Michele Kang : "L'OL féminin doit s'émanciper des garçons" | OneFootball

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Olympique-et-Lyonnais

·19 May 2025

Michele Kang : "L'OL féminin doit s'émanciper des garçons"

Article image:Michele Kang : "L'OL féminin doit s'émanciper des garçons"

Ce lundi, l'OL féminin entre dans une nouvelle ère. Entre un nouveau logo et un nouveau nom, l'OL Lyonnes veut créer une rupture avec les garçons, tout en continuant à surfer sur l'histoire du club lyonnais. Michele Kang en a fait l'annonce à Olympique-et-Lyonnais ce lundi matin, en marge de sa conférence de presse.

Olympique-et-Lyonnais : ce lundi marque un grand jour pour l'OL féminin qui devient "OL Lyonnes". Pourquoi un tel changement que ce soit dans le nom ou le logo ?

Michele Kang : Depuis que je suis arrivée ici, il y a environ un an et demi, l'objectif était de professionnaliser et d'améliorer l'équipe féminine. L'Olympique lyonnais Féminin est la meilleure équipe dans l'histoire du football féminin. Les joueuses méritent leur propre identité. Elles ne sont pas secondaires à l'équipe des hommes, ou la petite sœur de quelqu'un. Nos joueuses jouent sur un terrain du centre d'entraînement. Elles sont les meilleures équipes des femmes du monde donc ce n'est pas possible. Quand je suis arrivée ici, l'équipe avait seulement 11 employés dédiés. Combien d'employés de l'équipe des hommes ?


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Deux ou trois fois plus. Beaucoup de postes devaient être partagées entre les deux équipes mais ils se sont concentrés sur l'équipe masculine. C'était vraiment important qu'on ait une équipe dédiée et des ressources. En tant qu'équipe féminine, pour toutes les jeunes filles qui ont grandi dans le monde, pas seulement en France, mais dans le monde, l'OL féminin est la meilleure. Elles méritent leur propre identité. Elles sont séparées et indépendantes de tout le reste. Elles ont leurs propres ressources, leurs propres capacités, etc.

Il était donc obligatoire de changer ces éléments ?

C'était très important que nous fassions ça. Mais nous voulons également faire ça dans le contexte de l'Olympique lyonnais. C'est l'équipe des femmes dont l'équipe est née à l'intérieur d'une structure. Nous serons toujours l'Olympique lyonnais, ça n'a pas d'importance. C'est comme les enfants qui grandissent et quittent leur maison pour devenir leur propre personne. Nous voulons s'assurer que l'héritage de l'OL fera toujours partie de l'équipe féminine. Le troisième élément, c'est que nous faisons partie de Lyon. C'est la communauté dans laquelle nous vivons, dont nous faisons partie. La communauté de Lyon, la ville de Lyon. Il y avait la volonté de créer notre propre identité en tant qu'équipe féminine, mais aussi de réfléchir au fait que nous venons de l'Olympique lyonnais et que nous vivons et jouons dans la ville de Lyon.

"On voulait avoir notre identité propre"

Comment cela se traduit-il dans le logo ?

Dans le logo du club, il y a un lion, c'est une version masculine. Nous sommes une équipe féminine. Pourquoi mettons-nous un lion masculin ? Nous devions donc le changer par des lionnes. Comme vous pouvez le voir, en termes de couleur, le rouge, le bleu, le blanc, et en fait même le jaune, c'est tout l'Olympique Lyonnais, la couleur générale. Nous restons avec ce thème de couleur, mais nous avons changé le lion à lionne parce que nous sommes des femmes, pas des hommes. Et encore une fois, parce que nous faisons partie de l'O.L., nous allons garder l'OL. En ce qui concerne le "Lyonnes", cela renvoie à l'animal mais le Y sert à rappeler que nous venons de Lyon. Nous avons voulu moderniser le logo et qu'il ressemble à ce qu'est la section féminine.

Vous avez conscience qu'il risque de falloir du temps pour se faire à ces changements ?

Le logo du club a changé de logo combien de fois dans son histoire ? Beaucoup de fois. Il y a toujours quelqu'un qui va prendre du temps pour ça, mais changer de logo, nous ne sommes pas les seuls à le faire, mais c'était très important pour nous de donner une identité propre. C'est un choix de se séparer des hommes, tout en restant à l'intérieur de la famille.

"On est toujours en réflexion pour un stade de taille moyenne"

Un autre changement va intervenir la saison prochaine. L'équipe féminine va jouer tous ses matchs au Parc OL... Est-ce un changement temporaire ?

