OnzeMondial
·18 septembre 2023
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·18 septembre 2023
Formé au Paris Saint-Germain, Stanley Nsoki s’est rapidement retrouvé propulsé sur le devant de la scène. La signature de son premier contrat professionnel puis son transfert à l’OGC Nice ont notamment fait parler. À la recherche de temps de jeu, le central s’est ensuite relancé à Bruges avant d’atterrir à Hoffenheim. Pour Onze Mondial, le gamin de Roissy-en-Brie retrace chaque étape de sa carrière.
Voici quelques extraits de notre interview de Stanley Nsoki. L’intégralité de cet interview de 6 pages est à retrouver dans le magazine n°361 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 3 août.
J’ai ai des souvenirs vagues de mes débuts à Roissy-en-Brie. J’ai commencé le foot en débutant, j’ai ensuite décroché, je ne sais pas pourquoi. Je voulais faire autre chose. J’ai trois sœurs, notre mère voulait qu’on fasse une activité. On a toujours été sportifs dans la famille. Tous les ans, au mois de septembre, il y avait le forum des associations pour les activités extra-scolaires. À chaque début d’année scolaire, on me demandait ce que je voulais faire. Comme j’avais commencé à jouer au foot à l’école, durant le temps de midi, à la cantine, j’ai eu envie de reprendre le foot en club. On a été au stand du club et on m’a inscrit. Le jeudi suivant, je faisais mon premier entraînement. J’ai aussi fait de l’athlétisme et de la gymnastique. J’étais un garçon qui avait la bougeotte, j’aimais me rouler par terre. Pour revenir au foot, je me débrouillais pas mal. Ma mère voulait qu’on fasse du sport pour nous canaliser. Gérer quatre enfants à la maison, ce n’était pas toujours évident. J’ai commencé le foot au poste de défenseur central, comme j’étais bon et je dépassais mes fonctions, je traversais le terrain balle au pied. Avec le temps, je suis passé au milieu de terrain. J’avais un peu plus l’opportunité de m’épanouir avec le ballon, de dribbler et tout. Généralement, on dominait nos adversaires, donc on avait le ballon. J’avais l’opportunité de défendre et d’attaquer. Le PSG m’a repéré comme ça. Mon père aussi était présent, mais il travaillait beaucoup. Mon père gérait une société de transport, il travaillait entre la Seine-et-Marne et le Val-de-Marne. Il avait un dépôt à Créteil. Ma mère aidait mon père au niveau de la gestion administrative. Mais elle n’aimait pas trop, elle préférait les rapports humains. Elle a donc effectué une formation en aide médico-psychologique pour travailler dans une maison d’accueil spécialisée. J’ai une anecdote à Roissy, en poussins deuxième année, avec coach Yannick. Ce jour-là, il faisait très froid. Je ne courais pas à cause de la température. Comme je m’économisais, le coach m’a repris à plusieurs reprises, mais je n’ai rien changé. Et au bout d’un moment, il m’a renvoyé de la séance. Du coup, je suis rentré chez moi. Et habituellement, je rentrais à la maison vers 20h20, cette fois-ci, je suis rentré à 19h50. Quand ma mère a vu l’heure, elle m’a demandé des explications. Je lui ai dit que j’avais été viré de la séance. Deux jours après, ma mère a été à la rencontre du coach. Elle lui a dit : « Je ne comprends pas, mon fils est bien éduqué, il est à l’écoute ». Le coach lui a tout expliqué, et comme je savais que je n’avais pas été correct, j’évitais le regard de ma mère. Ensuite ma mère m’a dit : « Si tu vas au foot pour ne rien écouter, tu restes à la maison ». Ça m’a fait le même effet qu’une réunion parents-profs. J’ai ensuite pris des engagements et je les ai tenus. En plus, ma mère ne voulait pas payer la licence pour rien. Les clubs ont commencé à me remarquer par la suite. Mais je ne faisais pas attention, j’étais jeune. J’allais au foot pour m’amuser seulement. J’ai fait un premier test au PSG, en U12, ça ne s’était pas très bien passé. J’avais été moyen, du coup, je n’ai pas eu de retour. L’année d’après, le PSG m’a fait revenir pour d’autres tests. Encore une fois, je n’ai pas été bon. Malgré ça, j’ai été convié pour un tournoi en Italie. Là-bas, je rencontre Moussa Diaby, Dan-Axel Zagadou, Mattéo Guendouzi, Boubacary Soumaré et d’autres. Je n’ai pas eu de complexe d’infériorité, j’ai tout donné, je ne me sentais pas en-dessous. Paul Pogba est un gars de Roissy aussi, c’est une fierté de la ville.
