Bruno Genesio (LOSC) : « J’aurais aussi pu me sortir à la mi-temps » | OneFootball

Éminemment déçu par la prestation de ses hommes après le revers face au Havre (1-2), ce samedi, Bruno Genesio a également pris sa part de responsabilités en se ciblant lui et son staff. L’entraîneur du LOSC a été surpris par le visage peu inspiré et assez apathique des Dogues, inhabituel dans tous les aspects.

Bruno, comment cela se fait-il que le LOSC est autant passé à côté de son match ?

« C’est une bonne question. Ce qui est clair, c’est que Le Havre mérite sa victoire. On a été dominés dans tous les domaines, tactiquement, techniquement et au niveau de l’engagement. On n’a pas su inverser la tendance en deuxième mi-temps, même s’il y a eu un léger mieux. Ce n’était pas suffisant. On peut trouver plein d’explications, mais ce qui est clair, c’est qu’on est tous passés au travers de notre match, moi le premier. J’aurais aussi pu me sortir à la mi-temps.

C’est votre dixième match en 2025. La fatigue, notamment mentale, joue-t-elle aussi ?

Ça peut être l’une des raisons. On a joué beaucoup de matches depuis le début de saison et le début de l’année. Jusqu’à maintenant, on pouvait dire qu’on avait une certaine continuité dans les contenus et les résultats. Ce soir, c’est peut-être le match le plus mauvais depuis le début de saison. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu autant de difficultés, notamment à domicile, face à une autre équipe. Il faut aussi féliciter Le Havre et être fair-play car eux ont fait un très bon match. Je pense qu’il y a beaucoup de choses à redire sur ce match.

Vous dîtes que vous vous êtes manqué personnellement. À quoi faîtes-vous allusion ?

Lorsque l’on gagne, tout le monde est responsable de la victoire. Lorsque l’on perd, il faut aussi assumer ses responsabilités. Force est de constater qu’on n’a pas abordé le match avec les intentions qui étaient celles qu’on avait mises en place. Tactiquement, on a été trop dominés pour bien presser cette équipe. On a manqué d’équilibre lorsqu’on attaquait et on a offert beaucoup, beaucoup d’espaces à cette équipe. On a manqué d’agressivité, notamment sur coup de pied arrêtés. On a été en grande difficulté sur chaque corner voire même chaque coup franc, ils se sont créé énormément d’occasions sur ces phases de jeu.

Vous avez effectué un triple changement à la mi-temps. Pour quelles raisons ? Et les entrants vous ont-ils apporté satisfaction ?

Je pense qu’il fallait amener un peu de sang frais. Je l’ai dit, j’aurais pu sortir l’équipe et moi en premier car sur la première mi-temps, il n’y avait pas grand-chose de positif ni avec ballon, ni sans ballon. Il fallait changer quelque chose. On a choisi de faire ces changements, on aurait pu en faire plein d’autres. Ethan (Mbappé) nous a amené sa vitesse et sa percussion, Chuba (Akpom) a marqué et c’est toujours positif pour un attaquant. Ayyoub (Bouaddi) a essayé d’amener sa qualité technique, mais ce n’est jamais évident d’entrer dans une équipe comme on l’était ce soir.

Comment bien gérer deux grosses claques en l’espace d’une semaine ?

Elles sont différentes dans l’analyse. Ce soir, je n’ai pas reconnu mon équipe, ni dans la structure ni dans l’organisation. Que ce soit pour bien défendre, pour amener davantage de situations devant le but, d’équilibre entre la phase défensive et offensive. Dans l’engagement, aussi. Autant mardi, on n’en avait pas manqué. Autant ce soir, on a failli. Le baromètre de ce domaine, c’est souvent les coups de pied arrêtés. Quand on voit notre difficulté sur cette phase – ce qui n’est pas notre habitude -, cela démontre qu’on n’était pas dans un très grand soir.

La première défaite contre Dunkerque a-t-elle plombé mentalement votre équipe ?

Tout est envisageable. On peut penser que la déception et la frustration ont laissé des traces. On peut penser que l’enchaînement des matches laisse aussi des traces. C’est aussi l’histoire d’une saison. Chaque équipe a des trous d’air et une baisse de régime dans une saison, je pense que c’est normal. Le plus important, c’est d’en sortir et de relever la tête. Cela ne se fait que si on reste en rangs serrés et qu’on peut échanger avec les joueurs. C’est aussi important d’avoir leur ressenti et de nous remettre en question, le staff. Ce serait beaucoup trop simple de chercher des excuses ailleurs.

Il y a eu de l’agacement et un peu de colère. Cela traduit-il une fatigue mentale ?

On peut penser que la déception, la frustration et la fatigue peuvent déboucher sur de l’agacement. J’ai aussi vu beaucoup de déchet technique dans le jeu, ce qui n’est pas habituel et peut traduire une fatigue. Les adversaires jouent aussi parfois leur jeu de la bonne manière. C’est le cas du Havre qui a très, très bien joué et qui nous a énormément gêné défensivement et dans leurs transitions avec des joueurs très rapides. Le passage en 4-4-2 avec Chuba Akpom ? C’était pour mieux bloquer les couloirs, mais aussi pour amener un peu plus de monde dans l’axe. L’axe était énormément fermé, donc il fallait passer par les côtés et mettre des centres. J’imaginais que Chuba avec son gabarit et son jeu aérien pouvait nous être utile. »

Propos recueillis par Enzo PAILOT

Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport