Entretien - Arnold Temanfo : "J’étais obligé de mentir à ma famille, leur assurant que tout allait bien" | OneFootball

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·22 May 2025

Entretien - Arnold Temanfo : "J’étais obligé de mentir à ma famille, leur assurant que tout allait bien"

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Une carrière déjà bien remplie… et qui risque de perdurer. À l’aube de ses 32 ans, Arnold Temanfo est de retour en France. Moins d'un an seulement après son choix de quitter Dijon, le défenseur central a connu deux clubs en Irak, où il a notamment disputé la Ligue des Champions asiatique, avant de connaître des problèmes de salaire et donc de quitter le Proche-Orient. Désormais, l’ancien de Sète, Annecy ou encore du Paris FC entend se tourner vers un projet ambitieux sur le sol hexagonal. Entretien avec le Franco-Camerounais qui en a encore à donner.

Arnold, comment te sens-tu physiquement ?


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Franchement, je me sens bien. Très bien même ! Malgré ma situation contractuelle, j’ai continué à faire de la course et de la salle avec un préparateur physique sur La Rochelle. J’ai retrouvé ma famille, à côté de qui j’ai pu me concentrer sur ma préparation physique. Tout va bien !

Comment s’est passée ton expérience en Irak, ta première hors d’Europe ?

Des débuts magnifiques ! Franchement, c’était exceptionnel au début. On jouait la Ligue des Champions. On est parti jouer en Arabie saoudite, où on a gagné à Al Taawon (1-2, le 2 octobre 2024). Tu affrontes de gros joueurs, qui ont de très gros salaires. Le tout dans un beau stade, dans des conditions exceptionnelles. On a joué au Bahreïn, au Turkménistan… dans des pays que je ne connaissais même pas avant le début de saison. C’était incroyable. Une expérience de fou. Une fois qu’on ne disputait plus la Ligue des Champions, c’était autre chose toutefois…

Pourquoi n’avoir fait que six mois à Al-Quwa ?

Les conditions ont drastiquement diminué. On était dans un hôtel moins bien. Les conditions de vie se sont empirées, mais je m'y attendais. On avait aussi la pression du public, notre entraîneur a été viré. C’était dur, mais cela n'enlève en rien les bons moments passés là-bas.

Tu pars ensuite à Al-Hedod, où tu résilies quelques semaines après avoir quitté Al-Quwa ?

Lors de mon arrivée en hiver, j’étais payé comme prévu. Ensuite, pendant deux mois, on a eu des problèmes de salaire. On n’était pas payés, en plus d’avoir été laissés dans un hôtel alors qu’on devait être placés dans des appartements... Un hôtel qui ne nous permettait pas d'être dans les meilleures conditions. Un coéquipier, qui vivait ça également pour la première fois, a aussi fait ses valises en raison de la situation dans laquelle on était. C’était trop dur.

De quoi te pousser à n’être ouvert qu’au marché français désormais ?

Non, pas forcément. C’est toi et ta chance. Comme dans tout. J’avais d’autres amis, dans d’autres clubs du pays, qui vivent une saison exceptionnelle. C’est-à-dire une bonne condition de vie, sans aucun problème de salaire… Tout dépend des clubs, de la pression que ce dernier reçoit de la part de ses supporters… Mais je ne regrette pas d’avoir été en Irak, loin de-là.

"Je ne pouvais pas refuser"

Arnold ARNOLD TEMANFO - Icon Sport

Pourquoi avoir pris la décision de quitter Dijon l’été dernier pour l’Irak ?

Cette saison a changé ma vie. J’ai pu aider ma famille. Mais c’est vrai que l’étranger n’est pas facile. Il faut se préparer mentalement. Le projet avait également changé à Dijon, raison pour laquelle j’ai quitté le club. J’étais venu avec l’ancienne direction. J’étais proche d’elle. La nouvelle direction est très bien, je ne dis pas le contraire, mais j’avais mes marques avec l’ancienne. Je sentais que le projet était désormais plus axé vers la jeunesse. Et l’offre reçue d’Irak ne pouvait pas être refusée. Même s’il y a eu quelques petites histoires, je ne pouvais pas refuser. J’ai 32 ans, je n’aurais jamais un contrat comme ça en France.

Comment as-tu trouvé le football irakien ?

Ça dépend. Il y avait 5-6 bonnes équipes, qui étaient semblables à du haut de tableau de National, peut-être Ligue 2. Le reste était du niveau du championnat National, mais bas de tableau. C’était un championnat assez physique. Ce n’était pas très technique, mais très très physique. Mais les conditions pour s’entraîner ne sont pas les mêmes qu’en Europe. C’était du béton. On s’entraînait en chaussures stabilisées. Les terrains d’entraînement étaient catastrophiques. Par contre, les stades étaient bons. Rien à voir.

Qu’est-ce qui te manquait ici ?

Ma famille. Quand tu es loin de ta famille, c’est trop dur. Je ne pouvais pas les faire venir, car les conditions ne les permettaient pas. Dans la vie de tous les jours, c’était compliqué. Ils n’allaient pas kiffer ici. Je ne voulais pas les inquiéter, leur faire peur. Qu’ils me voient dans ces conditions. Des fois, j’étais obligé de mentir un peu, en disant que ça allait alors que c’était le contraire (rires). C’était chaud ! La famille, c’est ça le plus dur.

Tu te retrouves désormais libre de tout contrat, avec l’ambition de rapidement rebondir ?

Je me suis inscrit à l’UNFP FC. Je veux montrer aux clubs que je suis toujours bien physiquement, que je n’ai pas perdu mon football. Je suis encore capable de rendre de nombreux services. Il faut trouver un projet sur le long terme, maintenant. Je cherche le bonheur aux côtés de ma famille. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours privilégié les projets dans l’immédiat, avec comme ambition de gravir les échelons. Maintenant, je vais prioriser un projet familial. Il faut que je trouve de la stabilité.

À bientôt 32 ans, souhaiterais-tu revenir en France ou alors aller chercher un potentiel dernier gros contrat ?

La vie réserve de nombreuses surprises. Je ne sais pas. Tu peux avoir une équipe de deuxième division dans le Golfe qui t’appelles et t’offres un gros contrat, avec tous les avantages qui vont avec. Pour le moment, je veux quand même rester en France. C’est ma priorité. J’ai eu quelques appels de la part d’agents et de dirigeants afin de connaître ma disponibilité. Je connais déjà le championnat de National et de Ligue 2 donc je pense que cela va s’accélérer dans les prochaines semaines. Mais je suis de retour et bien prêt !

As-tu commencé à penser à ton après carrière ?

Oui, forcément, j’ai commencé à la préparer. Ne serait-ce qu’hors football déjà, que j’ai pu mieux préparer grâce à mes deux contrats en Irak. C’est pour ça que désormais, j’aimerais trouver un vrai beau projet. À la fin, si je peux enchaîner en tant que coach, éducateur ou encore directeur sportif… Je ne sais pas. Mais je veux rester dans le monde du football.

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