AS Monaco
·11 avril 2025
L’Academy, la Ligue 2, le titre, Falcao… Les souvenirs de Valère Germain à l'AS Monaco

AS Monaco
·11 avril 2025
Avant le choc entre ses deux anciens clubs, l’ancien attaquant de l’AS Monaco, issu du centre de formation, a accepté de donner de ses nouvelles et d’évoquer ses meilleurs moments en Principauté.
Il a décidé de relever un nouveau défi au Japon. Après avoir connu une première expérience exotique en Australie, Valère Germain a rejoint le club de Sanfrecce Hiroshima il y a un mois et demi, afin de découvrir un autre football. Alors à la veille du sommet de la 29e journée de Ligue 1 entre ses deux anciennes équipes, l’AS Monaco et l’Olympique de Marseille, l’attaquant formé au pied du Rocher a pris le temps de donner des nouvelles et de se remémorer ses meilleurs souvenirs. Plongée dans une interview fleuve, avec la sincérité qu’on lui connaît. Entretien 🎙️
Bonjour Valère. Pour démarrer, comment se passe cette nouvelle aventure pour toi au Japon ?
C’est une expérience incroyable et un dépaysement total pour le coup ! L’Australie était déjà une destination très lointaine, mais au final c’est un peu le même mode de vie que le nôtre en Europe. Au Japon pour le coup, c’est synonyme de changement d’alphabet, ce qui complique pas mal de choses au niveau de la compréhension, notamment sur les panneaux de signalisation (sourire). Et puis c’est une culture totalement différente ! Mais pour une saison, je pense que c’était vraiment une aventure à vivre, avant de rentrer définitivement. On voulait faire découvrir cela aux enfants avec mon épouse, ainsi qu’aux membres de notre famille, qui viennent nous rendre visite. Ils ont découvert l’Australie, et aujourd’hui le Japon.
Sur tes premiers matchs, comment t’es-tu senti et quel est ton ressenti sur le football japonais ?
J’ai été très agréablement surpris honnêtement ! Même si c’est difficile de comparer les championnats, car c’est un autre football, mais il y a malgré tout beaucoup d’intensité et de rythme. Les joueurs sont très bons techniquement et ils sont très à l’écoute des coachs, donc tactiquement c’est également au niveau. Autant le championnat australien était un cran en-dessous, plutôt milieu-fin de tableau de Ligue 2, autant au Japon on se rapproche un peu de la Ligue 1 en termes de niveau. Et puis ici on se retrouve avec des stades pleins avec 25.000 à 30.000 spectateurs à tous les matchs et un niveau de jeu intéressant. C’est pour ça aussi que j’ai saisi cette opportunité, parce que de vivre ça avant sans doute la fin, c’était quelque chose qui ne pouvait pas se refuser.
Sens-tu un engouement grandissant pour le foot là-bas ?
Oui, d’autant que l’équipe nationale marche très bien dans son groupe de qualification pour la Coupe du Monde 2026, c’est même elle qui a obtenu en premier son billet pour la compétition. Ensuite, quasiment tous les joueurs de la sélection japonaise jouent à l’étranger en Europe, donc ça montre qu’il y a de la qualité. A l’image de Takumi Minamino à l’AS Monaco, même s’il était déjà connu avant d’arriver en Principauté, beaucoup de joueurs sont en train d’émerger ! Les Japonais sont de bons joueurs, assez vifs, pas très grands de taille mais très bons techniquement.
Et je pense que pour un entraîneur, avoir un joueur japonais est un régal parce que ce sont des gens hyper respectueux dans la vie de tous les jours, mais surtout sur le terrain, qui sont à l’écoute et qui se donnent à 100 % à chaque match. Honnêtement, je pense que certains clubs français devraient regarder un peu plus ce qui se passe en Asie, mais notamment du côté du Japon. D’autant qu’ils sont habitués à jouer dans de supers ambiances avec des stades pleins. Il y a quand même la barrière de la langue et de la culture, qui fait que le joueur doit avoir envie de s’expatrier, mais c’est un football très intéressant.
Avais-tu parlé à ton ancien coéquipier, Hiroki Sakai, avant de venir ici ?
