, familial, sympa. J'ai vécu deux très belles saisons, en L2. Ça m'a ouvert des portes. On m'attendait en L1. Nice, Valenciennes et Caen s'étaient intéressés à moi mais j'ai préféré rejoindre Dresde. Pourtant, j'avais refusé plusieurs fois d'y aller. Mais le club avait beaucoup insisté et il s'était déplacé jusqu'à Nice pour me convaincre de signer. Aller à Dresde a été le meilleur choix de ma carrière. Et le club de ma carrière, c'est Bochum.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de l'ASSE ?
J'en ai plein ! Je suis arrivé à l'ASSE à 8 ans. Même si je n'habitais pas loin et que je rentrais le week-end, c'était dur au début d'être au centre. Je me sentais un peu seul. Mais après, j'ai passé de super moments.
Vous étiez avec qui en chambre ?
Avec Jessy Moulin. On est restés quatre ans tous les deux. C'était mon DJ !
Vous êtes toujours en contacts ?
Bien sûr. J'adore Jessy. C'est quelqu'un de génial. On a longtemps joué ensemble, jusqu'en réserve. Chez les jeunes, on avait une belle génération avec mon meilleur ami Anthony Badel, Barthe, Dabo. On était juste derrière la génération Perrin, Gomis, Medjani, Houri.
Quels joueurs vous ont marqué à l'ASSE chez les pros ?
J'aimais beaucoup Vincent Hognon. Il y avait de très bons joueurs. S'entraîner avec un joueur comme Feindouno, ça reste marquant. Et en réserve, on avait une très belle équipe, avec des gars comme Piatti et Guarin qui étaient souvent avec nous au milieu.
Vous comptez revenir dans la région stéphanoise après avoir raccroché les crampons ?
Je reviens régulièrement. Là, je vais venir passer quelques jours en famille. Mais quand je suis en France, c'est plus dans le Sud, avec ma femme et nos deux enfants. J'ai ma fille de 13 ans qui vit dans le Sud aussi donc on va voir. Mais pour l'instant c'est Bochum. Avec le club on regarde toutes les options pour ma reconversion. Ils ont envie que je reste ici, mais d'abord comme joueur. Ça tombe bien parce que moi aussi j'ai envie d'en profiter encore, surtout avec ce qui nous attend après les vacances.
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