Jamie Vardy à Fleetwood Town, aux origines de la légende | OneFootball

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·1 mai 2025

Jamie Vardy à Fleetwood Town, aux origines de la légende

Image de l'article :Jamie Vardy à Fleetwood Town, aux origines de la légende

Véritable légende de Leicester, Jamie Vardy marque la Premier League de son empreinte depuis maintenant plus de dix ans. Mais, avant de ravager les défenses de l’élite, l’Anglais a longtemps erré dans les divisions inférieures du Royaume avant le tournant en 2011. Une signature à Fleetwood Town marquant l’acte de naissance de l’ancien attaquant des Three Lions.

Le jeudi 24 avril 2025, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux de Leicester, Vardy annonce quitter les Foxes après treize années passées dans le Leicestershire. Une page des années 2010 se tourne. On pense ainsi instinctivement à la formidable épopée de Leicester lors de la saison 2015-2016, au « It’s eleven, it’s heaven for Jamie Vardy ! » iconique de Martin Tyler ou encore à sa mythique reprise de volée contre Liverpool un soir de février 2016. D’autres retiennent davantage les frasques et le style du personnage. De son hygiène de vie particulière dût à sa consommation de Red Bull et ses absences en salle de musculation, à ses chambrages et célébrations de buts légendaires, Vardy a indéniablement marqué les esprits.


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Si le natif de Sheffield est si apprécié par la communauté football, c’est également grâce à sa trajectoire quasi-hollywoodienne, rappelant un certain Rocky Balboa. Pas un hasard donc qu’un film sur sa vie soit dans les tuyaux depuis quelques années. Car Vardy est un OVNI dans ce football moderne. Sa carrière décolle sur le tard, l’Anglais ne découvrant le monde professionnel qu’à l’âge de 25 ans. Mais, surtout, il ne cède pas aux sirènes des gros clubs et reste fidèle aux Foxes. Il reste même à Leicester malgré la relégation surprise du club en 2023.

Pour ma part, après avoir craint que Vardy ne raccroche les crampons, j’ai presque instantanément repensé au passage de « The Cannon » à Fleetwood Town. Une période souvent oubliée par les médias et davantage perçue comme une phase de transition dans son improbable ascension. Pourtant, le passage de l’Anglais dans l’antichambre de la Football League est iconique et forge sa légende. Sa crête iroquoise lui donnant une allure badass, son christique numéro 33 et surtout son insatiable soif de buts font de son passage de le Lancashire le véritable tremplin de sa carrière.

La galère avant la gloire

Certes, la jeunesse de Jamie Vardy est bien connue des fans de football. L’histoire du bracelet électronique, le travail à l’usine et les sorties alcoolisées reviennent généralement dans les vidéos Youtube ou Tik-Tok retraçant la vie de l’Anglais. Il faut dire que ces histoires alimentent la success-story du personnage. Son début de carrière est effectivement chaotique. Le natif de Sheffield est tout d’abord libéré par son club formateur, qui plus est son club de cœur, le Sheffield Wednesday. Un véritable traumatisme. Malgré des qualités évidentes, les responsables du centre de formation l’estiment trop petit pour percer au plus haut niveau.

Néanmoins, la passion du football est trop importante pour le jeune Yorkshireman, qui rejoint Stockbridge, petit club de la banlieue de Sheffield. Durant cette période, il se forge cette mentalité si particulière qui fera sa légende. Un tempérament sanguin, parfois brutal, mais une détermination à toute épreuve, faisant de lui un joueur spécial. Malgré tout, son impulsivité lui causera des problèmes. Il tabasse notamment un homme se moquant de son ami sourd. Un épisode devenu mythique, « The Cannon » étant obligé de jouer avec un bracelet électronique durant 6 mois.

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Vardy passe 4 ans à Stockbridge, inscrivant 40 buts en 88 matchs.

En parallèle, il travaille dans une usine d’attèles médicales, lui causant des problèmes de dos. Néanmoins, Vardy s’accroche. En 2010, ses performances attirent d’ailleurs l’œil d’Halifax. Il rejoint donc les Shayman, en septième division anglaise. Le succès est immédiat. Il empile les buts, s’offrant presque le luxe d’inscrire un triplé de triplés. L’Anglais permet d’ailleurs à son club de remporter aisément son championnat. Les qualités de Vardy séduisent le manager de Fleetwood Town, Micky Mellon. Le manager tente d’ailleurs de convaincre son président Andrew Pilley de casser sa tirelire pour s’attacher ses services. Sans succès.

L’ancien ouvrier devenu pêcheur

En effet, sa saison à Halifax ne passe pas inaperçue. Vardy est d’ailleurs longtemps pisté par Huddersfield, Peterborough et Crewe. Malheureusement pour lui, les clubs intéressés craignent que l’Anglais soit un traquenard. En somme, un joueur trop beau pour être vrai. De plus, les 150 000£ demandés par Halifax semblent démesurés pour un attaquant de 7e division. Néanmoins, Fleetwood Town, club de League Conference (5e division) ambitieux et fraîchement doté du statut professionnel, souhaite toujours s’attacher les services de Vardy.