Je lui avais posé quelques questions sur la ville d’Hiroshima effectivement, quand le club était intéressé. Même si au début, j’avais plutôt envie de finir mon aventure australienne. Finalement, ils m’ont rappelé deux trois semaines après les premiers contacts, et m’ont dit qu’ils voulaient vraiment me faire venir maintenant. Donc on a pesé le pour et le contre et on a décidé de tenter une dernière aventure à l’étranger avant de rentrer.
J’ai fait le choix de porter le 98 ! C’était une manière pour moi de montrer tout le respect et l'amour que j'ai pour l’AS Monaco et pour la Principauté. Je pense que ça a été très apprécié par les supporters.
Valère GermainSur son choix de numéro
Parle-nous de ton choix de numéro, un clin d’œil à la Principauté…
Au début de ma carrière à Monaco, j’avais le numéro 18 qui était le jour d’anniversaire de ma maman. Ensuite à Marseille et à Nice, c’était le 28, celui de mon père. Et en arrivant à l’étranger, comme on peut désormais porter des numéros au-delà de 50 (numéro compris entre 1 à 99), même en Ligue 1, ce qui n’était pas le cas avant, j’ai fait le choix de porter le 98 ! C’était une manière pour moi de montrer tout le respect et l’amour que j’ai pour l’AS Monaco et pour la Principauté. Je pense que ça a été très apprécié par les supporters.
Crédit photo : Sanfrecce Hiroshima
Pour revenir à ton histoire avec l’AS Monaco, on imagine que tout se bouscule dans ta tête lorsque tu penses à ce club ?
Oui, bien sûr ! D’autant que j’ai d’abord connu la formation ici à l’Academy, où j’ai laissé des souvenirs exceptionnels. On travaillait bien, que ce soit à l’école ou sur le terrain. J’ai d’ailleurs encore des amis avec qui j’ai été formé, non seulement en tant que footballeur, mais aussi en tant qu’homme ! D’ailleurs, si je pouvais payer un peu pour revenir ne serait-ce que quelques jours à cette époque-là avec les mêmes collègues, je le ferais tout de suite (sourire). J’ai notamment rencontré celui qui est devenu un très bon ami, Loïc Dufau. Il avait un an de plus que moi, car il est de la génération 89, mais j’ai vécu beaucoup de choses avec lui et on se remémore souvent les souvenirs de la formation.
C’était un bon aperçu avant tes débuts dans le monde professionnel…
Oui, d’autant que ça a mis un peu plus de temps que certains jeunes qui sortent à 17 ou 18 ans, puisque je rejoins le groupe à 21 ans. Malheureusement, cela coïncide avec la descente en Ligue 2 à l’époque. Mais comme je l’ai souvent dit, ça a peut-être été une chance pour nous les jeunes, et peut-être aussi pour le Club, pour repartir sur de bonnes bases. Pour ensuite vivre tous les succès qu’on a connus collectivement… Donc oui, j’ai tout vécu et voilà, j’ai toujours eu deux choix de carrière en tête quand j’étais jeune. C’était soit découvrir plusieurs clubs pour à chaque fois se remettre en question et tenter au passage de jouer dans un club dans lequel avait pu évoluer mon père (Marseille). Mais j’aurais tout aussi bien voulu rester dans le même club tout au long de ma carrière, ça m’aurait plû !
C'est quelqu'un qui a énormément compté dans ma formation, qui a toujours cru en moi durant les trois années que j’ai passées avec lui en équipe réserve.
Valère GermainA propos de Frédéric Barilaro
Au centre de formation, tu as connu un certain Frédéric Barilaro. Que peux-tu nous dire sur lui ?
Oui « Bari », c’est quelqu’un que je croise très souvent quand je suis à Monaco, étant donné que ma femme et mes enfants sont d’ici. Donc quand nous étions à Montpellier ou à Marseille et que nous avions du temps libre, c’est vrai que je croisais régulièrement Fred dans la ville ou sur les terrains des jeunes. C’est quelqu’un qui a énormément compté dans ma formation, qui a toujours cru en moi durant les trois années que j’ai passées avec lui en équipe réserve.
Avec un titre de champion en National 2 d’ailleurs en 2008 !
Exactement, on a remporté le championnat avec lui ! D’ailleurs, il est aussi en partie responsable de la réussite que j’ai eue dans ma carrière. Ça me fait toujours plaisir de le voir, et j’aurais sans doute l’occasion de le côtoyer davantage quand je rentrerai à Monaco.
