Alfredo Di Stéfano : la vraie histoire de son transfert au Real Madrid, partie 1 | OneFootball

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·25 ottobre 2024

Alfredo Di Stéfano : la vraie histoire de son transfert au Real Madrid, partie 1

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Afin de bien comprendre le transfert d’Alfredo Di Stéfano, il convient de revenir à sa genèse et le remettre dans son contexte.

En novembre 1948, les footballeurs du championnat argentin se déclarent en grève. La raison principale est la discrépance qui existe entre les revenus des clubs argentins et les salaires que ces derniers accordent à leurs joueurs.


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L’exil des joueurs du championnat argentin vers la Colombie

À ce moment, Di Stefano évolue à River Plate et il décide, avec 56 autres joueurs du championnat argentin, de s’exiler en Colombie et signe pour le club de Millonarios FC, présidé à l’époque par Alfonso Senior. Les clubs colombiens n’ayant à s’acquitter d’aucune indemnité de transfert pour ces joueurs, ils leur offrent des contrats juteux.

Millonarios FC évolue dans la ligue colombienne nommée División Mayor, qui nait en 1948 de la volonté de 13 clubs de professionnaliser le football en Colombie. À cette fin, elle est créée en dehors des organismes de football nationaux, continentaux et mondiaux. Comme la División Mayor n’est pas affiliée à ces organismes, des joueurs de nombreux pays rejoignent la ligue et les clubs lésés par cet état de fait se plaignent.

Face à cette situation, l’Association colombienne de football et la FIFA se rencontrent au congrès ordinaire de la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) à Lima en octobre 1951. Lors de cette rencontre, ils parviennent à un accord dénommé « Pacte de Lima ». Cet accord reconnait la propriété des clubs colombiens sur les joueurs s’étant exilés.

Cependant, il stipule également qu’ils resteraient la propriété du club colombien dans lequel ils évoluaient jusqu’en octobre 1954, date à laquelle la propriété du joueur reviendrait à son club d’origine. Sur la base de cet accord, le club colombien était le propriétaire des droits fédératifs d’Alfredo Di Stéfano et, par conséquent, le seul légalement habilité à négocier son transfert vers un autre club, du moins jusqu’en octobre 1954.

Ce litige étant résolu, la División Mayor est affiliée à l’Association colombienne de football et donc, également à la CONMEBOL et la FIFA. Les clubs colombiens pouvaient désormais disputer des matches amicaux en dehors de la Colombie. Cela a permis au Millonarios FC d’effectuer une tournée en Europe en mars 1952 et d’assister aux principaux événements du cinquantième anniversaire du Real Madrid. Un tournoi à trois équipes est organisé entre le Real Madrid, Norrköping et Millonarios.

Alfredo Di Stéfano (2ème depuis la gauche) alors qu’il évoluait en Colombie au Millonarios FC (futbolgate.com)

L’équipe colombienne concède le nul contre les Suédois et l’emporte 4-2 contre le Real Madrid. Alfredo Di Stéfano éblouit par son jeu et inscrit 3 buts durant le tournoi. À cette époque, le joueur argentin appartenait au club colombien jusqu’au 15 octobre 1954, et s’engageait à retourner à River Plate à partir du 1er janvier 1955.

En septembre 1952, Kubala souffre d’une grave maladie pulmonaire. Le pronostique est très pessimiste et les médecins le déclarent « inapte au sport ». Le Barça craint qu’il ne doive mettre un terme à sa carrière de footballeur.

Afin de faire perdurer la suprématie acquise dans le football espagnol, Enrique Marti Carreto, président du Barça, confie à Josep Samitier le soin de trouver la nouvelle perle du football mondial. Le secrétaire technique, après avoir étudié les différentes options, contacte Alfredo Di Stéfano. L’Argentin accepte et fait part au Barça de sa situation contractuelle particulière.

Enrique Martí se rend directement à River Plate et trouve un accord avec le club de Buenos Aires pour environ quatre millions de pesetas. Dans le document qui entérine l’accord entre River Plate et le Barça, le 4ème point stipule ce qui suit :

« L’ensemble du présent accord est soumis à la condition que le joueur Di Stéfano rejoigne effectivement, physiquement, légalement et effectivement le Fútbol Club Barcelona avant le 26 juillet, après avoir résolu les difficultés pouvant découler de son activité en Colombie. Si ces conditions ne sont pas remplies, l’accord sera résilié ».

Cette condition démontre que les deux clubs étaient conscients de la situation complexe de Di Stéfano. Entre-temps, en février, Kubala surmonte miraculeusement sa tuberculose et revient sur le terrain. Le 3 mai, le Barça est proclamé champion de la Liga.

Millonarios dénonce le FC Barcelone à la FIFA

Après avoir conclu un accord verbal avec Alfredo Di Stéfano, Josep Samitier le reçoit avec sa famille à l’aéroport de Barajas à Madrid le 22 mai 1953. Le lendemain, l’Argentin est déjà à Barcelone. La « Saeta Rubia » visite le stade du FC Barcelone et rencontre Kubala en personne. Entre-temps, Millonarios FC, présidé par Alfonso Senior au courant de l’opération, dénonce la manœuvre du Barça auprès de la FIFA. Di Stéfano appartenait aux Millonarios jusqu’à la fin de l’année 1954, ce n’est qu’à partir de janvier 1955 qu’il devait redevenir la propriété de River Plate.

Les droits que le Barça avait achetés, de facto, ne pouvaient entrer en vigueur qu’à partir de date. La FIFA a donc averti la Fédération espagnole de football que Di Stéfano ne pouvait pas jouer pour le FC Barcelone.

