Raphinha, toujours y croire | OneFootball

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Lucarne Opposée

·16 mars 2025

Raphinha, toujours y croire

Image de l'article :Raphinha, toujours y croire

Pour sa troisième année en Catalogne, le Brésilien réalise une saison remarquable avec à la clé des statistiques dignes de Messi ou Cristiano Ronaldo, quand ces deux joueurs dominaient la Liga. Histoire d'un parcours fait de résilience et d'espoir.

Une enfance pauvre

Originaire de Porto Alegre, Raphael Dias Belloli a grandi dans la favela de Restinga. Il s'agit de l'un des quartiers les plus grands et les plus peuplés de cette ville située au sud du Brésil. Raphinha a des origines italiennes par son père, Rafael Belloli, plus de trente millions de Brésiliens ont une descendance transalpine d'après certaines estimations, et sa mère est métisse. Son père est musicien dans un groupe de samba. Les conditions de vie de la famille sont précaires et le jeune Raphinha doit partager une chambre avec ses parents, son jeune frère et leurs animaux dans leur toute petite maison de Restinga. Très vite, il doit se débrouiller pour pouvoir jouer au football avec ses copains mais également pour se nourrir dans un contexte environnant d'une grande pauvreté. Dans un article pour The Players' Tribune, le Brésilien évoque son enfance difficile : « Restinga est très éloignée du centre-ville, si bien que pour certains matchs, nous devions partir le matin et rentrer le soir. Souvent, nous avions à peine la possibilité de manger, alors si un ami pouvait partager un peu de nourriture avec vous après le match, vous n'aviez pas à rentrer chez vous le ventre vide. D'autres fois, je n'avais pas les moyens de payer le voyage, ce qui me faisait pleurer, car je voulais tellement jouer. Mais un ami pouvait avoir une mère capable de payer le complément mensuel de la carte de bus et soudain, vous pouviez partir. » Il ajoute : « Lorsqu'aucun d'entre nous n'avait de nourriture, nous demandions à des inconnus dans la rue. Il fallait vraiment être désespéré pour faire ça, mais nous avions tellement faim. Le problème, c'est que les gens avaient peur de nous. Pensez-y : Vous venez de jouer au football, vous êtes sale et en sueur, vous avez peut-être quelques cicatrices et des bleus. Ils pensaient que nous voulions les voler, vous savez ? C'était vraiment triste, parce que nous voulions juste manger. Un biscuit, un morceau de pain… n'importe quoi. Je dois ajouter que j'ai rarement eu à mendier de la sorte. Mes parents travaillaient dur pour mettre de la nourriture sur la table. Mais nous n'étions pas riches ».


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À l'âge de 7 ans, Raphinha rencontre l'une de ses idoles et l'un des plus grands joueurs de football : Ronaldinho, le Ballon d'or 2005 étant lui aussi natif de Porto Alegre. Toujours pour The Players' Tribune, il raconte l'un de ses meilleurs souvenirs d'enfance : « Ronaldinho est né dans la communauté où j'ai grandi, mon père et mes oncles le connaissaient donc. J'ai toujours voulu être comme lui. Cette fête a eu lieu alors qu'il venait de commencer à jouer pour Barcelone, je crois. Je me souviens d'être arrivé dans cette immense maison et de l'avoir vu se tenir à la porte d'entrée, accueillir tout le monde et donner des accolades. Ce sourire, mec. Vous connaissez ce sourire. Quand il m'a vu, il m'a pris dans ses bras et s'est promené avec moi. Je me suis figé. Je ne savais pas comment réagir. Mais son charme peut faire fondre même le plus froid des enfants. Il traite tout le monde si bien, même les plus petits. Je suis presque sûr que c'est la meilleure fête d'anniversaire à laquelle j'ai assisté et ce n'était pas la mienne ». Depuis, les deux hommes ont développé une belle amitié : « Depuis, j'ai rencontré Ronaldinho à de nombreuses reprises et je me sens privilégié de le considérer comme un ami. Je suis encore plus impressionné aujourd'hui que lorsque j'étais enfant ! C'est irréel de passer du temps avec le gars que vous aviez l'habitude de regarder sur YouTube et à la télévision. Il regarde même mes matchs et me dit qu'il admire ma façon de jouer. Comment répondre à ça ? ».