Quand tu es passé chez les pros, il a d’ailleurs remporté la Coupe Gambardella en 2011, qu’il a regagné ensuite en 2016 et 2023. Signe de la qualité de la formation monégasque…
Bien sûr, même si cette qualité n’est plus à démontrer ! Quand on a 18 ans, on veut tous gagner la Coupe Gambardella et ça montre que le Club a des jeunes performants. Même si aujourd’hui, à cet âge-là, ils sont parfois déjà avec les pros. Je pense que le signe de la réussite monégasque, c’est avant tout de sortir des joueurs en professionnel chaque année… et de très bons joueurs ! Il y a eu des exemples dans le passé, et encore aujourd’hui quand vous voyez Maghnes Akliouche par exemple, qui est un pur produit de la formation rouge et blanche. Il y a une vraie place pour les jeunes dans le projet monégasque, donc ça donne envie aux jeunes en U14 de signer à l’AS Monaco !
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As-tu noué des liens très forts à l’Academy ?
Forcément, quand tu arrives au centre de formation à seulement 15 ans, tu es un adolescent et tu n’es pas préparé à partir de chez toi à à cet âge-là. Donc bien sûr tu te constitues une sorte de deuxième famille avec des amis qui peuvent être considérés comme des frères, et avec qui tu crées des liens qui sont forts, car tu vis ensemble 24 heures sur 24. On s’entraîne tous les jours ensemble, et j’étais même à l’école avec Loïc (Dufau), avec qui j’ai aussi passé le permis ! Avec Dennis (Appiah), c’est arrivé un peu plus tard, même si les liens sont devenus hyper forts à ce moment-là, loin de ta famille. Tu te crées des souvenirs à vie, et d’ailleurs aujourd’hui on part quasiment chaque été en vacances ensemble. Ce sont des personnes qui ont compté !
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Pour en revenir à tes débuts en pro’, il y avait pas mal de jeunes du centre à cette époque !
C’est clair, il y avait aussi Nicolas Nkoulou, Valentin Eysseric, Layvin Kurzawa qui ont également commencé à jouer à cette période-là, tout comme Yannick Ferreira Carrasco. Quand on fait la préparation estivale à l’été 2011 au moment de la descente en Ligue 2, on est en nombre dans l’effectif. Certains joueurs expérimentés commençaient à partir, donc nous nous sommes dits qu’il fallait assumer et essayer déjà de maintenir à flot le Club en Ligue 2, pour ensuite remonter le plus vite possible.
Laurent Banide puis Marco Simone me faisaient confiance et pour un début de carrière, j'étais plutôt satisfait de mes performances. Ensuite c’était difficile car on perdait assez souvent, mais j'ai su me rendre important sur les quelques premiers mois avec l'équipe première.
Valère GermainSur ses débuts en Ligue 2
Ça a été un peu compliqué les 4-5 premiers mois, car il y avait beaucoup de jeunes dont c’était la première année dans le monde professionnel. D’ailleurs, sans le rachat, je ne sais pas si nous ne serions pas descendus en National ! Car dès l’hiver, on a eu un mercato animé avec l’arrivée de neuf joueurs qui avaient connu des expériences à l’étranger. Ça nous a beaucoup aidé.
C’est dans cette période que tu marques ton premier but en professionnel…
C’est vrai que même si les quatre premiers mois étaient compliqués collectivement, d’un point de vue plus personnel, c’était mieux. Laurent Banide puis Marco Simone me faisaient confiance et pour un début de carrière, j’étais plutôt satisfait de mes performances. Ensuite c’était difficile car on perdait assez souvent, mais j’ai su me rendre important sur les quelques premiers mois avec l’équipe première. J’avais su saisir l’opportunité à ce moment-là, et même après quand le Club a été racheté et qu’il y a eu énormément d’arrivées, j’ai continué à saisir cette opportunité et à être dans le bon wagon.
Justement, comment se passe cette transition ?
En janvier on est dans les derniers de Ligue 2, alors qu’en fin de saison, on va finalement louper la montée pour quelques points. On termine à la 8e place, et on s’est dit que s’il y avait eu cinq six matchs en plus, on aurait pu prendre l’ascenseur. C’est vraiment lors de deuxième saison, lorsque Claudio Ranieri arrive, qu’on sent qu’on rentre dans une autre dimension. Il y a de nouveaux joueurs qui nous rejoignent comme Lucas Ocampos, donc on sait qu’on passe de l’équipe mal classée à une écurie qui vise le titre et la remontée en Ligue 1 !