Les Fishermen disposent d’un effectif de qualité et souhaitent rapidement intégrer la Football League. Cependant, leur début de saison est extrêmement poussif, notamment sur le plan offensif. Le manager Micky Mellon réitère alors sa demande pour l’achat de Vardy. Son président, Andrew Pilley, cède et l’arrache à Halifax en versant les 150 000£ durant l’avant-dernier jour du mercato. « The Cannon » découvre alors, à 25 ans, le monde professionnel.

Fidèle à lui-même, il débarque en toute décontraction lors de sa signature. Le vice-président de Fleetwood, Phil Brown raconte : « Il est simplement entré dans mon bureau avec son père. Il est arrivé en jean et en t-shirt, l’air plutôt nonchalant. Rien ne semblait le perturber ». Vardy va connaître une acclimatation express, jouant le soir même de sa signature contre York, une autre équipe jouant la promotion. Très vite, ses coéquipiers se rendent compte du potentiel de la nouvelle recrue.

Un travailleur acharné

Certes, Vardy n’aime pas la salle de sport. Il l’a lui-même déclaré lors d’une interview « Je déteste aller à la salle de sport et porter des poids, le truc le plus lourd que j’ai porté est un pack de Red Bull ». Néanmoins, certains lui ont trop vite collé à la peau l’image du talentueux fainéant. Car l’Anglais est un véritable bourreau de travail et choque l’ensemble de ses coéquipiers à Fleetwood. Arrivé sur la pointe des pieds chez les Fishermen, il va rapidement montrer une énorme détermination pour s’imposer dans son nouveau club. L’un des membres du staff, Danny Moore se souvient.

« Il est entré dans le vestiaire. Un petit garçon. Tout le monde se demandait : « Qui est-ce ? ». Il ne ressemblait pas à un footballeur ordinaire. En quelques jours, tout le monde a compris de quoi il retournait. »

L’ensemble du vestiaire est stupéfait par ses incroyables qualités physiques. En effet, « The Cannon » porte très bien son surnom. Il impressionne d’emblée ses coéquipiers par sa vitesse et son endurance hors du commun. L’un de ses partenaires d’attaque, l’expérimenté Gareth Seddon, explique que lors de l’un des premiers entraînements de Vardy, « on a fait le test du bip et il a continué, continué, continué. On s’est dit : ‘Putain !’ ». Au-delà de ses capacités athlétiques, l’Anglais possède une agressivité qu’il parvient enfin à maîtriser. Pour son ancien capitaine à Fleetwood, Jamie Milligan, l’impulsivité de Vardy est d’ailleurs l’une de ses qualités. Pour lui, il a été moins formaté que certains joueurs provenant de centres de formation. En effet, son passage en amateur l’a conditionné différemment « Il joue sans réfléchir et c’est un cauchemar pour les défenseurs ».

Une intégration express

L’un des éléments importants de la réussite de Vardy à Fleetwood a été son inclusion immédiate au vestiaire. Il faut dire que sa personnalité haut en couleur aide à bien se marrer. Nathan Pond, le taulier de la défense des Fishermen se souvient qu’il « n’était pas timide. Il arrivait avec une canette de Red Bull, un jean, un t-shirt et sa crête. On l’entendait avant même qu’il n’entre dans les vestiaires, car il criait sur quelqu’un ou l’insultait gentiment ». L’Anglais terminait régulièrement les séances d’entraînement en courant pratiquement nu sur le terrain. Taquin, il coupait régulièrement les bouts de chaussettes de ses coéquipiers ou enveloppait la voiture du chef cuisinier de film plastique et de nourriture. Grâce à lui, le groupe vit bien.

De plus, Vardy se lie d’amitié avec l’un de ses compères de l’attaque, Andrew Mangan. Les deux s’entendent comme larrons en foire. « C’étaient les rigolos du groupe. Il se passait toujours quelque chose, des trucs de vêtements et de voitures. On savait que si quelque chose arrivait, ils seraient derrière tout ça » explique Danny Moore. Cette bonne entente se matérialise également sur le terrain. Les deux feux follets ravagent les défenses adverses et inscrivent 50 buts en championnat, contribuant à l’excellente saison de Fleetwood.

« Parfois cela semblait trop facile pour lui »

La multiplication des entraînements induite par la professionnalisation du club permet à Vardy de rapidement progresser. Il développe encore davantage ses capacités athlétiques et devient également un redoutable finisseur. Très vite, les terrains de League Conference deviennent trop petits pour le talent de Vardy. « Chaque fois qu’il se dirigeait vers le but, nous savions qu’il ne se raterait pas. C’était incroyable. » se rappelle son ancien coéquipier Gareth Seddon. Sa vitesse, son pressing et ses courses incessantes font faire des cauchemars aux défenseurs. « Ils étaient terrifiés par sa vitesse. Il leur laissait dix mètres d’avance, mais les dépassait pourtant toujours » explique Nathan Pond.