À Roissy, je jouais au foot pour le plaisir, je m’entrainais deux fois par semaine. Au PSG, quand tu entres au centre de formation, c’est différent. J’avais des séances tous les jours. On cumulait école, foot et étude le soir. Le plaisir était toujours là, mais c’était un autre monde. Quand le contrat aspirant est arrivé, je gagnais un peu d’argent. J’aimais bien m’acheter les derniers survêtements à la mode. Durant ma formation, j’ai évolué crescendo. J’ai toujours été bien encadré, j’avais de bons formateurs. En U14 avec Saad Ichalalène, en U15 avec Cédric Catenoy, ensuite, j’ai connu François Rodrigues, David Bechkoura ou encore Olivier Guégan. J’ai eu la maladie de croissance d’Osgood-Schlatter, ça m’a un peu ralenti. Mais j’étais entouré médicalement au PSG. Je suis très attaché à ma famille, j’aime bien être à la maison. Mes parents pourront te raconter. Tous les dimanches soir, c’était un calvaire ! Je ne voulais pas retourner au centre. J’inventais des histoires pour rester à la maison (sourire). Au fil des années, la « sélection naturelle » a eu lieu et j’ai pu me rapprocher le groupe pro, grâce à des suspensions et des blessures. Thiago Silva et Kurzawa étaient absents, il ne restait plus que Berchiche, Marquinhos et Kimpembé. Et un jour, en allant à l’entraînement, je m’ambiançe dans ma voiture, je me gare au centre et on me dit : « Aujourd’hui, tu es avec les pros ». Alors qu’habituellement, quand un mec allait en pro, ce n’était jamais moi. C’était la première fois. J’y suis allé sur la pointe des pieds, j’ai demandé où j’avais le droit de m’asseoir. J’ai été mis à l’aise par Christo (Nkunku), Adri (Rabio), Alphonse (Areola) et Presnel (Kimpembe). Je me suis fait discret, j’ai fait mon petit entraînement. Le lendemain, on m’a rappelé. Et à la fin de la séance, Dorian, le team manager, m’annonce que je suis dans le groupe. On m’a filé mes équipements, je me suis changé dans la voiture, et c‘était parti. J’étais dans le bus avec Mbappé, Neymar, Thiago Silva, Thiago Motta, Cavani, Marquinhos, Pastore, Lucas, Di Maria et les autres. Je les voyais, mais je ne réalisais pas. Le plus impressionnant pour moi, c’était Thiago Silva. Il n’était pas si grand mais tellement imposant en même temps. Il avait de la prestance dans sa démarche. Il se démarquait des autres. Sinon, tout le monde était tranquille, c’est des blagueurs, à la cool. Il y avait une bonne ambiance. Aux entraînements, tu sais que tu dois faire attention. Mais je ne me posais pas de questions. Je faisais mon travail, c’est à dire bien défendre. Je savais qu’il y avait de grands noms à mon poste. Mais je prenais ce qu’on me donnait. Je ne me disais pas : « Je vais tout exploser et envoyer les gars à la retraite ». Je savais qui étaient les joueurs. J’emmagasinais de l’expérience. Je parlais avec les défenseurs, je prenais des conseils. Il fallait suivre. Car si tu ne suis pas, on te renvoie vite en réserve. À Paris, il faut être prêt tout de suite. On le voit encore aujourd’hui. Quand un joueur ne donne pas de garantie, il est vite pointé du doigt. J’ai fait de bons matchs et d’autres moins bons, mais ça faisait partie du « process ». À cette époque, plusieurs « Titis » jouaient avec l’équipe première : Rabiot, Areola, Nkunku, Kimpembe… Le départ le plus significatif avait eu lieu quelques années auparavant avec Kingsley Coman. Les autres comme Zagadou ou Soumaré sont partis à la fin de leur contrat aspirant, ils n’étaient pas avec les pros à l’entraînement. Eux ont signé pro ailleurs, moi, j’ai signé stagiaire au PSG. Je me suis posé des questions, c’est vrai. Avec le recul, j’ai compris que c’était une question de timing, chacun son temps. J’ai signé pro plus tard que d’autres, mais aujourd’hui, certains sont « derrière » moi. Ça ne sert à rien de courir après un contrat professionnel, il faut courir après une carrière professionnelle. Signer un contrat pour obtenir 5000, 8000 ou 10 000 ou 20 000€, c’est cool. Mais il faut se projeter sur la continuité, sur les 5-10 ans à venir. J’ai bossé, mon travail a été observé et remarqué. J’ai eu un bon comportement et tout s’est enchaîné.