Et c’est ce qu’on a fait en démarrant très fort, même si nous étions à la lutte avec pas mal d’équipes. Mais au final, c’est assez logiquement qu’on a remporté ce titre de champion, et ça reste d’ailleurs un des meilleurs moments de ma carrière, avec une super ambiance dans l’équipe. On gagnait quasiment tous les matchs, donc c’était une saison exceptionnelle avec du recul. Pour être honnête, comme on jouait le vendredi, on avait souvent samedi et dimanche libres, donc on sortait en soirée tous ensemble (sourire) ! Nous étions performants sur le terrain, et on se régalait en dehors.
Sens-tu à ce moment-là qu’il y a la naissance d’une vraie famille ?
Oui, en tout cas je sens que le Club repart sur de très bonnes bases. Même si on sait qu’il va y avoir beaucoup de mouvements, beaucoup d’arrivées, et qu’il va falloir s’accrocher au wagon si on veut rester dans ce gros projet ! Mais on sent que le Club est sur de bons rails, et on retrouve surtout un plaisir commun avec les supporters, de se dire que l’AS Monaco va redevenir une place forte du championnat français.
Personnellement, tu termines d’ailleurs dans l’équipe type des trophées UNFP…
C’était vraiment important pour moi de continuer sur la lancée de ma première saison. J’avais même porté plusieurs fois le brassard de capitaine, ce qui était un geste fort de la part du Club et du coach. Donc finir en plus dans le onze des trophées UNFP en fin de saison, ça montrait que j’avais été performant et que collectivement ça se passait très bien. C’était une année parfaite, car en parallèle de cette saison fantastique avec la création du quatuor avec Nabil (Dirar), Andrea (Raggi) et Suba’ (Danijel Subašić), je rencontre ma femme à ce moment-là.
D’autant que la fête ne sera que plus belle au Stade Louis II !
Une belle fête oui, avec l’envahissement du terrain au coup de sifflet final ! J’ai encore pleins de souvenirs en tête (il sourit). J’avais d’ailleurs fait des protège-tibias à l’époque avec des photos, notamment celle où l’on pose avec le trophée et tous les drapeaux.
Claudio Ranieri est-il un entraîneur qui a compté pour toi ?
C’est certain ! Je pense que c’est l’un des deux qui ont le plus compté, parce qu’on a toujours eu une relation particulière. Encore récemment, mon agent était en lien avec lui sur un dossier, et il lui a dit : « Vous passerez le bonjour à mon fils de ma part. » Venant d’un tel coach, c’est fort, c’est le « Mister » quoi ! Au-delà du grand entraîneur qu’il est, c’est quelqu’un qui en impose quand il rentre quelque part. C’est la classe incarnée, la classe à l’italienne ! Et puis c’est un homme qui a énormément apporté au Club, a beaucoup compté dans le renouveau monégasque, en faisant remonter l’AS Monaco dans l’élite dès sa première saison, avant de terminer second dans la foulée en Ligue 1.
Avec Falcao, James Rodriguez et Moutinho notamment, le mercato d’été 2013 était un peu fou !
Je me rappelle que l’on nous annonce l’arrivée de certains joueurs durant nos vacances. On se disait : « Ça y est, on change de dimension ! » Malheureusement, je me blesse un peu en fin de préparation, ce qui fait que je ne joue pas le début de championnat. En même temps, Manu Rivière démarre titulaire, l’équipe est très performante sur 5-6 mois et lui il flambe ! C’était tant mieux pour lui, mais malheureusement je traînais cette blessure au genou pendant quelque temps. Et puis en janvier, tout a changé parce que je me suis bien entraîné pour revenir, j’ai continué à être sérieux.
On a eu la chance, et le mérite un peu aussi, d'évoluer avec de très grands joueurs grâce à ce projet. Quand on regarde tous les postes hein, que ce soit Ricardo Carvalho, Jérémy Toulalan, Dimitar Berbatov, Radamel Falcao… c'est quelque chose d'exceptionnel !
