Le Journal du Real
·20 février 2025
Comment le Real Madrid est parvenu à rentrer dans la tête de Manchester City
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Le Journal du Real
·20 février 2025
Finalement, la prédiction de Pep Guardiola s’est avérée juste. Manchester City semblait effectivement détenir » 1% » de chance de se qualifier pour le tour suivant. Passer d’Haaland à Marmoush, de Rodri à Nico Gonzalez ou encore de Walker à Kushanov; le onze de départ des Anglais a été le reflet de ce terrible constat.
Néanmoins, l’ensemble de ces composantes ne peuvent, à elles seules, expliquer le succès fracassant du Real Madrid (3-1) et un tel écart de niveau entre ces deux grandes équipes. Un facteur inattendu est venu se glisser sur la pelouse du Bernabéu, ce mercredi soir. Les Skyblues se sont montrés très craintifs. Car, oui, une rencontre se joue aussi dans la tête, et le Real Madrid est parvenu à totalement détruire psychologiquement son adversaire lors de ce barrage retour de Ligue des champions. Autopsie d’un match à sens unique.
Menés au score à l’issue du premier face-à-face (2-3), les Anglais ne pouvaient que s’inviter au Bernabéu avec une approche ambitieuse. Un changement ? Pas vraiment. Car la planète football connaît l’approche tactique guardiolesque, où le pressing se veut roi. Cette phase de jeu, véritable signature de cette équipe, représente l’une des principales sources de la domination citizen de ces dernières années.
Et comme à l’accoutumée, cela s’est matérialisé par une première ligne de quatre cherchant à bloquer toute possibilité de transmission madrilène vers le cœur du jeu, tout en avançant sur le porteur de balle. De plus, si les locaux parvenaient à trouver leur plaque tournante, une seconde lame bleue nommée Gundogan ou Nico montait sur le milieu merengue afin de les pousser à la faute. Toutefois, si, sur le papier, ce schéma semblait presque infaillible, un élément clé manquait à l’appel, à savoir l’agressivité. Une faille n’ayant échappé au Real Madrid.
En réaction à cette approche sans ballon plus que prévisible, le double pivot madrilène Tchouaméni-Ceballos a récité sa partition. Des consignes tactiques délivrées par Carlo Ancelotti exposaient l’idée suivante : si les adversaires comptent entreprendre un marquage individuel sur le numéro six, alors il fallait aligner non pas une, mais deux plaques tournantes. Une initiative qui s’est retranscrite sur le terrain par un tandem complémentaire qui n’a cessé de changer de rôle, le Français et l’Espagnol alternant constamment leur position. Résultat, l’inexpérimenté Nico est apparu perdu dans sa tâche, ne sachant pas quand monter sur le porteur de balle, ni qui prendre au marquage… Alors régulièrement trouvés par leurs coéquipiers, les deux milieux madridistas ont permis à toute leur équipe de sortir proprement le ballon, sans prendre d’importants risques.
Cependant, même quand Manchester City parvenait à s’organiser de manière à sérieusement bloquer l’axe, leur manque d’agressivité s’est révélé fatal. Seconde corde à l’arc merengue, la doublette Asencio – Rüdiger, couplée parfois de leurs milieux, qui s’est transformée en quarterback. Les CFitizens offraient du temps ainsi que de l’espace pour ajuster de longues passes ? Pas de problème, les Madrilènes ont sorti leurs meilleures rampes de lancement et, de fait, distillé un bon nombre de longs ballons verticaux en profondeur en direction des flèches de devant.
En résumé, une succession d’hésitations a tourmenté les Anglais. Celles-ci ont permis aux locaux d’exploiter pleinement la profondeur sans être gênés, contrairement au match aller. Le premier but de cette rencontre, intervenu dès la troisième minute, est un copier-coller de la première passe décisive d’Asencio lors de son premier match, face à Osasuna en novembre dernier. Il avait annoncé la couleur.
Manchester City n’est pas naïf. Les hommes de Guardiola ont rapidement compris que leur pressing ne pouvait pas fonctionner comme ils le voulaient et ce, dès le second golazo de Mbappé (33e). Car ce temps d’hésitation évoqué un peu plus haut a aussi eu pour conséquence de couper l’équipe citizen en deux. Ajoutez à cela un manque de pression cruelle et, une fois la première ligne passée, les Merengues possédaient un boulevard devant eux. Dès lors, la parfaite exécution d’un jeu direct combinant verticalité avec horizontalité a eu raison des Skyblues marqués, il est vrai, d’une passivité rare.
C’est ainsi qu’au fur et à mesure que le temps s’écoulait, la défense bleu ciel commençait à se restreindre sans ballon, afin de rentrer presque volontairement dans des phases de défense placée. Ne parvenant pas à étouffer leur adversaire à la relance, même avec cette mutation tactique, les Citizens ont souhaité limiter les possibilités de profondeur. À l’aide d’un bloc médian dense saupoudré d’un marquage en zone, l’objectif paraissait clair : empêcher le Real de s’implanter dans le cœur du jeu en les poussant, par conséquent, à réaliser des transmissions complexes.
Toutefois, un tel système exigent induit un aspect primordial, à savoir l’anticipation. Pouvoir monter sur le porteur de balle, voire tenter des interceptions sans pour autant déséquilibrer une équipe, nécessite une intention portée autour de la lecture de jeu afin de réaliser le bon déplacement au bon moment. Mais de synergie collective, City en a été totalement dépourvu. Constamment en retard au marquage, en contradiction avec le tempo du match… Bref, la défense britannique n’a été que dans la réaction.
Le Real Madrid ne s’est pas fait prier pour exploiter ces multiples brèches qui leur sautaient aux yeux. Et au-delà de la succession de diagonales en profondeur, les Madrilènes ont usé de leur principale force offensive : l’exploitation des ailes. Dribbler, déborder, dédoubler… Libéré de tout marquage, le duo Vinicius – Rodrygo en a fait voir de toutes les couleurs aux défenseurs anglais. Un festival conclu en beauté par le triplé de Kylian Mbappé, dont chaque but a mis en lumière les carences de Manchester City. Aussi létal que percutant, le numéro 9 madrilène a renvoyé le quadruple champion d’Angleterre en titre, ainsi que son coach, à leurs chères études.
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