Peuple-Vert.fr
·19 juin 2024
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Anthony Losilla, né le 10 mars 1986 à Firminy, a effectué ses premières armes du côté de l’AS Saint-Étienne. Ce natif de la région stéphanoise a commencé son parcours footballistique au sein de l’ASSE. Bien que ses débuts n’aient pas abouti à une percée immédiate, Losilla n’a jamais perdu de vue son rêve de devenir un joueur professionnel, à l’ASSE ou ailleurs… Aujourd’hui en Allemagne, Ouest-France l’a rencontré afin qu’il évoque son changement de culture.
Pour ceux qui suivent de près les trajectoires des talents locaux, l’évolution d’Anthony est la preuve même qu’échouer aux portes du professionnalisme dans son club formateur n’est pas une fatalité. Après avoir quitté le nid Vert, il a rejoint l’US Créteil-Lusitanos et Laval. Alors que la Ligue 1 commençait à s’intéresser à lui, sans pour autant lui faire de proposition concrète, c’est le Dynamo Dresde qui, en 2012, lui fait franchir la frontière allemande. C’est là que Losilla a véritablement commencé à briller, s’adaptant rapidement à un nouveau style de jeu et prouvant sa valeur sur la scène internationale.
En 2014, il rejoint le VfL Bochum, où il trouve finalement un véritable foyer sportif. Devenu rapidement un pilier de l’équipe, Anthony enfile désormais le brassard de capitaine alors qu’il ne parlait pas la langue à son arrivée en Allemagne il y a 12 ans. Passé de la culture foot française à l’allemande, il témoigne, pour Ouest-France, des différences de culture à l’éclairage de son parcours… Extraits.
« C’est vraiment le hasard complet. Je ne me voyais même pas du tout venir ici ! Je comptais rester en France toute ma carrière, ou me diriger vers l’Espagne, d’où la famille de mon père est originaire. À l’époque, je suis performant à Laval, en Ligue 2, et on me parle de touches en Ligue 1. Dans le même temps, Dresde se manifeste, mais je refuse. Au fil du temps, les opportunités en Ligue 1 ne se sont jamais concrétisées. J’ai fini par rejoindre Dresde, après avoir refusé cinq ou six fois ! Leurs dirigeants ont fait le forcing. Et quand j’ai rejoint Bochum, deux ans plus tard, pareil. Les Allemands ne lâchent rien (il sourit). »
« C’est une ville de la Ruhr, une région historiquement minière. C’est un peu comme le Forez, ma région natale. Il y a beaucoup de similitudes dans la mentalité des gens : très ouverts, travailleurs, avec un goût prononcé de l’effort. C’est exactement les valeurs que le club veut transmettre. Mouiller le maillot signifie vraiment quelque chose ici. Un mot revient souvent ici : “Malocher”, que l’on pourrait traduire par « travailleur acharné ». Il colle vraiment à l’ADN du club, qui, contrairement, par exemple à Dortmund – dont le stade se trouve à dix minutes d’ici en voiture -, dispose de plus de moyens financiers et s’est internationalisé. Ici, on est vraiment sur la Ruhr authentique. »
« Sincèrement, en France, on ne sent pas l’engouement qu’il y a ici, en Allemagne. En France, il y a bien sûr des exceptions, des clubs bien connus pour leur ambiance, mais la différence, c’est qu’ici, ça concerne tout le monde. Par exemple, dans la région, il y a un club de D4 allemande, l’Alemannia Aache, qui joue la montée cette saison devant 30 000 spectateurs par match. Ici, le football concerne l’ensemble de la famille. Dans chaque club, ou presque, il y a une tribune pour les enfants. Il y a une vraie volonté de transmission de génération en génération. On sent que les matches rythment le quotidien de personnes, qui attendent le week-end avec impatience. »
« En Allemagne, on joue pour être efficace. Les gestes sont répétés de nombreuses fois et effectués à 200 %. Ce que j’ai constaté, aussi, c’est que les joueurs travaillent beaucoup plus après l’entraînement qu’en France. Certains joueurs « lambda » en France explosent en Allemagne, car, le foot est moins tactique. Il y a cet aspect, bien sûr, mais il est moins marqué qu’en France. On calcule moins. Ça va dans tous les sens. En Allemagne, il faut toujours marquer un but de plus que l’adversaire. En France, il ne faut pas perdre. Ce n’est pas mieux ou pire. C’est une autre culture du football, tout simplement. »
« Le système (ndlr : éducatif) allemand m’a fait comprendre que le système français est aberrant. Et, dans un sens, avec ma femme, ça nous oriente encore plus dans la volonté de rester en Allemagne après ma carrière. Mes enfants se sentent bien dans ce système, ma reconversion pour un poste d’entraîneur, ici à Bochum, est déjà dans les tuyaux. »