Valère GermainSur les grands joueurs côtoyés à l'AS Monaco
Je me rappelle même que le coach Ranieri avait justement vanté ce sérieux devant tout le groupe lors d’un entraînement et m’avait remis dans le onze, avant même que Radamel Falcao ne se blesse. On avait d’ailleurs été titulaires une ou deux fois ensemble, et je pense que même s’il n’avait pas été blessé, j’aurais fini la saison avec lui en pointe. Puis il y a Dimitar Berbatov qui est arrivé ! J’ai même été plusieurs fois son capitaine, puisque le coach m’avait fait confiance, notamment lors d’un match à Lyon, où je marque et où on gagne 3-2. J’étais donc le capitaine de Berbatov, mais aussi João Moutinho ou encore Ricardo Carvalho, c’était fou !
Pensais-tu en début de carrière évoluer avec de tels joueurs ?
C’était une chance inouïe ! Comme quoi je pense qu’on a bien fait de s’accrocher, nous les jeunes formés au Club, pour accrocher le bon wagon. On a eu la chance, et le mérite un peu aussi, d’évoluer avec de très grands joueurs grâce à ce projet. Quand on regarde tous les postes, que ce soit Ricardo Carvalho, Jérémy Toulalan, Dimitar Berbatov, Radamel Falcao… c’est quelque chose d’exceptionnel !
Puis il y a le retour en Europe lors de l’exercice 2014-2015…
Même si au niveau personnel je connais un petit coup d’arrêt, on fait une saison magnifique notamment en Ligue des Champions, où on fait un très gros parcours même si je ne joue que des morceaux de matchs. En revanche, il y a l’éclosion de pas mal de jeunes, que ce soit Layvin Kurzawa, Yannick Ferreira Carrasco, Anthony Martial, Geoffrey Kondogbia et d’autres que je dois oublier. Cela a vraiment marqué le retour de l’AS Monaco au top dans le championnat de France et même en Europe, le retour du grand Monaco.
Ensuite tu reviens renforcé par un prêt très concluant en 2016-2017 pour une saison exceptionnelle !
A l’issue de cet exercice difficile, je fais le choix de me faire prêter pour jouer et montrer mes qualités. J’avais la possibilité d’aller à Guingamp ou à Nice, et l’OGC me permettait de ne pas changer mon quotidien, de rester dans la région. Alors oui, c’était difficile du fait de la rivalité, car c’est le Derby, et certains supporters l’ont d’ailleurs mal pris, ce que je peux comprendre. Mais ça permettait de ne pas déménager, de ne pas changer mes habitudes et de performer directement. Avec le recul, je pense que j’ai eu raison de le faire, parce que j’ai fait, individuellement, une très bonne saison à Nice, ce qui m’a permis de revenir encore plus fort à Monaco ! Et je pense qu’au final, les gens ont compris.
D’autant que la saison suivante démarre fort pour toi, avec un doublé au 3e tour préliminaire retour de C1 contre Fenerbahçe…
Ouais, c’est ça. Et pourtant au départ, on n’était pas forcément partis pour jouer dans un système à deux attaquants, mais avec Falcao seul en pointe, puisque Leonardo Jardim aimait bien le schéma en 4-3-3. Mais le Directeur sportif de l’époque, Antonio Cordon, qui était avant cela à Villarreal, m’aimait bien. Finalement pendant la préparation on essaie de jouer à deux attaquants et on fait des matchs amicaux très intéressants. Donc on conserve ce système, notamment contre Fenerbahçe, où j’arrive à marquer un doublé, et où Falcao inscrit un but également. Le coach décide alors de rester comme ça, et on commence la saison en 4-4-2.
À quel moment vous dites-vous que vous êtes partis pour faire une grande saison ?
(Il réfléchit) Je pense que la victoire au Stade Louis-II contre le Paris Saint-Germain fin août, quand on gagne 3-1, nous a fait prendre conscience et confiance de la qualité qu’on avait dans l’effectif ! On s’est dit : « Si on peut battre Paris qui est l’équipe la plus forte, si on est performants et qu’on reste sérieux, on peut battre tout le monde ! » Je me rappelle qu’ensuite on mettait des scores assez fleuves sur certains matchs. Et puis en Ligue des Champions, on était aussi assez performants !
Je ne sais pas ce qu'il nous a pris, mais on fait 17 victoires et seulement deux matchs nuls sur la deuxième phase. (...) On fait cinq mois exceptionnels, car on se sentait tous hyper forts… et ce n'était pas que le onze ! Tous les joueurs qui rentraient sur le terrain étaient impactants, et quand il y avait 2-0 à la 60e, on terminait le match à 4-5.
