Foot National
·24 juin 2024
Foot National
·24 juin 2024
C’est une histoire peu commune vécue ces derniers mois par Charly Pereira Lage. À l’automne dernier, soit quelques semaines après sa signature en faveur de l’AS Saint-Priest en National 3, le milieu de terrain de 30 ans s’est vu détecter un méningiome, une tumeur bénigne au cerveau, qui a mis fin à sa saison. Contraint à une opération en début d’année, le grand-frère du Brestois Mathias Pereira Lage s’est rapidement relevé et battu pour se remettre au niveau physiquement. S’il affirme se sentir bien aujourd’hui, le natif de Clermont-Ferrand n’a pas été conservé par l’ASSP, promue en National 2, et cherche désormais à rebondir dans un club de N3 ou N2. Entretien.
Charly, peux-tu nous resituer les événements de ces derniers mois.
J’ai été confronté à une épreuve un peu particulière en novembre. J’avais fait toute la préparation avec Saint-Priest, qui s’était bien passée. Puis à partir d’octobre/novembre, j’ai commencé à avoir des difficultés motrices au niveau de ma jambe gauche et de mon pied gauche. J’ai donc fait toute une batterie de tests nécessaires, et c’est à ce moment-là qu’on m’a trouvé un méningiome bénin à la tête. Ce n’était pas grave pour ma santé mais ça impactait ma motricité. Comme je suis gaucher, c’est comme ça que je m’en suis rendu compte. La seule solution pour continuer de jouer au foot et d’exercer mon métier était de me faire opérer. Le choix de me faire opérer a mis fin à ma saison. L’opération s’est déroulée le 19 janvier à Clermont-Ferrand. Début février, tout allait très bien, j’ai pu reprendre normalement mon activité. Sauf que je n’avais pas le droit aux contacts donc je m’entraînais tout seul.
Cette tumeur au cerveau, elle ne s’était jamais déclarée ces dernières années ?
D’après les médecins, c’est une tumeur bénigne que j’avais depuis plus de cinq ans, et qui a grossi au fil du temps. Et là, elle était arrivée au point où elle commençait à impacter la motricité. Qu’elle grossisse ne serait-ce que d’un millimètre a fait qu’elle déclenche les premiers symptômes. Ce n’était pas détectable avant mais ça contraignait mon activité.
Quel a été l’élément déclencheur, celui qui t'a fait rendre compte du problème ?
En m’entraînant. Que ce soit dans mes gestes, mes frappes, mes passes ou mes appuis, je sentais que c’était moins fluide que d’habitude. J’avais une perte de force et une perte de sensibilité. Parfois je frappais, et mon pied ne se verrouillait pas comme je le voulais. C’est ce qui m’a mis la puce à l’oreille. Ça, je l’ai senti pendant un mois environ, et ça s’est accentué petit à petit jusqu’à ce que je me dise qu’il y avait quelque chose. Je n’étais pas encore au stade de la paralysie, que j’ai pu éviter grâce à l’opération, mais j’étais faible. Derrière, j’ai passé des examens, des IRM, rendez-vous avec le chirurgien à Clermont, … On a décidé d’opérer le plus rapidement possible.
Lorsqu’on t’a annoncé cette tumeur, comment as-tu encaissé la nouvelle ?
Au début c’était compliqué. Quand on t’annonce ça, ça te fait un peu peur. Mais je suis quelqu’un avec une grande force mentale et c’est une épreuve qui, au final, m’a donné beaucoup de force et de motivation. À partir du moment où j’ai encaissé et été opéré, j’ai tout mis en œuvre pour reprendre les séances, m’entretenir et retrouver toutes mes dispositions et aptitudes physiques. De reprendre, ça m’a clairement reboosté.
J’imagine que ton entourage a été important dans cette épreuve, ainsi que le club ?
Le club a été bien avec moi. Il a été bienveillant et a tout fait pour que je ne me sente pas seul. Il m’a accompagné. Tous les week-ends, il me dédiait les victoires, il y avait des articles dans les journaux, etc … Avant qu’il m’arrive ça, j’étais un joueur important du vestiaire. J’avais été nommé parmi les trois capitaines. Le coach (Michaël Napoletano), les joueurs, … tous ont été présents.
Comment s’est déroulée ta reprise après l’opération ?