C’est vrai, la signature de mon premier contrat pro a beaucoup fait parler. Mais les médias peuvent dire ce qu’ils veulent, que ce soit vrai ou pas. Je n’ai pas la main sur ça, je ne peux rien faire. Personnellement, je sais ce que j’ai signé, je sais quels sont les chiffres. Parler de primes et de salaires, c’est inutile. Il n’y a rien de positif dans tout ça. À part, attirer l’œil des gens, faire de la médisance, ce n’est pas productif. J’étais concentré sur ma carrière, c’est tout. Est-ce plus simple de réussir dans un club moins huppé qu’au PSG ? Tu sais, la pression, c’est une chose que chacun doit pouvoir gérer indépendamment des facteurs extérieurs. Après tout s’apprend. Quand tu as 18, 19 ou 20 ans, tu continues à apprendre. C’est ce que mon père me disait. À 18 ans, on ne sait pas encore gérer totalement sa vie. À 18 ans, tu vas rencontrer du succès mais aussi des échecs. Il faut voir l’échec comme une épreuve. Chacun doit créer une bulle autour de lui pour poursuivre sa carrière, sans être déconcentré. Par exemple, je ne peux pas dire que c’est plus facile de sortir à Metz. Car à Metz, les jeunes n’ont pas la chance de s’entraîner avec Thiago Silva. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Pareil, ils n’ont pas la chance d’avoir des installations ultra-modernes avec des terrains parfaits. Il y a des avantages et des inconvénients partout. Il ne faut pas trop se comparer aux autres. Il faut prendre ce qui est positif pour soi, pour se construire. Je suis chanceux d’avoir été formé au PSG. J’ai eu la chance d’évoluer en équipe première, même si ça n’a duré qu’un an. Mon match le plus marquant, c’est celui contre Monaco lors du Trophée des Champions, en Chine. Je découvre dans les vestiaires que je suis titulaire, au poste de latéral gauche. J’étais persuadé que Kurzawa allait jouer, mais non. Sachant que moi, je préférais l’axe. Mais je n’ai pas fait le difficile, j’ai saisi l’opportunité. Il faisait lourd et humide, et au bout du premier corner, j’ai dit à Rabiot : « Je suis mort, j’en peux plus ». Lui était tout bien, il me disait : « Souffle, souffle ». J’ai vécu le match à fond, j’ai délivré deux passes décisives et remporté un trophée. Parfois, certains joueurs se plaignent car ils ne jouent pas à leur poste. Mais il ne faut pas, le plus important, c’est d’être sur le terrain et tout donner. Blaise Matuidi a gagné la Coupe du Monde en jouant milieu gauche par exemple. Si on regarde bien cette saison, à titre personnel, il y a eu un manque de continuité. J’ai joué lors de la première partie de saison, ensuite, j’ai « disparu ». Moi, je n’avais pas signé pour signer pro, je voulais faire carrière. Je ne voulais pas être titulaire, je respectais les anciens comme Thiago Silva, Marquinhos et Kimpembe. Je voulais juste avoir un peu de temps de jeu. Le coach préférait repositionner un autre joueur. Au-delà de mon faible temps de jeu, je sentais un manque d’accompagnement de la part du club envers moi. La formation au PSG, c’est une grosse qualité du club, mais aussi une de ses limites. Après, on ne peut pas en vouloir au club, il veut tout rafler. Il veut des joueurs prêts et tout de suite. En même temps, je sortais de la formation, et je me suis retrouvé avec des joueurs en course pour le Ballon d’Or, avec des champions du monde, ce n’est pas rien. Mais je savais que j’allais progresser en jouant, j’ai donc préféré partir. Les entraînements ne me suffisaient plus.
