ENTRETIEN. Michel Audrain (Avranches) : "C'est un tournant de la saison des Girondins" | OneFootball

Dans cette deuxième partie de l'entretien avec Michel Audrain, entraineur de l'US Avranches MSM dans le Talk, nous abordons le jeu en National 2, et ce match entre le club Normand et les Girondins de Bordeaux.

La première partie de cet interview est à lire ici. Elle porte sur la carrière de Michel Audrain, double Champion de France avec les Girondins. Le podcast de l'entretien complet est disponible en bas de page, ou sur notre page podcast.

WebGirondins LE TALK : Michel, pourquoi avoir embrassé une carrière d'entraineur après celle de joueur ? Et pourquoi Avranches ?

Michel Audrain : C'est une très bonne question. J’ai été directeur de centre de formation pendant 15 ans en entrainant les équipes réserve et U19. J'ai eu André Pierre-Gignac à Lorient. J’avais envie de transmettre ce que j'avais connu en tant que joueur avec des entraineurs de renoms, Jacquet, Le Milinaire.

Il me manquait l'adrénaline de la compétition à la formation qu'on a seulement avec les pros. Je suis passé adjoint, j'ai refusé d'être numéro 1 plusieurs fois. J'étais heureux comme adjoint, j'apportais beaucoup aux joueurs et j'avais la confiance de l'entraineur. Je me suis embourgeoisé pendant une 10 aines d'année avec Genesio, Fournier, Gourcuff, Hinsberger, et Mercadal.

Arrive Avranches, club dans lequel j'arrive au mois de mars en National 1 pour éviter la relégation. Je n'y arrive pas. Je voulais arrêter, car c'est difficile de gérer une descente comme entraineur numéro 1. Puis, on m'a proposé le National 2 et je me suis dit : fonce et donne quelque chose.

Comment alliez-vous relancer la machine cette saison ?

Il faut reconstruire quelque chose. Avranches a passé 10 ans en National . Nous avons eu 16 départs. On a dû découvrir et recruter avec Xavier Gravelaine (directeur sportif) et Nicolas Leroux (président). On a conservé une ossature de 4-5 joueurs pros. C'est très dur à digérer, et aussi de reconstruire avec 16 joueurs nouveaux. On veut faire une saison la plus haute possible, mais c'est très homogène, et tout le monde peut gagner chez n'importe qui.

Surtout la poule B

La poule du Sud est aussi différente avec un jeu très athlétique, avec les derbys et les dérives de l'environnement. La nôtre est une poule qui joue au ballon.

"Quand tu débutes sans Carroll, c'est compliqué pour Bordeaux"

Quel est votre regard sur la période actuelle des Girondins ?

Je voyais des Girondins très performants en janvier. Et depuis 3-4 matchs c'est moins bon. Le fait d'avoir perdu Grillot et Carroll, deux joueurs très importants du système de Bruno Irlès, ne les aide pas. Cela reste un championnat de National 2 où il faut faire le jeu, si on n'a pas des joueurs avec de la qualité technique, cela peut être difficile. De plus, à Bordeaux, il y a un enjeu terrible. Il faut amener un projet et de la compétition. On ne prépare pas un match après 3 défaites consécutives comme un autre. Il va falloir qu'il resserre son jeu, mais aussi qu'il gagne. C'est un tournant de la saison pour eux et aussi pour nous.

Est-ce qu'il y a une prime à l'audace cette saison en National 2 ?

J'ai essayé dans mon recrutement de trouver des joueurs avec un bagage technique. Chez nous, par moment, il nous manque l'aspect athlétique. Il y a beaucoup d'équipes qui essayent de jouer, c'est pour ça qu'il y a beaucoup d'homogénéité dans le championnat. On essaye de jouer, mais à un moment il faut concrétiser ses actions. Et après, il faut une maitrise collective pour gagner les matchs. Donc, il faut essayer de jouer. Bordeaux joue avec une possession de jeu supérieur aux adversaires. Quand tu débutes sans Carroll, c'est compliqué pour Bordeaux. Il faut des attaquants pour gagner des matchs. Ils ont un style de jeu basé sur lui. Il capte une attraction terrible.

"Avranches a un groupe très sain qui manque de caractère"

Repartir en passe courtes depuis le gardien de but n'est-ce pas trop risqué dans votre jeu ?

On essaye d'alterner jeu court et jeu long. Il faut avoir de bons défenseurs de pieds. Ce sont des risques fous que l'on prend. Même les joueurs veulent jouer comme ça. En National 2 très peu d'équipes peuvent se permettre de le faire. On essaye de le faire, mais on ne peut pas prendre trop de risque et se faire contrer, car on doit gagner des matchs. C'est une mode depuis 3 ans, si c'est prendre des risques et se faire contrer c'est embêtant.

Comment expliquez-vous votre irrégularité ?

On a un groupe très sain qui manque de caractère. Lorsqu'on est mené au score, c'est difficile de revenir. On n'a pas de joueurs de quartiers, on manque de leader. C'est difficile à gérer pour un entraineur, mais ce type de joueur te fait avancer dans une saison. On est un peu linéaire. Je n'ai aucun objectif du club. Cette équipe ressemble au recrutement que j'ai imposé avec de la qualité technique, mais elle manque de supplément d’âme. Mon groupe vit très bien et il est sympathique.

"Bordeaux est un club qui m'a tout donné et appris"

Si les Girondins vous appellent, vous venez ?

C'est peut-être un peu tard, mais on ne sait jamais. Bordeaux est un club qui m'a tout donné et appris. C'est un club mythique où il y a tout à faire à Bordeaux. C’est un beau club, même si on s’y perd avec les nombreuses directions qui sont passées. À chaque fois que je viens au Matmut, c'est de l’émotion. C'est un club qui chavire les cœurs.

Quel regard avez-vous sur l'entraîneur Bruno Irlès ?

Il dégage une intelligence, il n'est pas sur des coups. Il réfléchit. Il a son plan de jeu et arrive à avoir des résultats. Sa mission n'est pas facile. Il a pris trop de retard sur le début de saison, donc c'est compliqué pour lui. Il est moins bien en ce moment avec la pression et la volonté du club de monter. Il fait une très bonne saison malgré ces contraintes.

N.P et l'équipe du Talk.

Le podcast de l'entretien :

Réédition article du 14 mars 2025.