Olympique-et-Lyonnais
·17 novembre 2024
Olympique-et-Lyonnais
·17 novembre 2024
L’auditorium du GOLTC avait pris des airs d’amphithéâtre d’une faculté samedi matin à Décines. Les suiveurs de l’OL ont l’habitude depuis un an d’avoir droit chaque semaine à une leçon de football avec Pierre Sage, mais samedi, ce fut un tout autre spectacle. L’entraîneur lyonnais a eu beau être présent en fond de classe pour cette intervention, la prise de parole de John Textor a été bien moins stimulante que d’entendre Sage parler tactique avant un rendez-vous de l’OL. Les journalistes se sont transformés pendant une heure et demie en des élèves suivant un cours d’économie, avec une absence de distraction.
Pas de vidéos, pas de photos, pas de live-tweets sur les réseaux. Le message était clair : Textor était là pour faire son exposé et rien ne devait venir perturber cet oral, quitte à mettre entre parenthèses la fonction même du journaliste. L’Américain avait déjà bien répété la veille dans les bureaux de la DNCG mais cela n’avait pas vraiment porté ses fruits. Ça n’a pas forcément mieux fonctionné samedi en fin de matinée. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé et de mettre en avant un modèle qui a tout pour réussir, selon ses dires. Mais peut-il réellement fonctionner en France ? Les sanctions de la DNCG ont montré que la multipropriété n’était pas forcément adaptée dans notre pays et les tours de passe-passe de Textor pas complètement appréciés.
Le gendarme financier a clairement été dans le viseur du président lyonnais pendant le monologue d’une heure et demie. Seulement, Textor a compris comment cela fonctionnait et à chaque compliment fait, il y ajoutait une petite pique bien sentie envers l’autorité. Entre les deux, ce n’est clairement pas l’amour fou depuis la prise de contrôle de Textor et ce dernier n’hésite jamais à remettre une pièce. Ce fut le cas samedi. "À la DCNG, il y a des gens intelligents, mais ils travaillent dans un système et ne veulent pas regarder ce que l'on fait de manière globale. L'idée que quelqu'un vous dise comment gérer votre affaire, je trouve ça étrange."
Mettant clairement en doute les compétences de la DNCG, notamment sur les questions boursières, John Textor a également sous-entendu l’influence du Qatar dans les hautes sphères du football français. Néanmoins, il ne conçoit pas l’incapacité du gendarme financier à ne pas prendre en compte la stratégie globale d’Eagle Football Group et non juste de l’OL. Et c’est là tout le point de discorde de cette situation qui pousse le club à une rétrogradation à titre conservatoire. Textor pense international, la DNCG français…
Le multiclubs, John Textor n’a cessé d’insister dessus samedi matin, au point de perdre par moment son auditoire. Ce fut particulièrement le cas quand il a porté très haut son apport au sein de Botafogo et tout le bien qu’il pense du club brésilien. À ceux qui doutaient encore de savoir si le club brésilien était l’enfant chéri, le comportement et le langage de Textor à chaque fois qu’il évoquait Botafogo ne trompe personne. Mais là n’est pas la question.
En misant sur un modèle international, le patron d’Eagle Football estime être en capacité d’avoir les fonds nécessaires pour répondre aux inquiétudes de la DNCG et des supporters lyonnais. Aucune place au doute. "Nous sommes très optimistes sur notre modèle. Je vous le redis comme il y a un an, nous n’allons pas être relégués. Nous avons des ressources qui vont bien au-delà du club. Si tout échoue, nous avons des actionnaires avec des fonds, personne ne permettra au club d’être relégué. Si nous échouons sur les cinq opérations et les 700M, nos actionnaires ne vont pas permettre que le club soit relégué."
Dans ce cours magistral, John Textor a même pu compter sur son directeur général pour tenter de convaincre les sceptiques. "Ce ne sont pas que des projections, nous avons beaucoup d'actifs, a lancé Laurent Prud'homme. Pour l'IPO - la future entrée en bourse d'Eagle à Wall Street -, je peux comprendre que l’on parle de projection, car cela reste la Bourse. Mais pour Crystal Palace, on a quatre candidats, il y a Botafogo et ses joueurs… C’est du concret." Dans les chiffres, 75M€ de transferts de joueurs partagés (et une baisse de la masse salariale de 50M€ environ), 200 M€ pour la vente des parts de Crystal Palace (dont 75M€ reviendrait à l’OL) et 100M€ avant l'entrée en Bourse.
Dans toute cette partition de deux heures est forcément venue la question - l’une des rares accordées aux journalistes en fin de présentation - sur l’apport d’Ares Management et le crédit de 400 millions d’euros à lui régler. Face à une forme d’impatience, le prêteur pourrait-il faire pression et mettre John Textor hors-jeu ? Impossible, à entendre le patron, d’autant plus que le créancier n’a pas d’apport direct à l’OL.
"Ares Management est un prêteur privé au niveau de la holding, pas au niveau de l’OL et Eagle Football Group. Ce n’est pas de la dette, le niveau d’intérêt très élevé est typique de ce genre d’investissements. L’intérêt n’est pas payé en cash, il est rajouté au solde : une partie à 11%, une partie variable, en moyenne autour de 13%. Leur seule garantie sont mes actions, et celles des autres actionnaires. Je paierai cette dette dans quatre à cinq ans. Si Ares veut son argent, la seule personne pénalisée, c’est moi et les actionnaires. Ares, ce n’est pas le grand méchant loup, ne vous inquiétez pas d’Ares."
C’est le chef lui-même qui le dit : "don’t panic". Mais c’est peut-être bien le plus alarmant dans l’histoire…