J’ai été vendu plus de10 millions à l’OGC Nice. Si j’étais venu d’un autre club, le prix aurait été bien inférieur. Quand tu as l’étiquette « PSG », elle reste quelque temps. Avec le PSG, c’est souvent ça. Le prix de vente du jeune de son centre est souvent gonflé. En même temps, quand le PSG achète un joueur, le prix est plus élevé aussi. Je passe de Paris à Nice, mais je reste un jeune, j’ai 20 ans. Je savais que j’allais avoir davantage de temps de jeu. Au départ, j’ai eu du mal car je me suis blessé aux abdos. Et avec tout le respect que j’ai pour les autres clubs du championnat, il y a une grosse différence avec le PSG. Paris, c’est le top mondial. J’ai eu du mal à faire la transition. Ça m’a permis de sortir de ma zone de confort, de me développer. J’ai tiré des enseignements de tout ça. Avec Patrick Vieira, tout se passait bien. Je m’entendais bien avec lui. Il était très calme, très posé et blagueur aussi. Je me sentais en confiance avec lui. Il avait cette volonté de travailler avec les joueurs. Il débutait en tant que coach, on a grandi ensemble. Tout le monde connaît son passé, humainement, il est top, très sociable. Quand je jouais moins, on discutait, c’était enrichissant. J’aimais beaucoup nos discussions. Il avait aussi un fort caractère. Il savait serrer la vis. Il ne mettait jamais en avant sa carrière et impliquait au maximum ses joueurs. Sportivement, on peut dire que mon passage à Nice a été un échec, car je m’attendais à beaucoup plus. J’ai appris de certaines situations, j’ai plus de bagage désormais. Pour la petite anecdote, je suis arrivé à Nice en même temps qu’Alexis Claude-Maurice. On cherchait un logement. Je lui avais dit : « Je ne veux pas vivre dans un logement avec vue sur la mer parce que sinon, tous les matins, je vais me croire en vacances » (rires). À Nice, il y a du soleil tous les jours. C’est un autre mood qu’à Paris. Je suis droit dans mes bottes, je savais pourquoi j’étais à Nice. En plus, je suis casanier. Sur le terrain, j’essayais de reproduire ce que j’avais appris à Paris. Mais à Nice, c’était différent. Du coup, je me retrouvais souvent en décalage par rapport aux autres. Je me suis mal adapté. Ma première saison a été biaisée par le Covid. Lors de ma deuxième saison, c’était plus difficile. Je me suis réfugié dans le travail, mais ça n’a pas fonctionné…
Je rejoins Bruges sans être poussé vers la sortie, mais sans être retenu non plus. J’avais discuté avec Julien Fournier, je n’allais pas être un premier choix. L’opportunité Bruges s’est présentée. Au départ, je ne m’attendais pas à avoir une proposition d’un club belge. Lors de notre rencontre, ils m’ont présenté leur projet. Franchement, si ça n’avait pas été Bruges, je n’aurais jamais rejoint ce championnat. La Ligue des Champions c’était la cerise sur le gâteau. Et ils me recrutaient pour jouer dans l’axe. À Nice et au PSG, on m’utilisait souvent à gauche. Attention, je ne suis pas un joueur qui se cache, mais je suis plus à l’aise