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Trivela
·21 février 2025
Bruno Baltazar viré du SM Caen : les raisons d’un échec inévitable
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·21 février 2025
Cette semaine, le Stade Malherbe de Caen a pris la décision de se séparer de son entraîneur, Bruno Baltazar, un peu moins de deux mois après son arrivée en poste.
« Échec » devrait inévitablement rester comme le mot le plus adapté pour évoquer le bref passage de Bruno Baltazar dans le Calvados. Un échec sportif, en premier lieu, qui met en exergue celui de toute une structure dans l’élaboration d’un projet maintien.
Avant de poser ses valises en Normandie, Bruno Baltazar a connu plusieurs expériences au niveau professionnel. Celui qui avait débuté sa carrière d’entraîneur au SU Sintrense, à quelques kilomètres de sa ville de naissance, a ensuite exercé au Qatar, à Chypre, en Angleterre, aux États-Unis, en Bulgarie et plus récemment en Pologne. Il y a une dizaine d’années, le Portugais avait même assisté le sélectionneur national des Philippines, Thomas Dooley, pour ce qui reste actuellement sa seule et unique expérience internationale.
Outre cette tendance à prendre l’avion, ce qui résulte de la carrière de Bruno Baltazar, c’est une certaine instabilité. Pour l’heure, le Portugais n’est jamais parvenu à rester plus d’une année complète dans un même club, privilégiant généralement une nouvelle aventure lorsqu’il aurait l’occasion de rester en poste. Le 29 décembre dernier, l’ancien entraîneur d’Estoril a ainsi repris ses bonnes vieilles habitudes en rompant son contrat avec le club polonais de Radomiak, pour rallier la Normandie.
À Caen, Bruno Baltazar s’est vu confié une mission particulière. Une mission bien plus symbolique que celle qui consistait à diriger un ancien pensionnaire de Ligue 1. Dès son arrivée, le Portugais a eu la lourde tâche de remplacer l’irremplaçable Nicolas Seube à la tête d’une équipe à la peine. « C’est la plus grande légende du club », nous précise Nicolas, supporter du SM Caen. Avant même d’avoir eu l’opportunité de faire ses preuves, Bruno Baltazar s’est retrouvé plongé dans un climat hostile. « J’étais présent lors de ses deux premiers matchs, contre Clermont et Grenoble. Déjà, il avait été accueilli froidement. La plupart d’entre nous se rendait bien compte qu’il n’y était pour rien dans le licenciement de Seube et qu’il était là pour nous sauver, mais dès son premier match, il s’est fait siffler par le MNK qui a déployé des banderoles assassines contre la direction et a chanté à la gloire de Seube », a-t-il ajouté.
Un drôle d’accueil. Et ce n’est pas le terrain qui a arrangé la situation. Lors de ses deux premières sorties sous les couleurs du Stade Malherbe, Bruno Baltazar a enchaîné deux défaites, plongeant ainsi l’équipe dans les bas fond du classement. Deux premières défaites, appuyées par une production très approximative sur le terrain. « Dans le jeu, on a senti qu’il voulait mettre des choses en place, mais ce n’est pas ce dont on avait besoin, et surtout, on avait pas ce temps pour ça », enchaîne Nicolas.
Un malaise de plus en plus profond, renforcé par un sentiment de déconnexion que laisse paraître l’entraîneur de 47 ans. Si le SM Caen vit actuellement des heures particulièrement sombres de son histoire, avec une course au maintien en Ligue 2 clairement imposée par les événements, Bruno Baltazar a quant à lui montré un certain détachement. Et ce, dès sa première conférence de presse. Alors que l’équipe se trouvait à la seizième position du championnat, le Portugais avait étonné son monde en évoquant ses rêves d’Europe. « Amener ce club en Europe, c’est mon rêve. Vous pouvez me qualifier de rêveur ou de naïf, mais c’est mon objectif », avait-il déclaré, avant de parler de sa volonté de « faire progresser le club ».
Il est alors pertinent de se questionner sur l’adéquation entre le projet d’un coach et celui du club qu’il rejoint. À l’aube de la nouvelle année, le Stade Malherbe de Caen a fait appel à un entraîneur qui porte le discours d’un bâtisseur, quand le scenario de la saison lui imposait la venue d’un bricoleur. « On avait besoin d’un meneur d’hommes qui leur remette la tête à l’endroit et leur fasse croire à l’impossible pour les embarquer avec lui dans son sillage. Et au lieu de ça, on avait un coach tableau noir qui tente des modulations tactiques et qui a été plombé par le manque de confiance des joueurs », témoigne Nicolas. Un constat partagé par Franck, également supporter du Stade Malherbe de Caen : « Le souci, c’est que ce n’était pas l’homme pour cette situation. Si on avait été dans une situation plus confortable, il aurait surement été un coach correct. Le jeu de position qu’il prône peut-être une bonne solution, mais quand tu arrives à jouer le haut de tableau… C’est pas le jeu qu’il nous fallait à ce moment-là. On avait avant tout besoin de retrouver de la confiance. »
N’étant pas calibrés sur la même fréquence, les différentes parties ont été contraintes de se séparer bien plus rapidement que prévu. Après sept petites rencontres disputées, Bruno Baltazar a été démis de ses fonctions, laissant sa place d’entraîneur au très expérimenté Michel Der Zakarian.
En Normandie, le natif de Lisbonne laisse derrière lui un bilan catastrophique avec sept défaites en autant de rencontres. Sur la période, l’équipe n’aura réussi à inscrire qu’un seul petit but, au cours d’une défaite concédée à Ajaccio (2-1). Au-delà des chiffres et des statistiques, Bruno Baltazar restera pointé du doigt comme l’un des acteurs majeurs d’une saison passée aux portes de l’enfer pour les supporters de Malherbe. Reste à savoir comment le technicien portugais parviendra à se relever de cette aventure courte, mais intense.