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À l'instar de nombreux footballeurs issus de pays étrangers à l'Europe, Raphinha n'a pas connu le cursus classique du centre de formation. Il a appris le football dans la rue et également lors des várzeas. Ce sont des tournois indépendants organisés dans les quartiers où tout le monde peut jouer, le plus souvent dans des ambiances hostiles et des conditions difficiles. Le futur Barcelonais raconte : « On joue sur de la terre battue. Chaleur torride. Poussière et sable. Quelqu'un apporte une balle de chez lui. Souvent, il n'y a pas de filets, juste des poteaux. Des chasubles ? Oubliez-les. Une équipe joue torse nu. Et ces joueurs sont des rebuts. Ils jouent avec colère. Ils jouent pour survivre. Ils jouent comme si leur vie en dépendait. Nous étions dans les vestiaires avant le match et des gens frappaient à la porte. Je dis "frapper" mais, vous savez, ils essayaient en fait de la défoncer. Ils nous criaient toutes sortes de choses : "Si vous gagnez ce match, on vous tue, vous ne sortirez jamais d'ici vivants !". Heureusement, les menaces de mort n'étaient que des menaces. Nous savions que c'était les supporters locaux qui essayaient de nous prendre la tête. Mais on voyait souvent les chefs de la communauté se tenir autour du terrain avec des armes. On pouvait être sur le point de marquer un but quand un coup de feu éclatait au hasard. Laissez-moi vous dire que ça peut vous décourager ! ». Toutes ces expériences forgent Raphinha, l’endurcissent, le rendent insensible à la pression adverse. « Ces matchs m'ont rendu très fort. Quand je joue maintenant, je veux être hué. Je veux la pression et l'intimidation. C'est ce qui me fait avancer ». Les várzeas, c'est bien, mais ça ne remplit pas le réfrigérateur. Après avoir évité de plonger dans le trafic de drogue, grâce notamment aux conseils de sa famille, Raphinha, alors âgé de dix-huit ans, envisage sérieusement de tenter sa chance auprès d'une académie avec la perspective de mettre sa famille à l'abri. Mais les échecs se répètent auprès de l'Internacional, de Grêmio. Les clubs ont toujours une excuse pour refouler le jeune homme. Finalement, il intègre une équipe de jeunes à Imbituba, une ville portuaire et côtière de l'État de Santa Catarina, dans le sud du Brésil. Rapidement repéré par Avaí, juste avant ses dix-neuf ans, il rejoint les U20 de ce club basé à Florianópolis, à six heures de route au nord de Porto Alegre. Malheureusement, il se blesse pendant son test et quand il retrouve la forme, il est mis à l'écart de l'équipe, étant même contraint de s'entraîner tout seul. À ce moment, Raphinha pense abandonner ses rêves de footballeur professionnel et envisage même de devenir employé de supermarché ou coiffeur. Mais, lors d'un appel téléphonique, sa mère le dissuade de baisser les bras et le pousse à persévérer. Finalement, le jeune garçon s'accroche et démontre ses qualités lors de la Copinha 2016. Raphinha attire alors l'attention des recruteurs des grands clubs brésiliens, mais aussi et surtout de clubs européens.