Valère GermainSur la lutte pour le titre en 2017
Parmi les cartons en Ligue 1, il y a ce match à Metz où tu marques avec le brassard de capitaine…
C’était très serré en début de saison, car nous étions trois équipes au coude à coude en deux points au moment du titre de champion d’automne. Il y a effectivement ce 7-0 à Metz, mais il y en a eu beaucoup d’autres. On savait que cette année-là était plus disputée et qu’il fallait performer. On est donc troisièmes à la trêve, avant de faire une phase retour incroyable à partir de janvier. Je ne sais pas ce qu’il nous a pris, mais on fait 17 victoires et seulement deux matchs nuls sur la deuxième phase. En parallèle, on arrive en finale de Coupe de la Ligue et on perd en demie contre le PSG en Coupe de France Ligue, en plus d’être très performants en Ligue des Champions. On fait cinq mois exceptionnels, car on se sentait tous hyper forts… et ce n’était pas que le onze ! Tous les joueurs qui rentraient sur le terrain étaient impactants, et quand il y avait 2-0 à la 60e, on terminait le match à 4-5.
Qu’est-ce qui a fait la différence selon toi pour réaliser ce parcours ?
Il y avait tellement une bonne ambiance dans le groupe, que même ceux qui étaient sur le banc étaient contents de faire partie de l’effectif ! Et ils avaient juste hâte de rentrer sur le terrain, parce qu’ils savaient qu’avec la qualité qu’on avait, même en ne jouant que 20 minutes, tu allais avoir une ou deux opportunités de pouvoir marquer. Et à la fin, même si tu ne jouais que 20 minutes mais que tu marquais et que l’équipe gagnait, tu était content de ta journée !
Vous dites-vous que vous êtes en train de faire un truc de dingue avec les anciens, Danijel, Andrea et Nabil ?
Oui bien sûr, surtout pour nous qui avions tout connu, en passant des bas-fonds de la Ligue 2 au retour dans l’élite et en Europe, jusqu’aux 3-4 années pour devenir champions de France de Ligue 1, c’est incroyable ! ! Ce n’est pas donné à tout le monde, surtout en connaissant une super épopée en parallèle en Ligue des Champions. On essayait de tenir tout le monde à flot, ce qui fait qu’on a toujours une relation très forte tous les quatre.
Dans cette saison 2016-2017, tu connais plusieurs moments forts, dont le but contre Dortmund où tu marques sur ton premier ballon…
C’est sûr que c’est un super souvenir ! Même si ça coïncide avec l’éclosion de Kylian Mbappé à partir de mi-février, ce qui fait que je jouais moins, après avoir joué toute la première partie de saison avec Falcao. Sur le moment ça pique un peu, mais avec le recul aujourd’hui, il était ultra performant et marquait à tous les matchs, donc il n’y avait pas d’autre choix que de le mettre. En tout cas, pour revenir à Dortmund, je rentre et au bout de 15 secondes, Thomas Lemar me met un magnifique ballon en profondeur pour le but qui scelle et la victoire contre le Borussia. À ce moment-là, on se qualifie pour les demi-finales de Ligue des Champions, donc c’est un moment vraiment très fort et une belle soirée européenne, qui restera un bon souvenir pour tous, pour le Club comme pour les supporters !
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D’autant qu’il y avait eu avant cela l’exploit contre Manchester City, avec cette tête de Tiémoué Bakayoko !
Lui qui ne marquait pas beaucoup (sourire) ! Comme quoi, tout était bien aligné pour que nous fassions une saison extraordinaire. Tout le monde marquait à des moments importants, et même quand l’équipe tournait peut-être un peu moins bien, il y avait un joueur qui n’avait pas encore marqué comme Bakayoko qui était décisif.
Niveau scénario incroyable, il y a aussi le match contre Dijon, crucial dans la course au titre…
Oui exactement, avec Radamel qui met deux coup-francs de l’espace, c’était presque irrationnel ! C’est certain qu’à un moment donné, il y a ce truc qui faisait qu’à chaque fois ça tournait dans notre sens. Tu te dis malgré tout que ça va s’arrêter. Typiquement ce match contre Dijon, nous ne sommes pas bons. On est malmenés, et puis Falcao sort deux coup-francs incroyables, un coup à gauche, un coup à droite ! Un match que tu ne gagnes pas sept fois sur dix normalement.
