Lucarne Opposée
·6 mars 2022
Lucarne Opposée
·6 mars 2022
Des dizaines de blessés et probablement des morts lors d’une bagarre lors de Querétaro - Atlas
On avait commencé à écrire cet article par un bel inside dans le Géant d’Acier de Monterrey, pour raconter de plus près le match de mal-barrés entre Montergrey et l’América. On aurait aimé parler de la belle victoire du Puebla de Larcamón à l’Azteca face à Cruz Azul. Mais les barras mexicaines ont plombé la Liga MX : une bagarre au stade de la Corregidora lors du match entre les locaux, Querétaro, et Atlas, a fini sur le lynchage de supporters.
La confusion règne au Mexique. Il y a officiellement vingt-deux blessés, mais des chiffres extra-officiels parlent de plusieurs morts et la Ligue a réfuté cette information. Sur les réseaux, des vidéos et photos - que l’on ne partage pas par respect pour les victimes mais aussi le lecteur - montrent la violence des coups, et les corps jonchés sur le parvis du stade où dans les gradins donnent l’impression que le bilan pourrait être plus élevé. Selon certains journalistes, il ne faut pas écarter l’idée que les autorités cachent le réel bilan de ces heurts.
Tigres ? Cruz Azul ? León ? Rayados ? Peu importe le vainqueur final - si le championnat est maintenu -, la violence qui gangrène le pays et qui fait cent morts par jour, s’est donc invitée dans les stades mexicains, pourtant plus calme ces dernières années. Le Torneo Grita Mexico 2022 portera le sang de ces victimes, qui finiront dans les statistiques d’un pays qui s’est lassé de compter ses morts et surtout de s’indigner tant elle est quotidienne dans la société mexicaine.
Si les supporters sont évidemment en cause, on peut questionner la sécurité du stade de La Corregidora, vide de toute police. Seuls des stadiers ont tenté de séparer les agresseurs, en vain. Pourtant, Atlas et Querétaro ne sont pas deux clubs ennemis. L’un partage la ville de Guadalajara avec les Chivas, dont il est le rival, et Querétaro, club secondaire de première division, n’a d’antagonisme avec aucun club.
« Aujourd’hui, le foot a perdu », a tweeté Alan Mozo, défenseur des Pumas et l’une des figures du championnat. La Ligue, via son président Mikel Arriola, a « regretté les événements » et a appelé à des sanctions. Si Cruz Azul - Puebla et Guadalajara - Santos se sont déroulés une heure après les incidents à Querétaro, sans soucis particuliers, les matchs du dimanche, de toutes les catégories, sont suspendus. On ne jouera plus jusqu’à nouvel ordre au Mexique.
Interrogé dans l’émission Fútbol Picante, le président de la Liga MX a tout de même brandi la menace de la désaffiliation : « Sans aucun doute. Il faudra aller jusque-là. Les clubs sont responsables de la relation avec les barras. Et si les barras ne respectent pas les accords avec les clubs, et il y a déjà des précédents, cela aggrave la responsabilité des personnes impliquées. Le statut du stade n’est pas la seule chose qui doit être analysée. Nous devons revoir les relations qu’entretiennent les clubs avec leurs groupes de supporters. Comme dans tout processus, la commission disciplinaire ouvre une enquête. Les deux parties seront convoquées et des sanctions seront prises, tant par rapport au statut juridique du stade que sur la situation d'affiliation avec les clubs. Il y a les pouvoirs et les faits ; nous prendrons le temps de délibérer. Il est clair pour moi qu'il y aura une tolérance zéro ».
Pour l'anecdote, Monterrey a rebondi et a maintenu l’América dans la crise (2-1). Les Larcaboys de Puebla sont de beaux leaders, avec Aristeguieta, l’ancien Nantais, en héros du soir. Deux très beaux matchs, mais après le drame d’hier soir, dont le bilan reste à chiffrer, difficile de penser au ballon rond. Pour le moment, on a envie d’aller pleurer et c’est ce qu’on va aller faire.