Départ précoce en Europe

Après une approche du FC Porto, qui souhaitait alors un prêt, le joueur de dix-neuf ans rejoint le Vieux Continent et s'engage avec le Vitória de Guimarães. Un homme a facilité ce transfert et a contribué à l'essor de la carrière du Brésilien : Deco. L'ancien meneur de jeu du FC Porto, Brésilien de naissance naturalisé portugais, s'est d'abord reconvertit comme agent de joueur avant de devenir directeur sportif du Barça. Deco a supervisé Raphinha à la Copinha et l'a immédiatement fait signer dans son agence D20 Sports Management. Dans un premier temps, Raphinha évolue avec l'équipe B du Vitória pour l'aider à digérer ce transfert et s'acclimater à son nouvel environnement. Il fait ses grands débuts avec les Vimaranenses en mars 2016 et doit concéder la défaite contre Paços de Ferreira. Le jeune Brésilien est vite intégré à l'équipe première lors de la saison 2016/17. Une première saison réussie pour Raphinha avec une quatrième place pour son équipe et quatre buts pour son compteur personnel. Mais c'est lors de la saison 2017/18 qu'il s'affirme comme l'une des révélations du championnat portugais. Si le classement final de son club est moins bon avec une neuvième position, le Brésilien brille et enchante les foules avec la bagatelle de dix-huit buts en quarante-trois matchs (toutes compétitions confondues). Ses talents de dribbleur et de finisseur ne laissent pas indifférent l'un des gros clubs lusitaniens. Et dès mai 2018, son départ pour le Sporting Clube de Portugal est acté pour un transfert valorisé à 6,5 millions d'euros.

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Photo : Carlos Rodrigues/Getty Images

À Lisbonne, Raphinha se lie d'amitié avec Bruno Fernandes. Une relation qui a débuté avant même son arrivée au club comme il l'explique toujours pour The Players' Tribune : « Notre amitié a commencé avant même que nous ne devenions coéquipiers au Sporting. Dès qu'il a su que j'allais au Sporting, il m'a envoyé un SMS pour me dire qu'il avait hâte de jouer avec moi. Je sais que je serais arrivé au club très timidement si je n'avais connu personne avant, alors il m'a vraiment aidé à m'installer rapidement ». Une intégration facilitée par le meneur de jeu portugais mais également une source de motivation : « Le simple fait de le côtoyer est une source d'inspiration en raison de son comportement. Au plus haut niveau, je n'ai jamais vu quelqu'un travailler aussi dur que lui. Vous savez qu'il sera très difficile de faire ce qu'il fait, mais si vous essayez suffisamment longtemps et que vous écoutez ce qu'il dit, vous pourriez vous en approcher ». Le Brésilien de vingt-deux ans continue sa progression avec une saison couronnée de succès avec les deux premiers titres de sa carrière : la Coupe de la Ligue et la Coupe du Portugal 2018. Néanmoins, sur le plan personnel, une blessure l'a freiné et l'a empêché de réaliser une aussi bonne année que la précédente avec seulement quatre buts et autant de passes décisives. Pourtant, cela suffit à Rennes pour s'attacher ses services. Les Bretons n'hésitent pas à débourser vingt-et-un millions d'euro (record du club) afin de remplacer Ismaïla Sarr en partance pour Watford.

Une ascension express

En Bretagne, les attentes sont importantes. D'autant que le précédent record de transfert du club appartenait à un autre brésilien qui n'a pas laissé une trace impérissable en Ille-et-Vilaine : Severino Lucas, arrivé à Rennes en 2000 pour la somme de 150 millions de francs. D’abords avec le numéro 17 puis avec le 7 dans le dos, il anime l'aile droite des Rouge et Noir. Ses qualités de vitesse, son imprévisibilité balle au pied et sa technique soyeuse sont appréciées même si son irrégularité est pointée du doigt. S'il est capable de coups de génie, il lui arrive de disparaître dans un même match. Il se met définitivement les supporters dans la poche quand il signe à la 90+6e le but de la victoire (3-2) face à Nantes dans le derby après avoir égalisé à la 71e.

