Fussball Meister
·10 août 2019
Fussball Meister
·10 août 2019
Comment occuper sa soirée du 31 juillet quand on est à München et qu’on est féru de foot ? Facile, me direz-vous. Audi Cup, Tottenham-Bayern à l’Allianz Arena, avec des billets à des prix décents, à partir de 25-30€. Impossible de privilégier un autre choix, à part si… OH TIENS LE TSV 1860 QUI JOUE CONTRE ZWICKAU A 19H AU GRÜNWALDER STADION. Allez, es geht los.
La 3.Liga ou paillettes d’un match de préparation alléchant entre le vice-champion d’Europe et le champion d’Allemagne ? Le choix est fait. Le foot ne serait pas le foot que l’on aime sans son inextricable part de romantisme nous faisant préférer une affiche de troisième division à une autre de haut niveau entre deux prétendants à la Coupe aux grandes oreilles.
L’occasion de découvrir ce fameux et historique Grünwalder Stadion, dans lequel le TSV Munich 1860 évolue de nouveau depuis 2017. Cette enceinte de 15000 places se situe dans le quartier d’Untergiesing, au sud de Munich. Pour les places du secteur debout dans le virage (Block 1. me concernant), il n’est possible d’acheter que des Kartenvorverkauf par Internet : pour récupérer son précieux sésame, il faut aller dans la file dédiée juste à côté des terrains d’entraînement du deuxième club de München. Dans ce petit local sont exposés une réplique du trophée de Bundesliga gagné par le club en 1966, ainsi qu’une de la DFB-Pokal (1964) que le club a également à son palmarès.
Réflexion du moment : quelle utilité des salles à trophées – la blague « surtout pour le Stade Rennais » ne marche plus depuis mai, mince – hormis faire prendre la poussière à ces objets remplis de gloire ? Ils sont quand même bien mieux quand exposés quotidiennement au regard amoureux des aficionados locaux. Une fois le billet en poche, direction le stade, situé à une dizaine de minutes à pied du centre d’entraînement. De nombreux fourgons « Polizei » encadrent les alentours, mesure préventive classique quand les supporters d’un club d’ex-DDR se déplace me souffle-t-on dans l’oreillette. Ils seront à peu près 800-900 fans de Zwickau à garnir les 1500 places du parcage du stade du TSV, de façon peu bruyante, me semble-t-il, depuis ma position dans le bloc 1.
Vrai stade de centre-ville, vétuste certes, aux tribunes disparates et non harmonisées il est vrai, mais avec une réelle âme. Un charme que n’ont pas les enceintes flambant neuves rectangulaires qui fleurissent un peu partout dans les quatre coins d’Europe et de Navarre. Vous me passerez volontiers l’instant romantisme indécrottable/réac’ du foot, mais il fallait que je le dise.
L’ambiance est géniale avant le coup d’envoi, et continuera à l’être au fil de la rencontre. Chants variés à la gloire du club, Westkurve en grande forme, supporters enthousiastes, drapeaux, dans un stade quasi plein : what else ? « Auf geht’s Löwen, schießt ein Tor!“ (Allez les Lions, marquez un but) . 33e minute. Bekiroglu entend l’injonction et ne se fait pas prier : il expédie son coup franc dans la lucarne de façon imparable, au grand plaisir du Grünwalder Stadion.
Domination territoriale des visiteurs, assez stérile. Pour ce qui est de la propreté des transmissions et de la qualité technique, on repassera. Beaucoup de déchet et de ballons rendus à l’adversaire. Je dois avouer que l’ambiance dans les tribunes captive davantage mon attention que le spectacle sur le pré vert. Les retardataires ont fait leur apparition, Ausverkauft, le stade a fait le plein en ces dernières heures du mois de juillet. Un mardi à 19h messieurs dames, en 3. Liga. PAYS DE FOOT ON VOUS DIT. D’ailleurs, si le kop situé de la Westkurve se taille naturellement la part du lion… du volume sonore du stade, les chants peuvent aussi bien partir des tribunes latérales à places assises.
Mi-temps. En Allemagne, pas de loi Evin qui prévaut, la bière dans l’enceinte du stade, c’est donc pour l’avant-match et la mi-temps – sauf pour les rencontres à risque. Impossible de me dérober à cette agréable tradition nationale. Il y a de très nombreuses buvettes dans les coursives du stade, les files rétrécissent très vite, l’attente est limitée : Deutsche Qualität. 4,10 la pinte d’Hacker Pschorr Münchner Radler (on fait mieux mais d’une qualité très correcte ma foi). Armé pour retourner dans le bloc pour la seconde mi-temps. Et c’est reparti.
Je fais la discussion avec un autochtone : le TSV est-il armé pour monter en 2. Liga ? Non, selon lui. L’équipe ne lui semble pas assez costaud pour viser une accession, et les finances du club sont de toute façon fragiles. Non, le vrai plaisir des supporters du TSV, c’est d’être revenu au Grünwalder Stadion : si les avis sont partagés entre partisans de l’Allianz Arena et ceux du stade historique au centre-ville, ce dernier a les faveurs d’une grande partie des personnes peuplant les virages et le Westkurve.
Sascha Mölders, ne compte pas ses efforts sur le front de l’attaque, mais de façon brouillonne. Pour les supporters de 1860, Mölders, c’est la mascotte emblématique du club. Trapu, pas très rapide, toujours prompt à haranguer le public : Mölders, ce serait un mélange atypique et improbable entre Carlos Tevez et Mathieu Duhamel – avec un niveau plus proche de celui du second nommé. Besogneux et volontaire, à l’instar de son équipe, il l’incarne depuis 2016.
Une équipe du TSV souvent imprécise techniquement, rarement concernée par des phases de longue possession, pas toujours à son aise sur les transitions attaque-défense. Bekiroglu, toujours lui, fait le break pour Munich 1860. Si Zwickau dominait plutôt les débats depuis le retour des vestiaires, le second but du TSV va mettre les locaux en confiance, poussés par un public enthousiaste. Le latéral droit Paul y va de son but pour porter le score à 3-0. « Einmal Löwe, immer Löwe ! ». (Une fois « lion », toujours « lion » !)
Le TSV obtient sa première victoire de la saison. Les victoires ne sont pas si fréquentes, encore moins avec une telle ampleur me fait-on comprendre, il faut donc en profiter. Direction Giesing, le quartier environnant, pour prolonger la frénésie de la victoire à grand renfort de houblon.
Merci à « @Grenattitude » de nous avoir partager son match ! Si vous souhaitez également raconter vos expériences Allemandes, n’hesitez pas à nous contacter par Twitter.