C’était forcément spécial pour moi, étant donné que j’avais été formé au Club, et que j’avais fait partie des capitaines du renouveau. Et puis ça symbolisait aussi la fin de saison, la dernière action de cette magnifique saison au Stade Louis-II !
Valère GermainAu sujet du but du titre contre Saint-Etienne
Pour revenir à tes buts les plus marquants, comment ne pas parler de celui contre Saint-Etienne pour valider le titre ?
En l’occurrence, il ne nous fallait qu’un point pour être champions si je me souviens bien, donc ce n’est pas celui-là qui fait la différence. Mais évidemment il est très symbolique ! D’autant que c’est la dernière action du match, car je crois que l’arbitre siffle dans la foulée. Donc oui, marquer le dernier but au Stade Louis-II la soirée du titre, en sachant que j’avais déjà marqué le premier but de la saison à domicile en Ligue 2, ainsi que le dernier but de la remontée dans l’élite… Donc c’était forcément spécial pour moi, étant donné que j’avais été formé au Club, et que j’avais fait partie des capitaines du renouveau. Et puis ça symbolisait aussi la fin de saison, la dernière action de cette magnifique année au Stade Louis-II !
Pour laisser place à une fête exceptionnelle par la suite…
C’est clair ! Tout était très bien organisé, et j’avoue que c’était magnifique de pouvoir soulever le trophée de champion chez nous, de pouvoir célébrer avec notre public. Même s’il n’y a pas eu d’envahissement de terrain cette fois-ci, mais ça nous a permis malgré tout de faire un tour d’honneur et que chaque joueur soit remercié et célébré comme il le méritait. On avait encore un match une semaine après à Rennes, ce qui nous a permis de pouvoir profiter pendant une semaine, même si on aurait aimé que ça dure encore plus longtemps !
Avez-vous gardé un lien particulier avec cette génération ?
Oui forcément ! Alors après chacun trace sa route et mène sa carrière de son côté. Mais on aura toujours une histoire en commune, écrite ensemble, de cette saison-là qui restera l’une des plus belles du Club, si ce n’est la plus belle, mais chacun aura son avis là-dessus. En tout cas, c’est aussi l’une des plus belles pour chacun d’entre nous, même si d’autres ont vécu des choses très fortes comme Bernardo (Silva) ou Fabinho. Malgré tout, on a écrit une page de l’histoire de l’AS Monaco tous ensemble pendant une année, en vivant des moments magiques de juillet à fin mai.
Est-ce que ça reste ton meilleur souvenir au Club ?
(Il réfléchit) Oui parce que c’est un titre majeur, et puis tu as la Ligue des Champions qui va avec et que tu ne peux pas dissocier. Mais je n’oublie pas non plus le titre de Ligue 2, car il a une valeur spéciale à mes yeux, peut-être plus sentimentale ! On avait un groupe de joueurs qu’on connaissait, il n’y avait pas de stars, personne ne nous connaissait, et on pouvait s’éclater sur et en dehors du terrain aussi. On sortait ensemble quasiment tout le temps avec les Gary Coulibaly, Eric Marester, le Brésilien Adriano, Dennis Appiah, Papy (Nampalys) Mendy… honnêtement on avait un groupe exceptionnel ! Mais forcément la Ligue 1 c’était fort aussi avec la C1 et le fait d’avoir battu Paris qui est était formaté pour gagner le championnat. C’était fantastique quoi !
Quel but a la plus grande signification pour toi avec le recul ?
Ce n’est pas le plus beau mais peut-être l’un des plus importants : celui contre Nice dans le Derby à domicile qu’on gagne 3-0 l’année du titre ! Sur un super centre de Benjamin Mendy, je me déplace bien dans les six mètres et je profite de ce magnifique ballon pour couper de la tête. Au-delà du contexte du classement serré entre Nice, Paris et nous, on perd le match aller 4-0, donc on avait vraiment à cœur de se rattraper.
C'est un souvenir magnifique, je me rappelle qu’en première mi-temps on les mange, on leur marche dessus physiquement, on est largement plus forts qu'eux ! (...) Non c'est sûr, ça reste une des plus belles soirées dans ma carrière personnellement, et certainement dans l’histoire de l’AS Monaco ! C'était une petite remontada contre Manchester City quand même, ce n'est pas n'importe quelle équipe !