La saison est historique pour le club breton, puisqu'en raison de la pandémie de COVID-19 le championnat est interrompu à la 28e journée en mars 2020, et le Stade Rennais décroche pour la première fois de son existence son ticket pour la phase de groupes de la prestigieuse Champions League. Avec cinq buts et trois passes décisives, le Brésilien réalise une bonne saison. Mais alors qu'il avait signé un contrat de cinq ans, le Brésilien demande son transfert à Leeds à la toute fin du mercato estival et y signe pour un montant de dix-sept millions d'euro (et six millions en bonus). Pour France Football, Raphinha revient sur son expérience rennaise : « Ce qui m’a convaincu d’y aller, c’était l’ambition du club, mais aussi le projet qu’ils avaient pour moi, ainsi que la sincérité que j’ai ressentie de la part du président [Olivier Létang à l’époque]. Je ne regrette pas du tout ma décision, même si je suis parti au bout d’un an. Pour moi, c’est un grand club avec des infrastructures spectaculaires. Cette saison-là, nous avons réussi à nous qualifier directement pour la phase de groupes de la Ligue des Champions. La crise de la COVID-19 nous a un peu aidés, mais nous avons vraiment fait une excellente saison, en atteignant par ailleurs les demi-finales de la Coupe de France. Comme au Portugal, toutes les personnes que j’ai connues en France ont essayé de m’aider au maximum pour que je m’adapte, même si je ne maîtrisais pas du tout la langue et que ça compliquait un peu les choses. Je suis très reconnaissant d’avoir pu porter ce maillot et d’avoir aidé l’équipe à jouer la Ligue des Champions pour la première fois de son histoire. Rennes reste spécial pour moi, je continue à suivre l’équipe ».

Après avoir obtenu son billet pour la Premier League, une première depuis la saison 2003/04, Leeds est un promu ambitieux, dirigé par Marcelo Bielsa. Le Brésilien se souvient de sa première rencontre avec le technicien argentin : « Il est sorti de nulle part ! J'étais à mon premier entraînement à Leeds, mais il n'est apparu qu'après que nous ayons commencé. J'étais seul, en train de jouer avec le ballon, quand quelqu'un m'a donné un coup dans le dos. Je me suis retourné et il était là : Bielsa. Pour être honnête, j'étais anxieux. Beaucoup de gens m'avaient dit : "Wow, tu vas travailler avec Bielsa", alors je savais que c'était une grosse affaire. Mais Marcelo est l'entraîneur le plus humble qui soit et il m'a tout de suite détendu. Il m'a souhaité la bienvenue à Leeds et m'a dit qu'il était là pour m'aider, ce qu'il a vraiment fait. Au cours des premiers mois, il arrêtait l'entraînement, me prenait à part et m'expliquait où aller et quelles décisions prendre. Je lui dois beaucoup ». En raison de son arrivée tardive dans l'effectif, Raphinha ne fait ses débuts sous ses nouvelles couleurs que le 19 octobre 2020 à l'occasion d'une défaite (0-1) contre Wolverhampton. Titularisé face à Arsenal (0-0), il marque son premier but pour les Peacocks lors du succès à Goodison Park, l'antre d'Everton. Son adaptation au jeu britannique est rapide comme l'avait prédit son ami Bruno Fernandes. Le Mancunien lui avait envoyé un sms dans l'avion qui l'emmenait vers Leeds pour lui dire que son style conviendrait parfaitement en Angleterre. Ailier percutant et incisif, il ne tarde pas à enflammer les supporters d'Ellan Road. Le Brésilien s'éclate sous les ordres de Bielsa. Capable de gagner 5-2 contre Newcastle, son équipe peut la semaine suivante prendre le bouillon face à Chelsea (2-6). L'objectif du maintien est facilement atteint pour le fantasque technicien sud-américain avec une neuvième place au classement général. Auteur de six réalisations et neuf passes décisives, Raphinha est l'un des joueurs clés de la saison du promu. Pourtant un fait de jeu a failli ternir la fin de l'exercice pour le Brésilien.