Nous allons jouer tous nos matchs ici et surtout arrêter de jouer au centre d'entraînement comme c'était le cas dans les dernières années. Mais il y a toujours la possibilité que nous puissions construire un stade de taille moyenne. Nous continuons la conversation. Il y aura différents types de matchs, pas seulement des matchs de Ligue des champions ou pour le titre de championne de France. Il y a un besoin d'avoir un stade médium, cela reste sur la table, mais nous allons jouer tous nos matchs au Parc OL cette saison.

Etes-vous déçue de ne pas avoir trouvé un stade pour l'année prochaine ?

J'aimerais qu'il y en ait un, mais il n'y en a pas. Ca n'existe pas actuellement à Lyon. La seule façon de le faire, c'est de construire un nouveau stade. Combien de temps a-t-il fallu pour construire le Parc OL ? Dix ans ? Nous ne pouvons pas attendre 10 ans pour avoir ça. Nous avons le meilleur stade, ici à Lyon. Pourquoi ne pas y jouer ? Mais nous allons continuer d'explorer la solution d'un stade de taille moyenne.

Quand nous nous sommes rencontrés l'année dernière, vous avez pourtant dit que le Parc OL n'était pas une solution viable...

C'était probablement parce que c'était trop grand. La première année, nous ne pouvions pas jouer au Grand Stade, soyons honnêtes. Nous espérions que quelques matchs, en particulier la Ligue des Champions. Maintenant que nous allons investir dans l'engagement des fans au Parc OL, nous espérons remplir le stade pour plusieurs matchs, même si certains attireront moins. C'est une proposition très coûteuse financièrement. Une fois que vous ouvrez la porte du stade, ça coûte un certain nombre d'argent, qu'un fan ou 57 000 fans soient présents. C'est très cher.

La raison pour laquelle nous le faisons, malgré le fait que cale coûte très cher, c'est parce que vous ne pouvez pas développer une base de fans en changeant régulièrement entre le centre d'entraînement et le Parc OL. Vous ne pouvez pas construire une base de fans et une expérience de fans de cette manière.Pour que nous puissions construire cette expérience, nous devions le faire ici parce qu'il n'y avait pas d'autre option pour aller dans un stade plus petit.

"Les matchs de l'OL doivent être une vraie sortie pour les supporters"

Il y a eu une discussion avec le Lou Rugby pour Gerland et pour le stade Lyon-La-Duchère. Ces discussions vous ont fait réaliser les difficultés qu'il peut exister en France pour faire changer et bouger les choses ?

L'une des plus grandes difficultés, c'était la terre en synthétique. Les équipes rugby voulaient garder le terrain synthétique pour diverses raisons. Nos joueuses ne peuvent pas jouer sur une telle surface. L'une des questions fondamentales était comment trouver un terrain d'entente. Passons-nous à une pelouse naturelle ou gardons-nous l'artificielle ? C'était une conversation très difficile. En fin de compte, nous avons conclu que nous voulions faire partie de cette famille OL. Nous investissons dans l'équipe olympique Lyonnais. Les hommes et les femmes, c'est l'héritage de la ville. Nous pensions que, même si financièrement, c'est beaucoup plus difficile, pour le moment, c'est beaucoup mieux de rester dans la famille que d'aller dehors. Finalement, nous avons l'ambition d'acheter.

Vous dites que ça coûte de l'argent de jouer dans le Grand Stade. Comment cela va s'organiser avec John Textor ? Un loyer ?

Nous payons le loyer, comme tout le monde qui joue ou qui paye le loyer. Nous payons le loyer. Nous payons depuis le premier jour, pour le terrain du centre d'entraînement et tous les coûts associés.

"Je crois encore au fait qu'on puisse ramener des gens au stade"

On sait que vous souhaitez créer une vraie communauté autour des Fenottes. Qu'est-ce qui va être fait de nouveau la saison prochaine ?

Nous avons fait une enquête sur les fans pour savoir qui sont-ils et qui seraient nos fans à l'avenir. Qu'est-ce qu'il y a dans leur caractéristique? Par exemple, des familles jeunes avec des enfants, des jeunes actifs. Nous recherchons pour eux expérience totale, pas seulement 90 minutes de jeu, mais avant le match, pendant, et après le match.

Par exemple, après notre demie contre Arsenal, nous avons eu un DJ après le match. 3 à 4000 personnes sont restées et ont apprécié les concerts. Nous essayons de construire des expériences uniques pour les fans différents. Pour les enfants jeunes, ils se peinent les visages et ils prennent des photos. Nous développons des expériences uniques pour différents segments. L'autre chose, ce que j'ai trouvé partout, pas seulement en France, quelqu'un qui est très sceptique. Le genre qui dit : "je n'aime pas le soccer, je n'aime pas le football, je suis un fan de rugby, je suis un fan de basketball, je ne pense pas que le football des femmes soit pour moi".