J’ai de la chance que l’opération se soit très bien passée, de ne pas avoir eu séquelles et d’avoir pu reprendre le sport quasiment immédiatement après l’opération. Il y avait toute une réathlétisation auprès du kiné pour refaire travailler les membres inférieurs, surtout le pied, afin de le remuscler et lui redonner sa fonction quasi-complète. Ensuite, il y a eu une préparation personnalisée et physique pour refaire mon corps, mes jambes, mon cardio, etc … Car dans tous les cas, j’étais en arrêt jusqu’en fin de saison. Je devais faire une IRM de contrôle trois mois après l’opération, donc ça m’emmenait jusqu’au 22 avril et c’était deux ou trois semaines avant la fin de saison.
Aujourd’hui, comment te sens-tu physiquement ?
Je me sens très bien ! J’ai réussi à refaire le plus compliqué on va dire, à savoir le physique, le coffre, le travail des jambes, … J’ai enchaîné les séances cinq fois par semaine depuis février. Je me suis quand même accordé des temps de vacances pour faire des choses que je n’avais pas eu le temps de faire. Aujourd’hui, je suis revenu dans une phase où je me sens bien et où j’entame une préparation classique d’avant-saison. Après bien sûr, je ne connais pas la réalité du terrain parce que je n’ai pas pu jouer depuis plusieurs mois. Mais physiquement je me sens bien, je ne suis pas à la ramasse.
Comment tu entrevois ta reprise sur les terrains ? En douceur ?
J’ai fait ce qu’il fallait et j’ai toujours l’ambition de rejouer un jour en National. Mais je suis aussi lucide sur ce qui m’est arrivé et que ça passera par des top performances en National 3 ou en National 2, en visant un projet stable. En tout cas, j’ai déjà besoin de rejouer. Ensuite, refaire des performances pour rejoindre un club avec mes ambitions.
Tu n’as pas été conservé par l’AS Saint-Priest, malgré la volonté de Michaël Napoletano de te prolonger.
J’avais une très bonne relation avec le coach. Ça faisait cinq ans qu’il voulait me faire signer à Saint-Priest. Sauf qu’il n’était pas encore en poste, il était un peu dans l’organigramme. On avait réussi l’été dernier à travailler ensemble. J’avais une relation très forte avec lui. Il était carrément partant pour me garder car comme je le disais un peu plus haut, il m’avait nommé parmi les trois capitaines. Il connaissait aussi ma qualité de joueur et de leader, avec mon expérience de N1 et de la N2. Lui voulait me prolonger mais le président a tranché pour une situation contractuelle et pour faire une place à un joueur qui a fait une saison pleine, avec l’accession en N2 au bout. C’est quelque chose qui s’entend aussi. Mais bon …
On a l’impression que tu as du mal à l’accepter …
Ce n’est pas que j’ai du mal à l’accepter mais comme je le disais, j’avais tout fait de mon côté pour me remettre sur pied car je savais que le coach voulait me garder. Par exemple, quand il me disait qu’ils allaient gagner tous les matchs pour moi, ça me donnait un but en ligne de mire. Je savais que je ne faisais pas ça pour rien et que potentiellement, je pourrais remettre les pieds en N2. Après bien sûr, c’est la prépa qui aurait parlé. On va dire que je suis plutôt revanchard de la manière dont se termine l’aventure. J’ai en tout cas le sentiment d’avoir apporté, que ce soit sur le terrain par toutes les qualités qui me caractérisent, ou en dehors par mon expérience de la N1 et de la N2, et pas mon rôle de leader qui m’a permis d’être capitaine partout ou presque où je suis passé.
Désormais, tu es en quête d’un nouveau club. As-tu déjà des pistes ?
J’ai eu des prises d’informations de coachs qui me connaissent, pour savoir comment j’allais physiquement et si j’étais épargné et guéri totalement. Mais sinon, rien de spécial puisque ça fait une semaine que je sais officiellement que je ne suis pas prolongé. Donc je suis sur le marché et prêt à offrir ma force mentale et mes qualités à un vestiaire. En tout cas, ce serait une belle revanche pour moi, une belle histoire. Et j’espère qu’un club me tendra la main parce que j’ai encore beaucoup à accomplir. Quand c’est une blessure grave, du type ligaments croisés, fracture ou autres, tu n’es jamais sûr de revenir à 100 %. Ce qui m’est arrivé est indépendant de tout ça et c’était surtout un problème de santé. Aujourd’hui, je suis rétabli, je peux revenir à 100 % et il n’y a pas d’inquiétude sur mon état physique.
>> Pour contacter Charly Pereira Lage : 06 58 58 35 40
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