le11
·1 avril 2023
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·1 avril 2023
Arrivé cet été en provenance de Chaves en deuxième division portugaise, Alexsandro a eu des débuts timorés. Depuis peu, le voici sur le devant de la scène en charnière centrale et très performant le cas échéant. Son parcours était relativement méconnu, mais depuis hier, il l’est bien plus, puisque le Brésilien s’est livré. Entre les favelas, sa famille, son physique, le football, Alexsandro est un symbole d’abnégation. Focus.
Sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille, loin de là. Au coeur des favelas, entre pauvreté et misère, l’actuel footballeur professionnel a vécu une enfance « très triste » selon ses propres mots. « C’était difficile de pouvoir faire des études, nous dormions par terre à la maison ou dans un lit avec mes frères quand nous en avions un », ajoute-t-il. Si cette période de sa vie pourrait être un traumatisme, il n’en est rien. « Ça m’a donné une force énorme à réussir. Mon objectif était alors de les sortir de cette situation. J’ai toujours gardé ça en moi, je le garde toujours, car aujourd’hui, rien n’est facile. Il faut se battre tous les jours et c’est ce qui me motive dans mon travail de tous les jours, ici, au club », explique Alexsandro.
Dès lors, avec son salaire actuelle et sa situation bien meilleure, son objectif est d’aider « au maximum » sa famille pour « les élever ». Un projet d’achat de maison devrait voir le jour, sans oublier les frais d’études des frères qui sont payés par le Brésilien lui-même. Exemplaire.
Auteur de trois buts cette saison, tous sur coups de pied arrêtés, Alexsandro n’a pas grand chose à prouver dans ce domaine. Son gabarit (1,89 m) y est pour beaucoup, sans oublier sa solidité dans les airs face aux adversaires. Dans sa jeunesse, ses entraîneurs n’y sont pas pour rien dans cette réussite actuelle. « Ma qualité de jeu de tête vient principalement depuis tout petit, car j’ai toujours travaillé cet aspect là. Je l’ai travaillé sur les balles arrêtées et on m’a toujours incité, au travers des éducateurs que j’ai pu rencontrer au cours de ma carrière, à le travailler », explique le défenseur central. À 23 ans, le travail semble porter ses fruits depuis son arrivée au LOSC concernant le jeu de tête.
Aussi, Paulo Fonseca aime utiliser le Brésilien à la relance pour projeter les milieux puis les attaquants. Une responsabilité importante pour le concerné, qui l’approuve. « Sur le terrain, c’est vrai que c’est aussi une de mes principales qualités et l’entraîneur pense que je peux la mettre à disposition de l’équipe. C’est la base de pouvoir amorcer des offensives probantes pour nos milieux et nos attaquants », confie-t-il. La confiance est primordiale dans ces cas de figures, puisqu’elle permet de former une entente et des automatismes entre coéquipiers.
Titularisé en début de saison, Alexsandro n’a plus connu que le banc pendant de nombreux matches. En cause, une doublette José Fonte / Tiago Djalo bien installée et l’insouciance de Leny Yoro qui vient se frotter à la concurrence. De fait, difficile pour le défenseur central de se faire une place. À son arrivée, il n’a pas pour autant dramatisé la situation. « Comme vous le savez, je viens d’un championnat différent, de la deuxième division portugaise. Ça a été au départ très difficile pour moi de m’intégrer à un nouveau club, à un nouveau championnat. Au sein du club, je tiens à préciser qu’ils ont énormément respecté ça », confie-t-il. Sportivement, cela s’est vu, avec ce long temps de non titularisation.
Au fil des matches, sa situation évolue et Paulo Fonseca lui laisse de plus en plus sa chance, notamment avant la Coupe du Monde. C’est à partir de fin février et une titularisation contre Brest, suivie d’un but décisif, que tout bascule. Aussi, avec la blessure de Tiago Djalo jusqu’à la fin de saison, toutes les cartes sont rebattues. S’ensuivent de longues minutes de jeu et deux apparitions dans le onze type d’entrée. Les supporters le découvrent à sa juste valeur, pour son plus grand plaisir. « Psychologiquement, ça m’a vachement aidé de pouvoir continuer à travailler, progresser. Aujourd’hui, je ne vous le cacherais pas, je suis très heureux d’être titulaire et de pouvoir aider l’équipe à être performante », admet Alexsandro. Ce dernier n’a pas fini de surprendre et va jouer son coup à fond. L’abnégation est le maître mot pour le qualifier.
Pavel CLAUZARD
Crédits photo : Anthony Dibon/Icon Sport