Valère GermainLe match le plus mémorable
Il fallait absolument qu’on gagne ce derby pour faire tourner les choses notre sens. Donc ouvrir le score dans un match si important à ce moment de la saison au début du mois de février, c’était fort. Ça reste un moment très fort, d’autant plus contre l’équipe avec qui j’avais passé quand même une belle année auparavant, donc c’était symbolique pour moi.
Dans la même teneur, quel match gardes-tu le plus en mémoire ?
Alors c’est pareil là, c’est personnel mais je vais dire le match retour contre Manchester City en 2017. On perd 5-3 à l’aller, donc on se dit que ça va être compliqué, d’autant que c’est le City de Pep Guardiola. Il y a des monstres en face, tu pars avec deux buts de retard, et puis Radamel Falcao est absent car blessé. Ensuite je suis le deuxième capitaine du Club, donc je porte le brassard ce soir-là, en quart de finale retour de Ligue des Champions.
C’est un souvenir magnifique, je me rappelle qu’en première mi-temps on les mange, on leur marche dessus physiquement, on est largement plus forts qu’eux ! Ils ont ensuite un gros temps fort pendant 20 minutes en deuxième, et puis il y a ce but libérateur de Tiémoué Bakayoko. (Il s’arrête) Non c’est sûr, ça reste une des plus belles soirées dans ma carrière personnellement, et certainement dans l’histoire de l’AS Monaco ! C’était une petite remontada contre Manchester City quand même, ce n’est pas n’importe quelle équipe !
Avec le recul, quels sont les coéquipiers les plus forts avec qui tu as eu l’occasion d’évoluer ?
(Il réfléchit) C’est dur parce qu’il y a tellement de profils, tellement de joueurs à des postes différents ! James (Rodriguez) était exceptionnel, Kylian Mbappé aussi, mais j’ai quand même envie de dire Radamel Falcao ! Ce n’était peut-être pas le plus impressionnant, mais même dans un jour sans, il était capable de te faire gagner. C’est ce genre de joueurs que j’aime bien et qui sur un geste peut faire basculer le match. Ce ne sont pas forcément ceux qui vont te sortir des dribbles mais qui sont souvent là au moment où l’équipe en a le plus besoin.
Comme contre Dijon, lorsqu’il inscrit deux coup-francs…
Exactement ! Mais au-delà du joueur qu’il était, il est important de rappeler que c’était un super capitaine et un super coéquipier ! On ne s’envoie pas souvent des messages en dehors des anniversaires, mais c’est quelqu’un avec qui j’ai apprécié former un duo pendant quelques mois, avant que Kylian arrive pour bousculer un peu tout ça (sourire). Après dans les supers joueurs avec qui j’ai eu la chance de jouer, je suis obligé de citer Bernardo et Fabinho. Même Benjamin Mendy, qui fait une saison exceptionnelle à gauche, et qui est probablement le meilleur latéral que j’ai connu. C’était une sacrée génération !
Je veux les remercier pour l'attachement, le respect, et l'amour qu'ils m'ont témoigné pendant toutes ces années. Et je sais qu'ils savent que je ressens la même chose à leur égard. J'ai une histoire forte avec le Club, avec la Principauté, les supporters et tous les habitants de Monaco au-delà du foot, car mes deux enfants sont monégasques. Ici c'est la maison !
Valère GermainSon message aux supporters
As-tu un dernier mot pour les supporters monégasques qui t’ont gardé dans leur cœur ?
Bien sûr ! Déjà je veux les remercier pour l’attachement, le respect, et l’amour qu’ils m’ont témoigné pendant toutes ces années ! Et je sais qu’ils savent que je ressens la même chose à leur égard. J’ai une histoire forte avec le Club, avec la Principauté, les supporters et tous les habitants de Monaco au-delà du foot, car mes deux enfants sont monégasques. Ici c’est la maison ! Donc oui, je ne remercierai jamais assez le Club et bien sûr les supporters pour toute cette belle relation qu’on a eue toutes ces années. Et de toute façon, je vais revenir très vite à Monaco, et je reviendrai très souvent au Stade Louis-II ! D’ailleurs j’ai un ami, Julien, qui fait partie des plus fidèles soutiens et qui a récemment fait le voyage pour le match contre l’Inter Milan. Donc quand j’arrêterai un jour, je pense que ferai un déplacement comme ça, peut-être pas très loin, mais avec lui. Ça me fera plaisir de vivre cette expérience !