Après un gros choc avec Fernandinho contre Manchester City, l'ailier a dû subir une intervention chirurgicale. Il raconte : « Fernandinho m'a frappé violemment à la cuisse. Je suis encore habitué au várzea, où l'on met de la glace et on continue. Il n'y a pas de sang, il n'y a pas de faute ! Il faut se casser la jambe pour avoir de la sympathie ! J'ai donc dit à Marcelo : "Ne t'inquiète pas, dans deux ou trois jours, je serai rétabli". Mais lorsque je suis rentré à la maison et que j'ai enlevé le bandage, ma jambe gauche enflait. Elle était deux fois plus épaisse que la droite. Ma tension artérielle a chuté. J'ai appelé un médecin qui m'a emmené à l'hôpital. La douleur était si forte qu'il a fallu m'anesthésier. Je ne pouvais plus marcher. Je ne pouvais même pas monter dans la voiture. Apparemment, j'avais ce qu'on appelle un hématome interne. Les médecins ont dit qu'il fallait m'opérer pour retirer tout le sang. Je n'avais jamais été opérée auparavant. Ils ont également dit que je manquerais le reste de la saison, même si j'avais parfois l'impression que j'allais perdre ma jambe. Dieu merci, ils n'ont pas trouvé de caillot sanguin, comme ils l'avaient craint. J'ai passé la nuit sur place à prendre des analgésiques et des médicaments. Le lendemain matin, je suis rentré chez moi et, au bout de trois jours, j'ai pu mettre les béquilles de côté. Mais la douleur est revenue. On a dû me retirer encore plus de sang de la jambe. Je suis allé à l'hôpital quatre fois - quatre fois, mec - et les médecins ont drainé près de 100 millilitres. C'était affreux ». Finalement rétabli plus vite que prévu, il a pu rejouer et finir la saison.

Si sa seconde saison dans le Yorkshire est beaucoup plus aboutie d'un point de vue personnel, puisqu'il termine meilleur buteur de son équipe avec onze buts et trois passes décisives mais également l'attaquant à avoir récupérer le plus de ballon dans le tiers médian du terrain, ce qui lui vaudra d'être décrit par son coéquipier Adam Forshaw comme « footballeur de rue en colère ». La saison 2021/22 de Leeds est beaucoup plus compliquée que la précédente. En difficulté dès le début de la campagne de Premier League, les résultats mettent fin à l'idylle entre Marcelo Bielsa et le club du Nord de l'Angleterre, Jesse Marsch prenant le relai. L'Américain (du Nord) remplace son homologue du Sud et réussit in extremis à sauver le club de la relégation avec une 17e place assurée lors de la dernière journée de championnat grâce notamment à un penalty transformé par Raphinha. Ses prestations ne laissent alors pas insensibles les ténors de PL. Chelsea et Leeds trouvent même un accord sur un transfert d'un montant de cinquante-cinq millions de livres sterling. Tottenham et Arsenal sont également sur le coup. Mais finalement, et malgré ses problèmes financiers, c'est Barcelone qui rafle la mise pour un montant de cinquante-huit millions d'euro (soixante-cinq avec bonus). La volonté du joueur de rejoindre la Catalogne a fait pencher la balance en faveur des Blaugranas. Après deux saisons remarquées en Angleterre, le Brésilien de 25 ans s'apprête à découvrir son quatrième pays et son cinquième club européen.

La consécration à Barcelone

En raison de problèmes d'enregistrement, Raphinha est initialement présenté au public sans numéro sur son maillot. Englué dans un marasme économique et terriblement endetté, le Barça doit vendre des joueurs pour pouvoir enregistrer des joueurs et procéder à de nouvelles signatures. Après une année 2021/22 compliquée (et sans titres) avec trois entraîneurs différents (Koeman, Sergi et Xavi), Joan Laporta veut mettre un terme à cette période de disette inhabituelle pour les Catalans. En dépit des problèmes financiers, il offre à Xavi un mercato XXL avec notamment les arrivées de Koundé (50M€), Lewandowski (45M€), Alonso, Bellerín, Christensen et Kessié (libres). L'ancien n°6, légende du club, a désormais du matériel pour concurrencer le rival de toujours : le Real Madrid, champion d'Espagne en 2020 et 2022. L'adaptation de Raphinha à ce nouveau cadre est plus problématique que lors de ces précédentes mutations. Le Brésilien doit assumer le prix de son récent transfert et il se retrouve face à une rude concurrence avec la présence de l'international français Ousmane Dembélé. Une concurrence entretenue par le coach catalan, désireux de mobiliser ses deux joueurs tout au long de la saison. La bonne forme de l'ancien joueur de Dortmund et l'irrégularité des performances de Raphinha, quand Dembélé a été blessé, ne laissent pas une très bonne impression pour sa première saison même si l'ailier a de bonnes stats avec sept buts et autant de passes décisives en trente-six apparitions. Dominateurs, les Catalans sont sacrés champions d'Espagne 2022 avec dix points d'avance sur les Merengues. Ce n'est d'ailleurs pas le seul titre obtenu cette année-là avec également un succès en Supercoupe d'Espagne contre le Real (1-3).

