Furia Liga
·17 décembre 2020
Furia Liga
·17 décembre 2020
Arrivé en juillet 2019 pour remplacer Guti sur le banc d’Almería, José Manuel Gomes a survécu à une élimination dans les barrages d’accession et à un début de saison poussif dans un club grand consommateur d’entraîneurs. La stabilité a du bon : l’ancien coach du Maritimo a enchaîné une série de 7 succès consécutifs et dépasse les chiffres d’Unai Emery qui avait guidé l’équipe andalouse vers la Liga.
Difficile de retrouver les ors de la Liga quand on descend en Segunda. Ce qu’on espère temporaire peut s’éterniser. Cádiz a attendu 13 ans avant de remonter. La UD Almería n’attend que depuis 5 ans mais commence à trouver le temps long. En 2016, les Rojiblancos ont été à 1 point de la chute en Segunda B; en 2018, leur salut a été possible grâce aux confrontations directes contre la Cultural Leonesa. Après un regain de forme en 2019 où le club termine 10e, les Indálicos connaissent un révolution de palais avec l’arrivée du Saoudien Turki Al-Sheikh, personnalité sportive arabe la plus influente en 2017 et notamment ancien président d’honneur du grand club égyptien Al-Alhy. Il opère un grand ménage dans l’effectif et recrute à tour de bras à des tarifs imbattables pour la Segunda. Grand consommateur d’entraîneurs, il en use 4 lors de la 1re saison : Óscar Fernández (qui ne dirige… aucun match avant d’être viré !), Pedro Emanuel (14 matches), Guti (22 matches) et Mário Silva (7 matches). Pourtant, la saison n’a pas été catastrophique, loin de là puisque les Rojiblancos ont atteint les barrages d’accession en Liga, éliminé en 1/2 finale contre Girona. Depuis le 27 juillet, c’est José Gomes et il tient depuis 6 mois. Mieux : il réussit.
Face à cette gloutonnerie d’entraîneurs, José Gomes est un vrai miraculé. Car après un départ canon avec 3 succès en 3 matches, Almería a connu un creux avec une série de 3 revers de rang Turki Al-Sheikh a alors essayé un produit dont il ne disposait pas encore : la patience. Bien lui en a pris. Et même très bien puisque les Rojiblancos sont devenus tout simplement inarrêtables ou presque. Depuis la 7e journée et un nul contre Cartagena, leur racha est sans équivoque : 9 victoires, 2 nuls et 1 défaite lors de la 16e journée contre le RCD Mallorca, un candidat très sérieux à la montée avec qui la UD partage pour l’instant le « titre » de meilleure équipe à l’extérieur avec 21 points pris hors de leurs bases. Avec 38 points acquis après 18 journées, les Indálicos ont même dépassé l’équipe d’Unai Emery (31 points à la même période) qui était montée en Liga pour la première fois de son histoire avant d’accrocher la 8e avec Diego Alves, Bruno Saltor, Felipe Melo et Álvaro Negredo. Les chiffres obtenus pas Javi Gracia (34 points) et Pedro Emanuel (32 points) sont également largement dépassés.
José Gomes connaissait déjà une bonne partie de l’effectif d’Almería avant de signer en Andalousie. « Quand j’étais l’adjoint de Jesualdo à Porto, Pedro Emanuel était le capitaine, explique-t-il dans une interview pour Diario AS en septembre dernier. J’ai suivi son parcours en raison des liens que nous avions et j’ai regardé ses matches ». Il a donc très tôt pris conscience de la difficulté de la Segunda, un championnat long et difficile. « Il y a un gros niveau, avec de très bons joueurs, poursuit-il. Certains sont très expérimentés, avec de grandes capacités pour rendre la division forte. D’autres sont très jeunes et viennent de centre de formation où il y a beaucoup de qualité avec cette énergie, cette dynamique ».
A Almería, la difficulté est majorée car, pour reprendre les termes de Marca, c’est une Tour de Babel. Sur les 28 joueurs de l’effectif, 14 sont étrangers, soit 11 nationalités, un record en Segunda. Pourtant, l’entraîneur portugais qui a été marqué par ses expériences avec Jesualdo et Juan Antonio Camacho est parvenu a tiré la quintessence de son groupe. « Je me donne corps et âme. Cette façon d’impliquer totalement, je pense que les joueurs la ressentent. Je vis avec beaucoup d’émotion tout ce que je fais. Ils perçoivent cet amour et je crois que, finalement, cela nous aide à obtenir ce que nous voulons ».
Suivi dans toute l’Europe, Darwin Machís est parti à Benfica pour 24M€ cet été. Malgré cette perte conséquente, elle était prévisible et programmée. Mieux : elle a été digérée. Cette somme a permis de recruter et de bâtir une équipe capable de tenir pendant 42 journées, voire davantage en cas de participation aux barrages d’accession : Lucas Robertone (Vélez. 6.40M€), Umar Sadiq (Partizan, 5M€), José Carlos Lazo (Getafe, 4M€), Cristián Oliveira (Rentistas, 2M€), Nikola Maras (Chaves, 1.3M€) et Juan Villar (Osasuna, 450.000€). Le club a aussi réussi quelques jolis coups en récupérant gratuitement Álex Centelles (Valencia), Chumi (Barça), Ager Aketxe (Depor) ou encore Largie Ramazani (Manchester United U23) ou en obtenant les prêts de Manu Morlanes et Jorge Cuenca (Villarreal), Fran Villalba (Birmingham City), Pedro Mendes (Sporting CP) et Jordi Escobar (Valencia).
Pour l’heure, les temps de passage sont excellents avec, outre les 38 points au compteur, 21 buts inscrits (2e meilleure attaque derrière l’Espanyol et à égalité avec Mallorca) seulement 12 encaissés, soit la 3e meilleure défense ex-aequo avec le CD Mirandés. Almería est en confiance avant d’affronter l’Espanyol, 2e du championnat (dimanche à 16h). Emmené notamment grâce au 6 buts du Nigérian Umar Sadiq, buteur lors de la dernière journée disputée pour Málaga, le « grand frère » détenu par la famille Al-Thani, José Corpas (7 réalisations) et la charnière Nikola Maras-Jorge Cuenca qui fait des merveilles, les Indálicos et José Gomes sont dans une situation optimale avant de bientôt aborder la phase retour. Cependant, et c’est valable pour toutes les équipes de Segunda, la vérité de décembre est rarement celle de juin. La UD parviendra-t-elle à retrouver l’élite ou Turik Al-Thani retrouvera-t-il ses réflexes passés ?
François Miguel Boudet