Avez-vous un message à faire passer à ces réfractaires ?

Je leur demande qu'ils viennent juste une fois au stade. Ne regardez pas sur la télé, ne regardez pas sur l'ordinateur, venez juste au stade. Si vous n'êtes pas convaincu, je vous laisserai tranquille. Je ne vous harcèlerai plus. Je pense qu'il faut qu'il y ait plus de personnes qui communiquent sur le match des filles. Ce n'est pas le même jeu, nous sommes un produit différent des hommes. Nous devons communiquer mieux sur qui nous sommes, pourquoi ils devraient venir. Quelles expériences peuvent-ils attendre quand ils viennent ? C'est une expérience de soirée ou d'après-midi. Ce n'est pas 90 minutes comme un coach de football qui veut juste regarder la partie technique. C'est une sortie qui doit durer une soirée, un après-midi. Nous essayons de construire ces segments différents.

"Le nombre de billets payants augmentent"

C'est ce qu'on peut voir aux Etats-Unis avec des barbecus etc avant les matchs ?

Oui, exactement. C'est une expérience qui s'inscrit sur la durée. J'utilise souvent Washington Spirit comme exemple. Quand j'ai commencé, il y avait environ 2000-3000 personnes qui venaient au match. Deux saisons plus tard, nous vendons constamment 15 000-16 000 tickets pour chaque match. Cela prend du temps, mais vous devez construire ces expériences uniques.

Vous pensez toujours qu'en France, il est possible d'amener d'autres personnes au stade ?

Absolument, je pense que nous pouvons. Nous avons eu 40 000 personnes l'année dernière. Les gens pensent que Michele vient et qu'elle est naïve. Nous avons eu 40 000, nous avons 30 000. Nous pouvons y arriver. Même en termes de billets payants, ce nombre est en train de grandir.

Il y a un autre projet. Celui de ramener toutes les équipes féminines à Meyzieu. Cela prendra effet dès cet été ou il faudra patienter ?

J'aimerais pouvoir faire ça (ndlr : elle claque des doigts). Nous voulons avoir une facilité dédiée. Je ne sais pas si vous êtes allé au centre d'entraînement. Oui ? Vous avez vu que la partie des filles n'a rien à voir avec celle des garçons. Nous avons besoin d'un espace dédié. C'est ce qu'il y a à Meyzieu même si c'est à trois kilomètres. J'aimerais qu'il y ait un terrain sur le centre actuel et nous l'aurions bâti. Mais il n'y a pas de place pour construire un nouveau centre d'entraînement. C'est une chose unique de Lyon.

C'est spécifiquement conçu pour les femmes. On ne peut pas simplement copier le centre d'entraînement des hommes et le mettre en place...On a interviewé tous les joueurs et les équipes de différents continents et on a capturé tous ces éléments. Tout est pensé pour les femmes. Washington et London City auront quelque chose de similaire.

"Les joueuses sont enthousiastes sur le nouveau projet du centre"

Vous êtes très investie dans le développement et l'amélioration des conditions de jeu pour les femmes. Est-ce qu'il y aura, dans le centre, un endroit spécialisé pour ce genre de recherche ?

Bien sûr. Nous faisons de l'étude, nous avons un endroit spécifique. Nous faisons cela avec l'UEFA, car elle a une initiative très similaire. Pourquoi le faire séparément ? Faisons-le ensemble. C'est pourquoi mon équipe est allée là-bas, et ils le font ensemble. Nous traitons absolument nos joueurs féminins en tant que femmes. Nous leur donnons des chaussures adaptées à leur jeu et pas des chaussures pour les hommes. Le plus important, c'est la performance, le côté santé, le corps, la physiologie, la biologie. Nous prenons en considération la biologie et la physiologie des femmes. Et pas seulement la copie de ce que les hommes font.

En avez-vous parlé avec les joueuses de l'OL et sont-elles sensibles à ces questions ?

Oui, nous avons partagé. Quand était-ce ? Samedi. Nous les avons tenues tout le temps au courant sur le nom et de logo. Ce n'était pas seulement une fois. Nous avons partagé tout ce que nous avons développé. Au cours de l'année, nous leur avons donné un petit update sur tout. Mais elles n'avaient pas vu le centre d'entraînement jusqu'à samedi. Elles étaient fatiguées de leur soirée (sourire). Mais il y a eu beaucoup de "Wooh" quand elles ont vu le clip.

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