MaLigue2
·29 juin 2021
MaLigue2
·29 juin 2021
Passer de la Ligue 2 à la Ligue 1, c’est beau. Mais c’est chaud, aussi. Le gap entre les deux championnats est souvent violent, parfois impossible à combler, et nombre de promus redescendent direct. Le souci, c’est que ces formations sont généralement un cran au-dessus en deuxième division, et remontent à nouveau, dans un cycle infernal, avant d’enfin se stabiliser, au plus haut échelon pro. Ou en L2… Ainsi, cet involontaire et non-désiré exercice du yo-yo n’est pas une gageure à l’ère moderne, les clubs promus étant confrontés à des équipes bien en places, mieux armées, plus expérimentées. Comment dès lors ne pas faire l’ascenseur, et arriver à s’arrimer et s’ancrer en première division ? Début de tentative de recherche de trouver des solutions.
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« On découvre cela avec un sentiment particulier, c’est indéniable. C’est même assez difficile à exprimer. Il y a de la joie. Mais il ne faudra rester dans ce seul état d’esprit. Il nous faudra être acteurs de notre saison. Bien sûr qu’il faudra garder ces étoiles dans les yeux, cette insouciance et cette cohésion qui ont fait notre force en L2. » Ces mots sont ceux de Jason Berthomier dans La Montagne, lui qui va découvrir la Ligue 1 avec Clermont. Pour la première fois de leur histoire. Une découverte démonstrative du ressenti habituel des promus : la Liguain, c’est trop bien. Il y a des Mbappé, des Marquinhos, Renato Sanches, Benjamin André, Camavinga, Andy Delort, ou encore Romain Thomas. Que des mastards, des stars à qui il est dur de tailler un costar.
Il s’agit dès lors de performer au max contre les grosses équipes, prendre les points contre celles de milieu de tableau, et battre les concurrents directs. Pour commencer, puis faire mieux, si possible. Pour ce faire, rien de mieux que l’expérience alors, avoir en son sein des joueurs qui ont déjà connu la L1, et qui savent à quoi s’attendre. Histoire de ne pas se retrouver comme le lapin devant les phares et les lumières du Vélodrome ou du Parc. Dans L’Est Eclair cet été, le retraité de Troyes Thomas Ayasse évoquait l’expérience, et la différence entre la connaissance de la L1 de certains joueurs de l’ESTAC, contrairement à ceux de Clermont. « Cela raccourcit le temps d’adaptation. Quand tu as déjà goûté à la Ligue 1, tu n’as qu’une envie, y retourner pour croquer dedans à fond. Et puis tu as déjà vu Paris, Marseille, donc c’est fini les photos dans les stades ; tu y vas pour faire quelque chose, avec les dents longues. 12 joueurs et 413 matchs de L1 au total, c’est déjà pas mal et ça donne un avantage sur Clermont.
Avoir cette expérience, c’est important quand les moments seront plus difficiles. Là, les cadres doivent être le relais de l’entraîneur et encourager le groupe à remettre le bleu de chauffe, à se concentrer uniquement sur le match suivant. L’intensité est supérieure dans le camp adverse. A la perte du ballon, ça va à 200 à l’heure. Il y aura une période d’adaptation, c’est pour ça qu’il faut recruter vite. Après, il n’y a pas que l’expérience qui compte, il y a aussi de très bons jeunes à prendre. A Brest, ils avaient pris les meilleurs joueurs de L2, pas des stars, des joueurs qui avaient tout à prouver, ils étaient à 800 % ! En fait, il faut un mélange de tout ça ».
Arles-Avignon l’avait eu dure en Ligue 1 à l’époque. 20 points pour conclure un exercice plus que compliquée…
Un mix d’expérience, de jeunesse donc aussi. En soi, les clubs qui montent profitent d’un apport d’argent plus conséquent, entre les sponsors qui rappliquent, les droits télé qui augmentent, et le reste. Ainsi, se servir de cette manne permet ou peut laisser espérer garder ses meilleurs joueurs. Ceux qui ont le niveau Ligue 1, qui ont fait monter leur équipe. Des Tardieu, Giraudon, Kouamé, ou le trio Dossou-Bayo-Allevinah devraient et devront être au niveau. Et surtout rester, sauf énorme offre. Mais bien entendu, les promus, de part leur structure ou leur passé en deuxième division, disposent de moins de thunes pour faire leur marché que leurs collègues de l’étage du dessus. Il faut dès lors recruter intelligent, ou de manière très ciblée ! Clermont n’a pas encore bougé par exemple, mais nul doute que le CF63 saura encore recruter avec l’oeil. Angers est un bon exemple à suivre concernant cela, avec des bonnes pioches en L2, et des joueurs récupérés en prêt ou dans des clubs de Ligue 1 (Pereira Lage, Diony, Mangani, Bernardoni…).
Mais l’argent est donc primordial, même si l’intelligence peut faire bien des miracles. Dans So Foot, l’entraîneur des gardiens d’Ajaccio Thierry Debès riait de cet aspect financier « Il nous manque juste des sous ! Parce que pour des équipes comme nous, être en Ligue 1, c’est fantastique, mais ce n’est pas “normal”. Car malheureusement, le foot est devenu avant tout une affaire d’argent. Du coup, on a du mal à attirer les joueurs de qualité, on ne peut pas rêver de Messi ou Ronaldo. On n’a pas l’argent pour rester compétitifs dans l’élite, surtout si on compare notre budget à celui des autres »
On évoquait Angers et son effectif plus haut, et le club a la dalle constitue peut-être le meilleur exemple à suivre pour se maintenir en Ligue 1. Les Angevins se sont construit patiemment, par étapes, menés de main de maître par le constructeur Stéphane Moulin. Avec Pierrick Capelle ou Mathias Pereira Lage, le SCO présente même un peu d’ADN clermontois. Reims est un autre modèle à suivre, tout comme Montpellier il y a quelques années, qui joue maintenant l’Europe. Le point commun de tous ces clubs est ainsi de ne pas se prendre pour d’autres, et de bâtir sans mettre la charrue avant les bœufs. Surtout, ces formations, leur montée, et leurs maintiens, prennent souvent le visage d’un personnage fort, homme idoine. Laurent Batlles et Pascal Gastien ont la tête de l’emploi dans le rôle du guide vers le maintien. Les deux entraîneurs sont de ceux qui construisent des édifices solides, avec des équipes qui jouent. D’ailleurs, le CF63 de Gastien ressemble lui aussi un peu à l’Angers de Moulin. Les moyens économiques plus importants pour s’ancrer en L1 viendront eux avec le temps. Et le maintien. De quoi vraiment donner envie de ne pas faire l’ascenseur.