Olympique-et-Lyonnais
·29 janvier 2025
Olympique-et-Lyonnais
·29 janvier 2025
Il n’y est pour rien et pourtant Paulo Fonseca ne va pas arriver dans le meilleur des climats. D’ordinaire, lorsqu’un nouvel entraîneur débarque dans un club, il est plutôt vu comme le Messie. Cela serait le cas pour n’importe quel club en crise en Ligue 1 en ce moment, mais pas à l’OL. L’accueil ne risque pas d’être des plus chaleureux pour le Portugais, même si nombreux sont les supporters à avoir appelé à ne pas faire payer la situation actuelle à l’ancien coach du LOSC. Cependant, c’est un fait, Fonseca n’arrive pas en terrain conquis, bien au contraire. Jeudi, s’il prend bien place sur le banc lyonnais pour la venue de Ludogorets, il devra faire avec l’ombre de Pierre Sage au-dessus de lui. Ce sera le cas pour quelques semaines certainement, bien plus si les résultats ne vont pas dans le bon sens.
Au moment de la présentation des équipes, personne ne pourra s’empêcher d’avoir une pensée pour Pierre Sage ou encore son adjoint Jamal Alioui. Car, dans le quotidien normal d’un club, ils auraient dû être encore en place pour cette dernière journée de Ligue Europa. Quarante-huit heures après l’annonce de la fin de mandat de Sage à la tête de l’OL, les têtes sont encore sonnées. Il n’y a qu’à lire le communiqué commun des groupes de supporters mardi en début de soirée pour comprendre que personne ne comprend en réalité. Enfin si, une personne : John Textor. Face à Ludogorets, le nom de Paulo Fonseca ne devrait probablement pas être sifflé. Celui du propriétaire américain un peu plus.
Car oui, à l’heure actuelle, un seul être cristallise tous les reproches et toutes les remontrances. En choisissant de se séparer de Pierre Sage après un mois décevant certes, mais qui n’avait pas forcément mis en péril les objectifs lyonnais, John Textor a mis le feu aux poudres. Il est le propriétaire et pourrait rétorquer qu’il fait bien ce qu’il veut et qu’il n’a de comptes à rendre à personne. Il n’aurait pas spécialement tort. Seulement, ce choix est peut-être celui que les supporters ont le plus de mal à accepter depuis sa prise de contrôle en décembre 2022. "Avec Sage, on avait retrouvé l’envie d’aller au stade, de regarder cette équipe. Ces derniers temps, ce n’était pas la folie, mais on avait foi en lui", nous confie Matthias, abonné en latérale au Parc OL.
C’était probablement là la plus grande force de Pierre Sage : réussir à être à la fois un entraîneur qui commençait à être respecté et un homme qui faisait l’unanimité. Un homme simple en substance qui avait les supporters dans la poche. "À chaque fois qu’on a pu le croiser, il a toujours donné de son temps pour faire des photos, se remémore Quentin. Il avait toujours un petit mot qui donnait l’impression de rien, mais qui est tellement rare dans le foot d’aujourd’hui". A-t-il finalement payé cette gentillesse au point de se faire débarquer dès la première secousse ? Pour les supporters, il a surtout payé "la folie de l’Américain", ce président capable de virer ses entraîneurs plus vite que son ombre, de quoi faire de la concurrence à Lucky Luke.
Pourtant, l’OL n’est pas le protagoniste d’une bande dessinée, mais bien un club à la recherche de son lustre d’antan et qui fait plus souvent parler de lui en dehors des terrains que sur. "Virer le coach de cette manière, c’est quand même assez petit. Et quand on voit le communiqué du départ, les mots utilisés et la longueur du texte… Sans dire de rendre hommage, mais il aurait pu y avoir une certaine classe des dirigeants sur le travail fait par Sage." John Textor a beau être en ligne de mire, c’est avant tout l’état-major de l’OL qui est visé par les critiques depuis deux jours.
Pendant une semaine, ce fut silence radio dans l’organigramme lyonnais pour faire taire les rumeurs, qui n’en étaient finalement pas. Laurent Prud’homme n’a pas vocation à parler de sportif, mais il a été plus facile de s’offusquer d’un mélodrame à Fenerbahçe sur une poignée de mains entre Sage et Mourinho plutôt que défendre le coach quand ce dernier s’estimait "fragilisé" par ce qui sortait dans la presse. Même chose pour Matthieu Louis-Jean qui est aujourd’hui la voix sportive de l’OL depuis sa nomination comme directeur technique.
Il avait plutôt bien usé de sa fonction pour dénoncer la "faute professionnelle" des Lyonnais à Bourgoin. Depuis ? Plus rien alors que les deux dirigeants étaient à Istanbul après les premières informations sur un remplacement du natif de Lons-le-Saunier. On dit souvent qu’un coach conforté par sa direction est souvent mauvais signe. Pierre Sage aurait certainement aimé avoir un peu de ce soutien médiatique, même de façade. Cela aurait pu éviter l’impression que tout était déjà réglé en coulisses.
Entre mercato et passage devant la DNCG ratés, vente des bijoux de famille et désormais cette éviction de Pierre Sage, John Textor accumule les points négatifs auprès des supporters. "Avec cette décision, l’OL a intérêt à avoir des résultats sur cette deuxième partie de saison, sinon ça risque de gronder fort", nous confie un habitué du GOLTC. Mais dans ce début de semaine morose, les Lyonnais espèrent être surpris. D’une bonne manière pour une fois et pas seulement en descendant d'un coup sec une bière au pied d'un parcage…