Annoncé sur le départ pour combler une partie de l'immense déficit barcelonais, Raphinha reste finalement dans son club pour une deuxième saison. Expulsé dès le premier match, le Brésilien rate son début de saison. Débarrassé de Dembélé, parti au PSG, il voit débouler en provenance de la Masia, le centre de formation du Barça, un très jeune talent de six-sept ans dénommé Lamine Yamal. Malgré le soutien de Xavi, le Brésilien a du mal à répondre aux attentes des supporters et de la direction du club. Profitant d'une blessure de l'ancien joueur de Leeds, Yamal marque des points. Néanmoins, si Raphinha a des difficultés en championnat, il brille sur la scène continentale. Impliqué à sept reprises (trois buts et quatre passes décisives), Raphinha marque notamment un doublé au Parc des Princes lors de la victoire barcelonaise. Cela sera insuffisant pour continuer au-delà des quarts de finale puisque l'expulsion de Ronald Araújo au match retour condamne Barcelone. Finalement, le titre de champion retourne à Madrid. Le Real inflige à son tour dix points d'écart à son dauphin catalan. Soit l'exact opposé de la saison précédente. Cette année blanche est fatale à Xavi qui est remercié par le Président Laporta. La saison de Raphinha laisse un goût d'inachevé malgré, encore, un bilan statistique flatteur (dix buts et treize passes en trente-huit matchs toutes compétitions confondues).