dans l’axe, que ce soit pour défendre ou attaquer. J’en parlais récemment avec un pote, il me disait : « Centre, c’est facile, tu prends la balle et tu la passes au latéral ». Ça peut être vrai quand tu joues face à une équipe « tranquille ». Mais quand tu as un attaquant qui passe son temps à demander en profondeur, c’est difficile. En Belgique, il n’y avait pas beaucoup de jeu combiné, c’était surtout des courses en profondeur et du « kick and rush ». Tu dois suivre l’attaquant qui part, surtout que notre défense était assez haute, on jouait le hors jeu. Une fois l’attaquant privé de ballon, il faut sprinter pour regagner sa ligne. Ces choses, on ne les voit pas forcément. C’est dommage pour nous, défenseurs, parce qu’on ne met pas en valeur ce travail. On commence à avoir l’habitude et on connaît le fonctionnement de ce sport. On peut dire que ma carrière a réellement démarré à Bruges. J’ai aimé travailler au sein du club. Je travaillais vraiment bien, que ce soit avec le staff technique, les préparateurs physique, les kinés. Les docteurs étaient de qualité et à l’écoute. Au moindre petit pépin, ils étaient réactifs. On a pu gagner le championnat, alors qu’on avait des points de retard. On a joué des matchs de très haut niveau en Ligue des Champions. Toutes les planètes étaient alignées. Avec Philippe Clément, ça se passait très bien. Il est très pédagogue, assez proche des joueurs, il aime travailler avec les jeunes. Il est très positif. Les gens regardent essentiellement les cinq grands championnats, mais vraiment, le championnat belge est de qualité. Et puis, il n’est pas très médiatisé non plus. Avant d’y signer, je n’avais jamais regardé un match de championnat belge. Mais leur proposition me correspondait vraiment. C’est ce que je recherchais. J’ai atterri dans un club qui valorise le travail, j’ai pu afficher une certaine régularité. J’ai gagné en maturité, en prenant l’habitude de jouer tous les week-ends, en préparant bien mes matchs. J’ai adopté une certaine routine de récupération pour être prêt le week-end. J’ai fait un bon choix en signant à Bruges, puisque des clubs sont venus au bout d’une saison. Il fallait que le club soit un tremplin et non un tapis glissant. Et Bruges reste quand même le plus grand club de Belgique avec qui j’ai retrouvé le PSG en Ligue des Champions. Au moment du tirage, j’étais dans ma chambre, je me disais : « Le club qui tombe dans cette poule est mort », il y avait Manchester City, le PSG et Leipzig. Nous étions chapeau 4. Et c’est tombé sur nous. Il fallait tout donner une fois sur le terrain. J’étais aussi venu au club pour ça : me mettre en valeur. On connaît l’impact des matchs de Ligue des Champions. Regarde Haaland, il est passé par l’Autriche. Salzbourg, c’est le meilleur club autrichien, Bruges, c’est le meilleur club belge. S’il n’était pas parvenu à briller en Ligue des Champions avec Salzbourg, il n’aurait pas atterri à Dortmund. Ces matchs européens l’ont aidé à passer le cap.
