Furia Liga
·16 juin 2019
Furia Liga
·16 juin 2019
Il y a encore un peu plus d’un an, la sélection du Qatar n’intéressait pas grand monde. Pour beaucoup, les gesticulations de ce micro-état sur la scène footballistique mondiale n’avaient pas grand intérêt et étaient vouées à l’échec. Pourtant en février 2019, tout a basculé. Les Maroon sont devenu champions d’Asie et tout a changé autour de la sélection. Attendu comme un simple faire valoir lors qu’ils ont été annoncé comme invité pour cette Copa America 2019 au Brésil, les hommes de Felix Sanchez Bas ont maintenant l’étiquette d’outsider désigné dans le dos. Pourtant comme toujours quand on parle de football qatari, rien n’est simple. Mais alors, où en est le football qatari ?
Sur le papier, le Qatar ne semble avoir aucune chance de peser réellement sur la compétition. Dans un groupe B relevé avec des équipes comme le Colombie ou l’Argentine, les Maroon espèrent simplement faire bonne figure et pourquoi pas accrocher une place au tour suivant en étant dans les meilleurs troisièmes. Cependant, dans une situation relativement identique à celle qu’ils ont connu en janvier aux Emirats Arabes Unis, les hommes de Felix Sanchez Bas peuvent surprendre et accrocher une série de bons résultats.
Le coach espagnol qui vient de prolonger doit continuer d’enchaîner les résultats pour ne pas voir son poste être remis en question. Sa place, est fortement courtisé et l’ombre de Xavi est toujours plus grande. Son contrat jusqu’en 2022 lui assure cependant une certaine tranquillité. Entre des polémiques sur le lieu de naissance de certains joueurs et les conditions de travail dans les chantiers pour la Coupe du Monde toujours aussi déplorables, le Qatar a fortement besoin de résultats sportifs encourageants pour déplacer les projecteurs.
La liste qui a été dévoilée il y a quelques jours par Felix Sanchez Bas est sensiblement la même qui a soulevée la Coupe d’Asie en février. Des choix logiques, le réservoir qatari est faible et cette sélection sera en grande partie celle qui défendra les couleurs qataris en 2022. Une sélection très jeune avec une moyenne d’âge aux alentours des 24 ans portée par des grands talents comme Akrim Afif, Ali Al Moez, Modibo ou encore Hassan Al Haydos. Sur le pré, les Maroon aiment avoir le ballon et cherchent toujours à en reprendre le contrôle pour diriger le match. Des traits de caractère forts qui ont permis au Qatar de n’encaisser qu’un seul but lors du sacre face au Japon tout en marquant 19 buts en 7 matchs.
Pouvant jouer en 433 mais appréciant aussi le 532, la colonne vertébrale des Maroon est très forte et dès qu’un de ces joueurs manque, le rendement collectif est tout de suite bien moins important. Derrière, Koukhi est le référent défensif. C’est après sa sortie à l’heure de jeu lors de la finale face au Japon que le Qatar a encaissé son premier but du tournoi. Devant, Modido à la récupération et Al Haydos à la création font vivre parfaitement le cuir lors des relances courtes de la sélection. Fidèle à ses principes, Felix Sanchez Bas veut un maximum de ballons à terre et que beaucoup de joueurs touchent le cuir lors des sorties même s’il n’est pas contre une certaine verticalisation par séquence. Devant, le duo Afif-Al Moez fait des étincelles. Le premier a du feu dans les jambes et est un formidable créateur de situations même lorsque ça semble impossible. Son comparse est un buteur hors pair qui a marqué 9 lors de la Coupe d’Asie, nouveau record de l’épreuve.
Cependant, quand le plan A du Qatar ne marche pas, la sélection a des ressources pour forcer des résultats. Tout d’abord avec les coups de pieds arrêtés. Lors de la Coupe D’Asie notamment face au Liban en phase de poule, l’ouverture du score des Maroon est intervenu sur un coup franc direct qui a ensuite permis aux qataris de dérouler leur football. La lecture des matchs de Felix Sanchez Bas est aussi très importante. Quand son équipe ne réussit pas à trouver la solution par elle-même, il trouve toujours le moyen pour permettre à son équipe d’aller mieux. Une connexion entre le sélectionneur et son groupe qui s’explique par le passif de l’espagnol qui travaille depuis plus de 10 ans dans le micro-état et qui est passé par Aspire et les équipes de jeune de la fédération.
