le11
·27 Januari 2025
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·27 Januari 2025
Ancien membre de la commission technique du district de la Somme et polémiste de l’émission La Tribune ici Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage après chaque match de l’Amiens SC. Ce lundi, retour sur la déroute subie sur le terrain de Martigues (3-0), la lanterne rouge du championnat, vendredi à l’occasion de la 20e journée de Ligue 2.
Je n’irais pas jusque là, parce qu’ils sont bien capables de faire encore pire ! Avec l’Amiens SC, on peut s’attendre à tout. Maintenant, je ne veux pas tirer à boulets rouges sur cette équipe. On a déjà dit beaucoup de choses depuis vendredi. C’était trop mauvais pour être vrai, pour refléter la réelle valeur de cette équipe. Près de 72 heures plus tard, je reste sans réelle explication footballistique. Malheureusement, on n’est pas à l’abri d’une nouvelle contreperformance de ce genre d’ici la fin de saison.
C’est la première fois que je vois Omar Daf aussi vindicatif envers ses joueurs. Il a vraiment mis le doigt sur ce qui faisait mal. Il aurait effectivement pu changer 7 joueurs à la mi-temps. La première période est d’autant plus incompréhensible que la victoire contre Bastia aurait dû ramener un peu de confiance. Elle avait eu le mérite d’exister, même si elle était assez heureuse. Amiens avait au moins eu le mérite de résister avant d’obtenir ce penalty. Peut-être que le début d’explication est extrasportif. On a beaucoup parlé de l’arrivée de Victor Lobry, dont l’entrée fut rassurante, mais il y a aussi eu l’annonce de la future vente d’Owen Gene. Ce nouveau départ à venir n’a-t-il pas eu un impact sur le groupe ? Je le pense. Sachant que le groupe est déjà fragilisé, qu’il ne cesse de voir partir des joueurs depuis le début de la saison. Force est de reconnaître qu’Amiens n’avait pas la mentalité de guerriers à Martigues.
Je compare cette défaite à l’extérieur à la claque reçue à domicile contre Troyes. Ce sont deux équipes de bas de tableau qui nous ont battus dans tous les domaines. Il est vrai qu’on a atteint un cap supplémentaire en étant résignés dès le coup d’envoi à Martigues. Tout de suite, on a vu qu’Amiens était à côté de son sujet. Dès la troisième minute, Régis Gurtner doit faire un gros arrêt. On a tout de suite vu qu’il était esseulé, que la défense était en perdition. Il n’y a même pas eu de réaction face à la difficulté. On va encore dire que je ne suis qu’un petit entraîneur régional qui veut donner des leçons, mais je n’ai pas compris le positionnement des joueurs d’Amiens. On a rapidement vu des joueurs embarrassés, pour ne pas dire perdus. Ils ne savaient pas où se positionner, Martigues était constamment en surnombre. Il n’y a rien de positif à retenir de ce match.
Ce serait tout à fait normal. Le peu de fois que les joueurs entendent les dirigeants, c’est pour leur dire qu’ils sont mauvais voire très mauvais et qu’il faut encore vendre des joueurs. Le vice-président s’est exprimé après Martigues, mais je n’attends pas qu’il soit uniquement dans le constat. Qu’est-ce qui est fait, concrètement, pour améliorer la situation et l’effectif amiénois ? Est-il en phase avec la ligne présidentielle de vendre en permanence ? Sur ce sujet-là, on ne l’entend pas. Que ce soit les amoureux de l’Amiens SC, les anciens joueurs ou les suiveurs, on a besoin de savoir où va ce club, ce qu’il compte mettre en place pour rétablir la situation.
Les dirigeants ? On n’a pas eu besoin d’eux pour constater que ça n’allait pas à l’Amiens SC. Ce que l’on attend, ce sont des solutions !
Taper sur les joueurs alors qu’on leur a fait comprendre qu’ils ne sont que des pions qui peuvent bouger à tout moment, ce n’est pas constructif. A tout moment, les joueurs peuvent faire leurs valises et partir. C’est une méconnaissance totale du mode de fonctionnement normal d’un club de football. On n’a pas eu besoin d’eux pour constater que ça n’allait pas à l’Amiens SC. Ce que l’on attend, ce sont des solutions ! Même après Martigues, on n’a pas entendu la direction dire qu’il fallait peut-être des joueurs pour améliorer cet effectif…
Si je me fie sur ce que j’ai entendu, je ne pense pas. J’ai le sentiment que les dirigeants n’habitent pas sur la même planète que nous. Tout le monde est inquiet, on a conscience de la nécessité d’argent pour les clubs. Avant tout, il y a un problème sportif, de qualité d’effectif et donc de résultats. Que comptent-ils mettre en place pour éviter que les joueurs arrivent sur le terrain contre Annecy dans le même état d’esprit que face à Martigues ?
Je continue de penser qu’Amiens vient de se maintenir. C’était vraiment très mauvais vendredi, c’est sûr. Maintenant, la saison ne s’arrête pas au match contre Martigues. Amiens est toujours maître de son destin et ce sont aussi aux joueurs de prendre les choses en main. Là où je suis d’accord avec le vice-président, c’est que les joueurs sont sous contrat. Il faut montrer que cette équipe est capable de mieux. Être footballeur professionnel reste aussi un privilège, il ne faut pas l’oublier. On attend une réaction contre Annecy.
Il faut que tout le monde tire dans le même sens au sein du club, y mette du sien. L’ensemble des acteurs qui composent l’Amiens SC seront-ils le faire ?
Il sera vital de prendre au moins un point sur ce match et la victoire est presque impérative. Je pense qu’il y aura quand même une prise de conscience pour ce match. Je compte aussi sur Omar Daf pour avoir les mots justes pour à nouveau remobiliser son groupe. Maintenant, il faut que tout le monde tire dans le même sens au sein du club, y mette du sien. L’ensemble des acteurs qui composent l’Amiens SC seront-ils le faire ? Je n’en sais rien. Je l’espère, je le souhaite de tout coeur. Il y aura un affront à effacer contre Annecy.
Les supporters, qui bravent le froid tous les vendredis, ont le droit d’être mécontents ! Pour ce qui est d’un possible boycott, c’est un sujet qui appartient aux supporters. Ils laissent beaucoup de temps, d’argent et d’énergie à suivre le club. Je peux les comprendre. Je me mets à leur place, ils aiment le club et aimeraient tout simplement ne pas trembler. Je reste réservé sur cette prise de position, je n’ai pas apporté de jugement et je vais laisser chacun se faire son avis.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Anthony Bibard/FEP/Icon Sport