La supériorité de Vardy sur ses adversaires saute aux yeux. Peu après son arrivée, il inscrit deux doublés contre Kettering et Gateshead. Il marque ensuite dans 19 des 27 rencontres suivantes, scorant à 27 reprises. L’Anglais inscrit notamment un triplé, resté dans les mémoires, contre Ebbsfleet. Le natif de Sheffield remporte le titre de meilleur buteur du championnat avec 31 buts pour sa première saison en professionnel. Rien que ça. Pour Pond, « le niveau de la League Conference semblait parfois trop facile pour lui ». Vardy trouve alors un autre terrain de jeu pour exprimer son talent, la FA Cup.

La révélation Vardy

Bien que ses performances en championnat attirent déjà l’attention, ce sont surtout ses prouesses en FA Cup qui vont marquer les esprits. Faciles en League Conference, les Fishermen vont donc crânement jouer leur chance dans cette prestigieuse compétition. Fleetwood débute tranquillement la compétition par un large succès, cinq buts à zéro, contre Mansfield Town. Néanmoins, le tour suivant voit les hommes de Micky Mellon recevoir Wycombe, pensionnaire de League One (3e division). Deux divisions séparent donc les formations. Néanmoins, les Fishermen disposent d’une paire d’attaquants redoutable. Mangan ouvre la marque en première période d’une magnifique reprise de volée. Réduits à dix, les coéquipiers de Vardy vont faire le dos rond et procéder en contre-attaque. Sur l’une d’elles, Mangan lance « The Cannon » dans le dos de la défense. Vardy ajuste alors le portier, permettant aux siens d’arracher la qualification pour le tour suivant.

Fleetwood hérite ensuite de Yeovil Town, autre équipe de League One. La première rencontre s’étant achevée sur un match nul, celle-ci doit être rejouée. Vardy ne le sait pas encore, mais ce match va changer sa carrière. Son activité débordante, ses appels et son pressing font de lui un véritable poison pour la défense adverse. Dépassés par l’intenable attaquant de Fleetwood, les défenseurs de Yeovil multiplient les fautes. L’un d’eux est d’ailleurs exclu pour deux fautes sur l’Anglais. Pour parachever sa magnifique prestation, il inscrit même un but au terme d’une splendide chevauchée pour permettre à son équipe de se qualifier. Cependant, la marche suivante est trop haute pour les Fishermen. Malgré un énième but de Vardy, Fleetwood est défait par le club de Championship de Blackpool cinq buts à un.

L’homme qui valait 1 million de livres sterling

Malgré l’élimination de son équipe, Vardy est encensé par l’entraîneur adverse Ian Holloway. Celui-ci déclare après le match que s’il le fallait, « il paierait 1 million de livres sterling [pour Vardy] ». Dès le mercato hivernal, Blackpool et West Ham tentent de signer le natif de Sheffield. Néanmoins, fidèle à son engagement envers son président, Vardy reste et mène le club vers la promotion en Football League.

Le vice-président de Fleetwood, Phil Brown, se souvient qu’au cours de la deuxième partie de saison « une armée de recruteurs de grands clubs était présente pour quasiment tous les matchs à domicile ». Il est tellement convoité que certains entraîneurs de Premier League viennent directement superviser l’Anglais. Vous connaissez la suite. Leicester remporte finalement la mise et s’offre Vardy pour 1 million de livres sterling assorti d’un bonus de 25 % à la revente.

L’héritage Vardy à Fleetwood

Vardy n’est pas seulement une légende de Leicester. Son passage à Fleetwood marque l’une des plus belles pages de l’histoire du club et contribue encore aujourd’hui aux succès des Fishermen. En effet, le montant de son transfert a permis à Fleetwood de bâtir une équipe compétitive pendant de nombreuses saisons, stabilisant le club en Football League. Treize ans après le départ de son attaquant, le club du Lancashire fait d’ailleurs toujours parti de l’EFL, chose qui n’aurait probablement pas été possible sans lui. L’ancien capitaine de Fleetwood, James Milligan, estime d’ailleurs que sans Vardy le club n’aurait probablement pas été promu.

À la suite de l’annonce de son départ de Leicester, les bookmakers britanniques parient pour une retraite dorée en Arabie Saoudite ou aux Etats-Unis. Une fin de carrière probable, motivée par des impératifs économiques, pour celui qui a connu le travail à l’usine. Néanmoins, le romantique que je suis, espère un chant du cygne digne de sa carrière. Un projet à Wrexham ? Une signature à Sheffield Wednesday, son club de cœur ? Et pourquoi pas un retour à Fleetwood Town, club qui l’a propulsé vers le succès ?

Véritable tremplin dans sa carrière, l’aventure de Vardy à Fleetwood marque le véritable début de sa légende. Passage souvent oublié de son histoire, sa saison dans le Lancashire permet pourtant à l’Anglais de découvrir le monde professionnel. Une aventure couronnée de succès, durant laquelle Vardy va marquer les esprits grâce à ses capacités athlétiques et son insatiable soif de buts.

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