Peuple-Vert.fr
·21 mars 2025
Ligue 1 : Un milliard de pertes ! Plusieurs faillites à venir ?

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·21 mars 2025
Les récents bilans financiers dévoilés par la DNCG révèlent une réalité alarmante pour les clubs de Ligue 1. Romain Molina alerte sur des pertes structurelles colossales, masquées par les ventes de joueurs et les aides exceptionnelles.
La Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG) a publié cette semaine les résultats financiers des clubs professionnels français. À première vue, les chiffres semblent déjà préoccupants : 280 millions d’euros de pertes cumulées pour les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 sur l’exercice 2023-2024. Mais pour le journaliste d’investigation Romain Molina, ce constat n’est que la partie émergée de l’iceberg.
En réalité, ces 280 millions d’euros ne tiennent compte que du résultat net après la prise en compte des ventes de joueurs, devenues essentielles pour équilibrer les comptes. Si l’on se penche sur les résultats avant transfert, ce sont près d’un milliard d’euros de pertes qui apparaissent. Pire encore, la saison dernière, les clubs ont bénéficié d’aides exceptionnelles : la dernière tranche du fonds CVC, soit 450 millions d’euros injectés, principalement à destination du PSG (130 M€), de l’OM et l’OL (50 M€ chacun), ou encore Lille, Monaco et Rennes (46 M€ chacun). Cette perfusion financière ne sera pas renouvelée cette saison. Or, les dépenses ont continué d’augmenter (masses salariales, commissions d’agents), sans réelle anticipation d’une baisse future des revenus (droits TV)
Certains clubs cumulent des déficits devenus totalement déconnectés de leurs moyens. Les Girondins de Bordeaux incarnent cette dérive. En Ligue 2, le club affichait une perte ahurissante de 58 millions d’euros sur l’exercice écoulé, pour moins de 22 millions d’euros de chiffre d’affaires. La masse salariale bordelaise dépasse les 38 millions d’euros, soit davantage que plusieurs clubs de Ligue 1. À cela s’ajoute une politique salariale incohérente et des commissions d’agents record : 22 % des revenus du club y sont consacrés. Une situation économiquement intenable qui a couté la relégation administrative du club.
Lorient, autre mauvais élève, enregistre 37 millions d’euros de pertes avant transfert, tout en connaissant une relégation sportive. Sa masse salariale dépasse, elle aussi, ses recettes. Seul le rapprochement avec Bournemouth, via le rachat du club, a permis de maintenir la tête hors de l’eau grâce à des transferts croisés.
Quant au Stade de Reims, longtemps présenté comme modèle de gestion, il affiche des pertes vertigineuses de 35 millions d’euros avant transferts, et une masse salariale en constante hausse. La situation du club champenois risque encore d’empirer avec la baisse des droits TV cette saison, mettant en péril la viabilité financière sur le moyen terme.
Si les clubs dits « moyens » inquiètent, les mastodontes de Ligue 1 n’échappent pas à la tourmente. Le Stade Rennais, pourtant soutenu par le groupe Pinault, affiche une anomalie flagrante : 111 millions d’euros de masse salariale pour 107 millions de revenus hors transferts. Une politique salariale étonnante.
À Marseille, malgré les 50 millions perçus du fonds CVC, le déficit reste conséquent : 44 millions d’euros avant transferts. Sans l’aide exceptionnelle, l’OM risque d’afficher des pertes encore plus lourdes dès cette saison.
Le constat dressé par Romain Molina n’est pas seulement un état des lieux : il sonne comme un avertissement. Cette fragilité économique chronique, reposant sur le trading massif de joueurs et des aides ponctuelles, expose les clubs français. La baisse programmée des droits TV pourrait précipiter plusieurs clubs dans un gouffre d'où il sera très difficile de sortir. Sans changement profond de modèle économique, plusieurs clubs risquent à terme de voir leur survie compromise.
Dans un contexte où l’UEFA durcit ses règles de contrôle financier avec le "sustainability regulation", la Ligue 1 pourrait rapidement se retrouver à la traîne face aux autres grands championnats européens.