Le Journal du Real
·22 de janeiro de 2025
Le Journal du Real
·22 de janeiro de 2025
Si le Real Madrid a remporté un titre de champion d’Europe en juin dernier, le club espagnol a surtout été dépouillé de sa légende allemande. « C’est quand on perd les choses que l’on se rend compte à quel point on y tient.» Un adage comme illustration de la situation que traverse la Casa Blanca.
Un certain spleen, d’abord concernant le cœur du jeu et l’attaque, rendant la plupart des Madridistas nostalgiques. Une mélancolie prenant sa source non pas tant dans les résultats, mais dans le contenu proposé par les Merengues. Un regret, enfin, résultant d’un mercato qui n’a pas répondu aux problématiques posées par le départ de Toni Kroos.
Mais où est-il passé ? Ce joueur nommé « plaque tournante », véritable pilier de la phase de relance, capable d’orienter le jeu selon ses préférences, tout en domptant les vagues adverses. La réponse est en réalité assez simple : il a tout simplement disparu du personnel madrilène. Alignés au poste de numéro six, Eduardo Camavinga, Aurélien Tchouaméni ou encore Dani Ceballos se révèlent somme toute moyens. Certes, défensivement ces derniers répondent présents, mais malgré leur volonté de bien faire, ils ne possèdent pas ce caractère de relanceur si unique, capable de prendre des décisions risquées mais souvent profitables à l’équipe.
Jeu court, long, vertical, horizontal, en une touche, deux, trois… En résumé, une palette technique au service d’une intelligence de jeu qui offre la possibilité de s’adapter constamment à son adversaire. C’était tout cela, Toni Kroos. Aujourd’hui, et depuis plus de six mois, il n’est plus là. Et la rampe de lancement merengue se trouve grippée.
Ce profil si atypique, en mesure de gérer le tempo d’une rencontre comme il règle sa montre le matin, se révèle indispensable au cours de ces phases de relance qui, mal exécutées, entravent toute chance de but. Et aujourd’hui, le problème ne se trouve pas dans le manque de talents au sein de cet effectif madrilène. Non, ce qui pêche à Madrid, c’est qu’aucun des joueurs précités n’arrive à réunir toutes les qualités d’un quarterback en même temps.
Avec le temps, peut-être que Tchouaméni réussira à améliorer sa lecture de jeu. Ou Camavinga parviendra à gommer ses errances. Ou Ceballos deviendra plus constant. Des « si » loin d’être utopiques, mais des « si » aujourd’hui non véridiques. En attendant, le Real est à la peine balle au pied au sein de sa moitié de terrain.
Un horloger ne s’arrête qu’après avoir mis bout à bout chaque rouage de son mécanisme offensif. Distribuer la bonne passe au bon moment, un geste très complexe et si indispensable dans la création d’occasions dont les Merengues sont souvent en manque cette saison.
Car si la Maison Blanche se retrouve à l’aise en transition rapide, on ne peut en dire autant des attaques placées. L’une des principales raisons ? Leur jeu horizontal, saupoudré de longues diagonales en profondeur, admet une rampe de lancement mélangeant créativité à précision technique. Camavinga possède cette créativité, quand Tchouaméni est capable d’allonger le jeu. Mais, hormis un Modric dont l’âge commence à se faire ressentir, aucun Madrilène ne peut jouir de ces deux traits en même temps.
Ce quarterback qui organise les offensives depuis son poste reculé, grâce à son calme olympien et sa science du timing, parvient en général à résister à la pression adverse. En 2025, ce profil n’existe pas au Real Madrid. Se rendre continuellement disponible, couvrir les espaces, courir partout ne suffit pas pour revêtir la cape de métronome. Pourtant, un élément comme celui-ci se révèle presque indispensable dans la course à l’Europe. Des détails en apparence anodins, à l’instar de joueurs ne parvenant pas à jouer en une touche de balle, illustrent ce manque cruel de facilitateur.
La Casa Blanca ne doit pas à tout prix trouver le « futur Kroos ». Un numéro huit allemand sextuple champion d’Europe, il n’y en aura sans doute qu’un seul dans l’histoire du football. Mais des joueurs capables à la fois de fluidifier, aérer et dessiner les actions, ça, Valdebebas connaît la recette. Et serait bien inspiré de la livrer sur un plateau avant les matchs décisifs du printemps.