Le Journal du Real
·23 maggio 2025
Du pire transfert de l’année au statut de légende : comment Modrić a conquis le Real Madrid

Le Journal du Real
·23 maggio 2025
À l’aube d’un nouveau chapitre sous l’égide de Xabi Alonso, le Real Madrid semblait hier avoir définitivement tourné la page d’un désormais passé doré. Le départ de Benzema marquait le début de l’épilogue. La retraite de Kroos annonçait la dernière page. Et la sortie de Modric apparait ainsi comme les derniers mots de cette formidable génération.
Le métronome croate aura su marquer l’histoire du plus grand club de tous les temps. Alors que le monde du football se voyait dominé par deux extraterrestres, Luka Modric a mis un terme à cette dictature du Ballon d’or. L’éternelle sous-cotée semble enfin recevoir une gratitude à la hauteur de son talent. Oui, la pire recrue de la Liga selon Marca en 2013 sortira samedi par la grande porte du football espagnol, du football mondial.
Bien qu’à posteriori idyllique, l’incipit de cette romance entre Luka Modrić et le Real Madrid a commencé du mauvais pied. Arrivé à l’été 2012 en provenance de Tottenham après un formidable euro, tout semble réuni pour que le Croate marche sur l’Espagne dans les années à venir. Au sein du Real Madrid de Mourinho champion en titre avec un record de 100 points, aucun joueur d’envergure n’est alors vendu. Mais au milieu de ces Xabi Alonso, Michael Essien, Sami Khedira ou encore Mesut Özil, Modrić peine à creuser son trou.
Pourtant, tout commence comme prévu. Arrivé entre les deux matchs de la Supercoupe d’Espagne contre Barcelone, il rentre en fin de partie pour profiter pleinement de ce triomphe. Mais quelque chose cloche rapidement. Dans ce 4-2-3-1, Mourinho ne le fait évoluer qu’à son poste de prédilection dans le double pivot. Non, lui le positionne en numéro 10. Un changement sur le terrain cumulé à un nouveau départ pour le natif des Balkans qui se retranscrit promptement.
Alors que le Real Madrid peine en cette première moitié de saison, Modric ne parvient à saisir les maigres miettes qui lui sont données. En même temps, quand un certain Mesut Özil enregistre un petit 28 passes décisives et 7 buts, difficile de le dépasser dans la hiérarchie. En marge dorénavant d’une équipe située à 18 points de la tête du championnat, les critiques s’abattent sur le Croate.
La sentence tombe : à Noël, le média local Marca l’élit « pire signature de la saison ». Un titre qui aurait enterré bon nombre de joueurs, certes, mais pas une légende. La capitale prend du temps à comprendre que Modric n’est pas un numéro 10. Heureusement pour les Blancos, le jeune Croate illustre tout son talent un soir de huitième de finale retour de Champions League.
Provisoirement éliminé, Luka rentre à l’heure de jeu enfin dans le double pivot. Ni une ni deux, il marque un bombazo avant d’illuminer le terrain de toute sa palette technique. Les madridistas ne le savent encore, mais le déclic vient d’avoir lieu. Depuis cette qualification, le Modric ne quittera jamais le onze titulaire.
Le départ de Mourinho à l’issue de la saison, marque de même la fin du 4-2-3-1 et le début du 4-3-3. D’Ancelotti à… Ancelotti en passant par Zidane, le nouveau trequartista (meneur de jeu reculé) de la capitale Luka Modric va tout bonnement exploser aux yeux du monde. La raison ? C’est simple : il sait absolument tout faire, et ce, en raison d’une intelligence de jeu rare.
Balle au pied, tout peut se passer. La seule chose dont les Merengues sont sûrs avec lui, c’est qu’il ne perdra jamais le ballon. Un peu plus reculé, il se métamorphose en horloger. Capable de contrôler le temps, il change de direction ainsi que de rythme selon ce que le jeu lui demande. Sa technique conjuguée à une agilité digne des plus grands gymnastes lui permet de conserver le ballon dans des situations de haute pression.
Puis, après avoir mis en exergue son volume de jeu pour remonter le ballon, sa créativité prend le relais. Tel un scanner, il lit le schéma défensif adverse avec précision avant de lâcher une passe sortie de nulle part. Qu’elle soit verticale ou bien horizontale, peu importe, ses coéquipiers savent qu’il s’agit de la bonne décision. Quand le commun des mortels aurait réalisé une transmission négative, lui lâche un extérieur du pied sorti de nulle part.
Attention, sa lecture de jeu parle aussi pour lui sans ballon. On le souligne rarement, mais Modric est une horrible première lame défensive pour ses adversaires. Toujours bien positionner, il couvre avec facilité le moindre espace délaissé par ses coéquipiers. Sa vision prend ensuite les devants par l’intermédiaire d’une capacité clinique à anticiper les mouvements rivaux.
Et bien sûr, au-delà de tous ces aspects, Modrić possède un boulet de canon à la place du pied. Extérieur du pied ou non, puissance ou finesse, la sentence est la même : ballon au fond des filets. Enfin, là aussi, le Croate détient un leadership naturel que trop souvent sous-estimé.
Maintenant, que retenir de Modrić ? Ses 13 saisons de régularité à toute épreuve ? Ses 28 trophées sous la tunique Blancos ? Ses 5 Ligue des champions dont trois d’affilée ? Son Ballon d’Or ? Son trio iconique avec Kroos et Casemiro ? Son sublime extérieur du pied ?
Le choix immense, ou plutôt à la hauteur de sa plume dans le livre d’or du Real Madrid. Ce gamin des Balkans, ce mal-aimé à son arrivée, a traversé les années sans jamais prendre un coup de vieux. De Xabi Alonso à Mbappé en passant par Ronaldo, la Casa Blanca détenait une source commune à tous ses triomphes. Et elle se nomme : Luka Modric. Oui, il y aura un avant et un après 22 mai 2025.