Document de l’accord entre River Plate et le FC Barcelone, signé par le président de River Plate. Il prouve le paiement effectué par le Barça au club argentin pour Alfredo Di Stéfano (futbolgate.com)

Enrique Martí Carreto, alors président du club catalan, déclare qu’il profiterait de la tournée du Barça en Amérique, entre le 8 juillet et le 7 août 1953, pour résoudre le « cas Di Stefano » avec le club colombien.

Il y rencontre Alfonso Senior, président de Millonarios FC, avec lequel il ne parvient pas à un accord. Le président du club colombien, auquel Alfredo Di Stéfano a appartenu jusqu’en 1954, lui demande 27 000 dollars. Enrique Martí Carreto ne trouve pas cette somme raisonnable.

Lui et le secrétaire Llensa se réunissent à l’hôtel « El Pinar de Caracas » avec l’avocat Trías Fargas pour communiquer qu’ils rejettent la proposition de Millonarios FC de jouer un match amical à Bogota, en profitant de la tournée de l’équipe catalane, afin de réduire le prix de la signature d’Alfredo Di Stéfano.

Le président du Barça comprend que Millonarios désir une somme d’argent excessive pour le joueur et se dit prêt, si nécessaire, à garder l’attaquant pendant un an et demi sans jouer, jusqu’à ce que la période de propriété de Millonarios expire. Martí Carreto déclare même que :

« Le FC Barcelone est prêt à garder Di Stéfano une saison entière sans jouer. Millonarios doit revoir ses exigences à la baisse. Nous avons payé un million de pesos argentins pour le transfert de Di Stéfano au club argentin de River Plate et si le Club Millonarios n’accepte pas également le transfert, Di Stéfano sera inactif pendant un an et jouera ensuite pour Barcelone. »

Ces déclarations (publiées le 4 août 1953 dans la presse espagnole), après l’échec des négociations avec Millonarios, ne plaisent pas à Alfredo Di Stéfano. Le 7 août 1953, Martí Carreto rentre de Colombie sans avoir résolu le cas Di Stéfano. Si le président du Barça de l’époque avait payé les 27 000 dollars exigés par Millonarios, Di Stéfano aurait été un joueur du FC Barcelone.

Le Real Madrid acquiert les droits d’Alfredo Di Stéfano

Le 09 août, Samitier quitte le Barça. Le président du Barça, Enrique Martí Carreto, n’a pas trouvé d’accord économique pour renouveler celui qui était considéré comme le meilleur secrétaire technique d’Espagne. Celui qui avait réussi la signature « impossible » de Kubala trois ans plus tôt était aussi le seul membre du club à avoir réussi à créer une relation de confiance avec l’attaquant argentin et celui qui avait le plus insisté sur sa signature.

Pendant ce temps, Senior, n’ayant pas trouvé d’accord avec Marti Carreto, discute avec le Real Madrid, avec qui il entretient de bonnes relations. Et sur l’ordre d’Álvaro Bustamante, vice-président du club à l’époque, le Real Madrid décide d’acheter Alfredo Di Stéfano à Millonarios, pour 27.000 dollars, la partie correspondante des droits du joueur. Raimundo Saporta, le trésorier du club, se rend à Bogota pour remettre l’argent au club argentin.

Saporta poursuit son voyage à Buenos Aires et visite le siège de River Plate, où il constate que Barcelone a déjà effectué un paiement de deux millions de pesetas au club argentin. Le Real Madrid ne peut donc pas faire le dernier pas pour s’approprier tous les droits du joueur, bien qu’il obtienne des garanties de non-belligérance de la part de River Plate dans un éventuel futur conflit.

Saporta se rend à Barcelone et a un entretien avec Alfredo Di Stéfano à l’hôtel Regina, où il lui verse ses premières pesetas en tant que membre de l’équipe madrilène.

  1. À lire également : Le Real Madrid n’a jamais été le club du régime franquiste !

Extrait de l’interview d’Alfonso Senior dans Mundo Deportivo en août 1953, dans laquelle il confirme que la FIFA reconnaît qu’Alfredo Di Stéfano appartient aux Millonarios et que seul le club colombien « peut accomplir des actes avec le joueur » jusqu’en octobre 1954 (futbolgate.com)

La FIFA fait son apparition dans le dossier Alfredo Di Stéfano

Barcelone ne pouvait pas traiter la demande de licence d’Alfredo Di Stéfano auprès de la Fédération espagnole de football sans le transfert des droits en sa faveur détenus par le Real Madrid. Quant au club de Chamartín, il ne pouvait pas traiter la demande de licence de Di Stéfano sans l’approbation de River Plate, qui avait vendu ses droits à Barcelone.

À l’approche de la date limite d’enregistrement des joueurs étrangers pour la saison 1953-54, la Fédération espagnole de football s’adresse à la FIFA. Dans sa réponse, l’instance mondiale du football décrète que : « Alfredo Di Stéfano ne peut jouer pour aucun club espagnol jusqu’à ce que sa situation devant la Fédération internationale soit entièrement clarifiée ».

Le Real Madrid et Barcelone devaient parvenir à un accord, avec l’approbation de la FIFA, pour trouver une solution à l’avenir d’Alfredo Di Stéfano. Le conseil d’administration de Barcelone a fait une dernière tentative. Le 26 août, le vice-président Narciso de Carreras rencontra Alfonso Senior. C’est Carreras, et non Martí, qui assiste à cette réunion en raison des mauvaises relations qui persistent entre le président de Barcelone et le président du club colombien.

Le président des Millonarios confirma au vice-président de Barcelone que tout était bouclé avec le Real Madrid. Narciso de Carreras arrivait donc trop tard pour rectifier la mauvaise voie prise par son président.

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