À l'aube de la saison 2024/25, le club est toujours à la recherche de liquidité pour combler son déficit. Étant l’un des joueurs les plus bankables de l'effectif, Raphinha est fortement sollicité pour un juteux transfert. Le club saoudien d'Al-Hilal a fait une offre de quatre-vingt-dix millions d'euro pour le débaucher de Catalogne et Deco fait savoir à son agent qu'il devait lui trouver une porte de sortie. Mais la volonté du joueur de rester et de s'imposer à Barcelone couplée à l'arrivée du nouvel entraîneur Hansi Flick ont eu raison de cette opportunité, restée lettre morte. Le technicien allemand est convaincu par le Brésilien. Conscient de son importance, il le nomme comme l'un des capitaines de l'effectif. Mais ce n'est pas tout. L'ancien coach du Bayern décide de changer la tactique du Barça. Parfois numéro 10 en soutien de Lewandowski et avec deux ailiers à ses côtés, le plus souvent dans son couloir gauche avec une grande liberté, Raphinha est promu un temps capitaine du Barça et se libère. Le résultat est immédiatement payant pour le Brésilien. Dès le premier mois de compétition, il délivre trois passes décisives en trois rencontres et claque un triplé contre Valladolid (7-0). Un peu plus tard, il récidive en Champions League face à un adversaire d'un autre standing : le FC Bayern Munich (4-1). Trois jours après ce match européen, Raphinha illumine le Clásico avec une passe décisive et un but pour une victoire 0-4 au Bernabéu. Beaucoup plus régulier, le Brésilien semble s'être libéré d'un poids ou d'un frein et est devenu l'un des joueurs majeurs de l'effectif catalan. Pour le magazine France Football, il explique les raisons de cette libération : « la confiance est primordiale pour bien faire son travail. Pas seulement dans le football, dans n’importe quel domaine. Alors qu’il y avait déjà des rumeurs de départ la saison dernière, Xavi ne cessait de me répéter qu’il comptait sur moi. Il a été décisif dans mon arrivée au Barça. S’il n’avait pas été là, je ne porterais pas ce maillot. Je ne peux que lui dire merci. J’étais convaincu qu’à force de travail, je finirais par devenir un joueur important pour l’équipe. Quand son arrivée a été officialisée, Hansi Flick m’a appelé et m’a dit que je faisais partie des joueurs sur lesquels il comptait s’appuyer, sans me connaître et sans m’avoir vu m’entraîner. Ça a beaucoup compté dans ma décision de rester. Je savais que je serais un joueur important pour l’équipe. Flick m’a permis de travailler en toute sérénité pour atteindre mon meilleur niveau. Pour être à son maximum, on doit être mentalement fort. Toute personne qui travaille dans un domaine exigeant, physiquement et mentalement, doit chercher du soutien s’il en a besoin et c’est ce que j’ai fait. Cela a été très important pour moi de travailler cet aspect-là, à un moment où je connaissais des difficultés et où je baissais un peu les bras. Ce travail mental m’a beaucoup aidé à retrouver mon calme et la confiance nécessaire pour bien faire les choses ». L'une des raisons, en plus du travail mental sur lui-même, a été la nomination en tant que l'un des capitaines de l'équipe, brassard avec lequel il a évolué à dix-huit reprises en trente-huit parties. Il développe : « être capitaine, ce n’est pas seulement porter le brassard, c’est aussi un comportement à avoir dans le vestiaire. Un capitaine doit se battre, dans le bon sens du terme : pour le club, pour le maillot qu’il porte, pour ses coéquipiers. Il doit viser l’excellence, aider les plus jeunes comme les plus âgés et apprendre d’eux aussi. ­Partout où je suis passé, j’ai toujours veillé à ce que tout le monde se sente bien au sein du groupe. Je fais de mon mieux pour accueillir les nouveaux, qu’ils viennent du centre de formation ou de l’extérieur ».

Reste que l’une des plus grandes qualités du Brésilien est sa résilience, le fil rouge de sa carrière. « J’ai toujours rêvé de porter le maillot du Barça. C’était un rêve lointain, mais je savais qu’avec du travail et de la détermination, je pouvais m’en rapprocher. Chaque étape que j’ai franchie a été importante pour réaliser ce rêve. Tant de Brésiliens ont contribué à écrire l’histoire de ce club : Ronaldinho, Romario, Rivaldo, Neymar… C’est à mon tour d’emprunter ce chemin et d’écrire ma propre histoire avec ce maillot. Je suis convaincu que je peux le faire ». En dépit des difficultés, Raphinha ne dévie pas d'objectif : « Durant les quatre dernières fenêtres de transferts, on m’a envoyé dans je ne sais combien d’endroits différents. Pour ma part, je suis toujours resté focalisé sur le Barça. Surtout, j’ai un contrat que je compte honorer [jusqu’en juin 2027]. Les rumeurs vont et viennent. Moi, ce qui m’importe, c’est la confiance que me montrent les gens au sein du club. Si ceux qui travaillent avec toi au quotidien sont satisfaits, c’est l’essentiel. Je savais ce que je valais, ce que je pouvais apporter, et je ne regrette absolument pas d’être resté ». À nouveau décisif récemment pour la qualification de son équipe en quarts de finale de Champions League, avec un doublé et une passe décisive, il devient alors le meilleur buteur de C1. Lui, qui a déjà remporté la Supercopa contre le Real Madrid avec le même tarif personnel (doublé, passe dé), a désormais la possibilité de remporter d'autres titres avec les Blaugranas en 2024/25. Avant, peut-être, de rejoindre son idole et ami Ronaldinho au palmarès du Ballon d'Or.

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