Lancé il y a un peu plus de 10 ans, le projet de développement du football qatari dirigé directement par l’émir arrive dans sa dernière phase. A 3 ans du mondial, cette Copa America revêt un aspect très important pour le Qatar qui est maintenant attendu. Une situation bien plus intéressante que les moqueries des dernières années mais qui nécessitent aussi des résultats pour prouver que la Coupe d’Asie n’était pas qu’un mirage. Surtout qu’en compétition de jeunes, les Maroon n’ont remporté aucun match que ça soit au tournoi de Toulon ou à la CDM U20. Ce flou autour de la sélection a été entretenu par la fédération qui n’a organisé qu’un seul match de préparation face au Brésil qui s’est soldé par une défaite 2-0 et la blessure de Neymar.
Surtout, le projet qui a permis la maturation d’une génération formidable arrive à un tournant. Les clubs satellites que sont Eupen et le Cultural Leonesa ne semblent plus adaptés pour faire progresser les meilleurs composants de cette sélection. Tous sont encore dans la ligue locale, un choix pour progresser, mais le niveau encore bas de cette compétition peut entraîner la stagnation des meilleurs éléments mais aussi des talents qui ne demandent qu’à exploser comme Tarek Salman. C’est là qu’intervient l’homme fort du projet d’internationalisation d’Aspire : Ivan Bravo.
L’ancien du Real qui est présent dans le CA de Leeds et celui du Cultural Leonesa est l’un des plus grands représentants du projet en Europe. Son importance est capitale et surtout il permet de maintenir une synergie entre les différents clubs avec au centre : Aspire. Cependant, la stagnation des espagnols en D3 l’a poussé à agir. Dans un projet en solo même si la main du Qatar n’est pas loin. Il s’est lié avec David Blitzer dans le rachat d’Alcorcon, équipe madrilène en Segunda. Malgré la volonté du Cultural de rassurer sur la pérennité de l’investissement qatari dans le club, ce mouvement peut devenir très intéressant pour les Maroon. Aspire a déjà annoncé sa volonté de vendre des parts du club de Léon. Ivan Bravo de son côté a délogé Ignacio Alvarez du Cultural qui était en charge directement des relations avec Aspire pour le faire signer à Alcorcon. Preuve que ce rachat annoncé sans lien avec le Qatar semble en avoir un.
Alcorcon n’est pas une place forte en Espagne mais est un club important en Segunda depuis maintenant de nombreuses saisons. L’ancien propriétaire belge a permis de stabiliser les madrilènes tout en réalisant des travaux important du coté des installations. Une situation qui pourrait permettre l’arrivée dans les mois à venir de joueurs qataris en recherche d’un club pour mettre ou remettre le pied en Europe. Beaucoup des joueurs qui vont se rendre au Brésil ont déjà connu la Belgique et l’Espagne dans leur formation. Maintenant bien mieux préparés et surtout correctement post-formés, les voir retenter un saut en Europe ne semble pas délirant. Et vu la propension d’Aspire a se comporter comme un agent avec ces petits protégés, il est certain qu’Alcorcon sera forcement bien vendu.
Au pays, les choses bougent aussi. L’arrivée de Ruben de la Barrera cet hiver a permis de continuer de faire progresser le niveau global de Qatar Star League. Il y a quelques semaines, l’annonce de la retraite de Xavi a mis le feu dans les médias. Annoncé partout en Espagne et notamment au Betis mais aussi comme sélectionneur du Qatar, l’ancien du Barça a pourtant logiquement était nommé à la tête d’Al Sadd son dernier club crampon au pied. Premier club du pays et surtout propriété d’Aspire, les Loups vont permettre au génial milieu de terrain de se roder à l’exercice du coaching. Surtout que de nombreux joueurs de la sélection comme Afif jouent dans ce club. Une nomination qui renforce les liens entre Xavi et le projet qatari. Il serait donc moins étonnant de voir l’ancien du Barça nommé à la tête d’Alcorcon plutôt qu’en remplacement de Felix Sanchez Bas à la sélection …
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13
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