Furia Liga
·22 décembre 2019
Furia Liga
·22 décembre 2019
De retour au premier plan sous les ordres de Gaizka Garitano, l’Athletic Clubfait encore honneur à son identité séculaire et prouve qu’elle n’est pas antinomique avec un retour au premier plan sportivement. La blessure d’Iker Munian, a pourtant fissuré ce vernis séduisant et aurait pu étaler à la Liga les manques flagrant de l’équipe en terme de proposition offensive. Cependant les Leones en ont sous la semelle et affrontent le Real Madrid avec de nouvelles certitudes. Présentation de ce nouvel Athletic, qui regarde vers le haut.
Après avoir tutoyé le spectre d’une relégation en Segunda, une chose impensable pour un club historique qui n’a connu que la Liga depuis sa création, les Basques sont de retour au premier plan. Durant cette période troublée en terme de résultats, des voix se sont élevées demandant une évolution de la philosophie du club, empêchant selon eux le club de performer sur le long terme. Sans pouvoir lutter avec les ogres espagnols, l’arrivée de Gaizka Garitano permet au club d’être droit dans ses boites et d’être protagoniste même si tout n’est pas parfait.
Satisfaction du début de saison notamment avec le haut niveau affiché par des joueurs comme Inaki Williams, Ander Capa ou encore Iker Munian, l’Athletic affichait un rythme soutenu. Cependant, derrière ces individualités fortes, s’offraient à tous les suiveurs une impression de dépendance bien trop forte au niveau de ses têtes d’affiches. Quand le plan de départ ne suffisait pas à générer du danger, l’Athletic était bloqué et ne réussissait jamais à reprendre le contrôle des événements.
Le club était unidimensionnel, bloqué dans sa recherche d’une nouvelle pointe avec la prochaine retraite d’Aduriz ou dans sa volonté de mettre Muniain dans les meilleures dispositions pour performer. Attentiste sur le banc Gaizka Garitano ne semblait pas dans le bon tempo pour permettre à l’Athletic d’avoir de la continuité dans la performance. En se contentant de la faible production des siens, il n’a pas pu éviter la petite période de moins bien qui a fait chuté le club au classement. Après 5 matchs sans victoire entre septembre et octobre, c’est le seul génie de Muniain qui a permis au club de retrouver le victoire.
Face à l’Espanyol fin octobre pour le compte de la 11e journée de Liga, l’Athletic a frappé trois fois. Le protagoniste principal de cette démonstration ? Iker Muniain, qui a fait trembler les filets trois fois mais son dernier but a été compté comme un CSC de Victor Gomez. Le génial ailier, qui a la capacité de produire beaucoup a permis ce résultat flatteur presque par son seul fait. La production globale de l’équipe étant très décevante atteignant seulement 0,4 xGoal selon Understat. Par la suite, Muniain va encore marquer face à Levante mais aussi se blesser juste avant la trêve.
Cette blessure a remis en question tout l’écosystème mis en place par Gaizka Garitano. Sans Munian, c’est toute l’organisation offensive des basques qui n’a plus de sens tant le génial offensif était la base de tout. Privé de sa capacité d’élimination, de ses frappes de loin ou de ses passes, l’équipe doit se réinventer ou limiter la casse en attendant le retour de son fils prodigue.
Avec deux victoires, un nul et une défaite depuis l’annonce de son absence, Gaizka Garitano a choisi la seconde option et montre qu’il est l’entraineur parfait pour l’Athletic. Quelque peu forcé par les événements, l’entraîneur basque va se remettre à proposer des choses nouvelles et des variations tactiques pour renforcer son collectif et le rendre moins dépendant du rendement de ses individualités. Une chose nécessaire pour un club qui dispose d’un effectif intéressant et limité mais qui a toujours existé grâce à son collectif qui rend des joueurs limités sur le papier bien meilleurs.
Inaki Williams, catapulté buteur est de retour sur un côté, le droit pour être exact. Un choix intéressant pour tout le monde. Il remet le Basque dans une filière qu’il aime, à savoir être face au jeu et pouvoir faire parler sa vitesse qui fait des ravages. Il offre aussi le poste de buteur à Raul Garcia, qui peut faire parler son jeu aérien et sa science du combat pour user les centraux adverses. À sa place, l’émergence de Sancet, un milieu doté d’une belle qualité de passe offre plus de solutions pour faire vivre le ballon que ne le faisait Raul Garcia avant lui.
Avec Sancet, c’est aussi la progression d’Unai Lopez qui est salué. Intéressant à la relance, il devient bien plus protagoniste qu’il ne l’était quand Raul Garcia était devant lui. La blessure de Muniain a aussi ouvert le couloir pour les débordements de Yuri un peu plus bridé quand le petit ailier était là. Cependant le remplaçant de Munian n’a pas encore réussi à s’imposer, Cordoba a un jeu trop lisse pour vraiment être impactant. Ibai Gomez a été essayé avec un peu plus de réussite sans pour autant devenir l’alternative crédible nécessaire au club. Au milieu, le trio n’est pas fixe et peut jouer à une ou deux pointes basse en fonction des besoins en match.
Un peu plus d’un mois après sa blessure et alors que son retour est plus que proche, l’Athletic n’a que peu souffert de l’absence d’Iker Muniain. Une situation difficilement envisageable au début de la saison mais oui, les Leones ont trouvé d’autres moyens pour performer. À l’heure actuellement, Gaizka Garitano doit encore composer avec des absences, Raul Garcia a manqué une partie notamment et des joueurs comme San José ou encore Kenan Kodro ont retrouvé le onze.
Actuellement 7e au classement et à trois points de la 4e place, l’Athletic croit toujours en une qualification européenne à la fin de la saison. Un retour au premier plan sportif intéressant et qui montre que la philosophie du club n’est pas un frein à sa progression si il a à sa tête un entraîneur qui comprends les problématiques du club et tente d’y répondre sans chouiner. Gaizka Garitano a parfaitement répondu à la blessure du Muniain en proposant des alternatives intéressantes pour la suite. Le club n’est pas plus fort sans lui mais il a trouvé d’autres moyens pour performer.
Avant d’affronter le Real Madrid toujours sans Iker, l’Athletic est donc plus fort que celui qui a battu le Barça en début de saison en étant moins fort qualitativement sur le papier. Une renaissance qui laisse entrevoir un choc vraiment intéressant vu que le Real Madrid progresse mais n’est pas imbattable non plus. Le retour de Muniain début 2020 et cette progression collective permet logiquement aux Leones d’envisager un avenir radieux, mais avant ça il faut bien finir 2019.
Benjamin Chahine
@BenjaminB_13