Lénac Vilain : "Un club de football n’est pas un objet de spéculation" | OneFootball

Peux-tu nous raconter ce qui explique la publication récente de cette BD sachant qu’il faut rappeler qu’il s’agit depuis 2012 de ta neuvième création ?

Je suis supporter du Red Star depuis que j’habite à Saint Ouen c’est à dire une dizaine d’années. J’ai commencé à être assidu au stade à la descente en National ce qui a été paradoxalement une bénédiction pour les supporters car l’année précédente les matchs avaient été délocalisé à Beauvais. J’assiste depuis cette époque à tous les matchs à domicile et je fais occasionnellement quelques déplacements.

En fait, j’écris quand un sujet décide de venir à moi et pour ce projet le déclencheur a été la rénovation du stade Bauer qui impliquait la destruction de tribunes centenaires mais plus encore le sentiment de rentrer dans une nouvelle ère du football.

Tu racontes la vie de la Tribune Rino Della Negra qui porte le nom d’un ancien joueur du club et grand résistant (mort à 20 ans) du Groupe Manouchian. Avec les travaux, cette tribune va-t-elle survivre dans ce nouveau stade rénové par le Groupe Réalités que nous connaissons bien à Nantes (projet Yellopark) ?

Elle le restera parce qu’avant tout son existence s’incarne à travers les supporters. Nous sommes d’ailleurs très inquiets sur sa reconstruction puisque le Groupe Réalités (propriétaire du stade) est en difficultés financières et que les travaux ont pris beaucoup de retard. Cette tribune c’est avant tout une communauté de 3 000 personnes composée de passionnés mais il faut bien le dire aussi de quelques personnes qui profitent de l’animation du groupe ultra des Red Star Fans.

Ton livre aborde avec légèreté des sujets importants qui concernent tous les supporters de football comme le prix des places et la programmation des matchs le week-end. Sachant par ailleurs que votre club appartient dorénavant à un fonds d’investissement étranger.

J’ai voulu faire une bande dessinée humoristique et agréable à lire sur un sujet qui concerne l’ensemble des supporters. Le rachat du club par les investisseurs américains de 777 Partners a été fait dans la plus grand discrétion et les supporters se sont retrouvés face au fait accompli.  Un club de foot n’est pas un objet de spéculation. Avec la multipropriété on ne fait pas grand cas de la réussite sportive des petits clubs. Face au foot business, les groupes ultras sont précieux car ils veillent au respect de l’identité d’un club. J’ai voulu à travers ce livre faire connaitre cette culture ultra. Le football populaire n’est pas juste un slogan. Notre club est très fort dans le merchandising pour mettre en valeur le côté « banlieue rouge » mais il faut aussi qu’une telle politique se traduise par des actes. L’argent dans le football de haut niveau est nécessaire mais l’investisseur doit respecter l’identité d’un club et ses supporters.

Le Red Star est cette saison en Ligue 2. Quel est ton sentiment et celui des supporters sur la situation du club ?

La situation est compliquée parce que le propriétaire du club n’est pas dans une bonne situation financière.  De nombreux supporters sont comme moi partagés sur l’idée de monter en ligue 1 ou pas pace qu' il y a le risque d’y perdre notre âme. Nous voulons garder cette fibre militante et sociale car notre club ne peut se résumer à de la performance sportive.

Nous vous conseillons vivement la lecture de cette BD qui va intéresser tous les passionnés de football car elle soulève des questions qui dépassent largement la situation du club audonien.  A lire sans modération.