Je suis content d’être à Hoffenheim, c’est dans la continuité de Bruges. Il ne fallait pas se tromper. Quand je reçois la proposition, j’explique à Bruges que je ne vais pas rester cinq ans au club. Les dirigeants en avaient conscience. Je suis content d’être à Hoffenheim. Je ne peux pas te citer un attaquant qui m’a vraiment mis en difficulté. Par contre, c’était enrichissant de se frotter à un joueur comme Christopher Nkunku. Il était partout, il était injouable. Il combinait bien avec Olmo et Szoboszlai. Il pouvait demander dans les pieds comme partir dans la profondeur. En tant que défenseur, par défaut, je préfère affronter un joueur qui aime prendre la profondeur. Car tu as moins d’informations à traiter que lorsque l’attaquant décroche. Quand l’adversaire décroche, tu ne peux pas forcément le suivre, car le foot, ce n’est pas du marquage individuel. Imaginons que tu le suives et qu’un autre joueur prenne l’espace dans ton dos, comment tu fais ? C’est ta responsabilité. Il vaut mieux être dans la maîtrise ce que tu fais. Hofmann du Boussia Mönchengladbach est ce type de joueur qui dézone constamment et qui va vite. Il est très intelligent et sait ce qu’il fait. En Bundesliga, il y a beaucoup d’espaces entre les lignes, il faut faire attention à ça. Quand on presse, il faut le faire intelligemment. Car en face, les mecs ont une vraie science tactique. Ils peuvent te faire mal à tout moment. Je me considère comme un joueur intelligent mais je peux être une brute aussi. Vieira me disait : « C’est bien d’avoir des qualités physiques, il faut surtout utiliser sa tête. Si tu le fais, tu vas avoir un temps d’avance. Et si tu es en retard, tu peux le rattraper grâce à ton physique ». Je ne cherche jamais à intimider mon adversaire. Je n’ai pas besoin de ça. Quand je vais au contact, je ne cherche pas à faire mal. Ma priorité, c’est de gagner le ballon, proprement si possible pour relancer. Si je ne peux pas relancer, je vais défendre quitte à ce que le ballon sorte en touche. En revanche, c’est vrai qu’au premier contact, il faut quand même marquer son territoire. Si le gars décroche, il faut qu’il sache qui il a en face de lui.
Après, j’essaie de rester tranquille, car il faut éviter le carton jaune. J’ai d’ailleurs récemment pris un rouge. On était bien pourtant, on menait 3-0 à la mi-temps, mais je n’avais pas joué depuis un moment, Je me suis refroidi durant la pause et j’ai mal jugé la situation. Quand je regarde les images, je me dit : « Pourquoi j’ai fait ça ? ». J’ai sûrement perdu en vigilance à ce moment. Ça m’a appris, je gère mieux désormais. Depuis que je suis en Allemagne, j’ai amélioré ma préparation et ma concentration. Je ne suis pas le défenseur parfait mais à l’instant T, je sais ce que je dois faire dans telle ou telle situation. Je me concentre là-dessus pour ne pas avoir de trou. Avant les matchs, je visionne des vidéos sur mes adversaires. Certains attaquant ont leur « spécialité » comme Robben ou Di Maria. Tu as des joueurs qui ne vont jamais utiliser leur mauvais pied. Je garde certaines infos en tête. Ça peut toujours servir. Je n’ai jamais eu peur avant d’affronter un attaquant. Mais je prends les infos, je pense à Mbappé, Thuram, Kolo Muani, Nkunku, ce sont de bons joueurs. Je retiens ce que je dois éviter de faire. Je cherche à combler mes faiblesses et surtout, je m’appuie sur mes forces. C’est excitant d’affronter des joueurs comme ça, je joue au foot pour ça, pour les matchs à pression. La saison prochaine, j’espère être encore plus performant et répondre aux attentes. Oui, je pense à l’équipe de France. Je l’ai toujours dans un coin de ma tête. Je regarde toujours les listes car, j’ai quelques copains en sélection. Ça fait plaisir de voir certains potes de la formation ou des sélections de jeunes en équipe A. Me concernant, rien n’est impossible. Je me concentre d’abord sur mon job, le reste, je ne le maîtrise pas. En tant que joueur, on a les moyens d’influencer les choix. C’est ce qui s’est passé en fin de saison quand le coach me faisait moins jouer. Au début, je ne comprenais pas, puis je me suis réfugié dans le travail. Tout le monde au sein du club a commencé à le voir. Ils se disaient : « Il ne joue pas le week-end, mais il continue d’être performant la semaine ». Le coach a décidé de me remettre. Quand j’ai pris le rouge, pareil, j’ai continué à tout donner à l’entraînement. Le directeur sportif m’a d’ailleurs félicité pour ça. Je me dis toujours qu’il faut que je fasse mon boulot. Concernant l’équipe de France, pour l’instant, je me concentre sur le fait d’être performant en club.
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